La PS5, la Xbox Series X et la Xbox Series S ont désormais un an. Dans un monde idéal où elles seraient toutes les deux disponibles facilement, et s’il fallait n’en choisir qu’une, on ferait face… à une sacrée impasse.

ll y a pile poil un an sortait la PlayStation 5 que nous avons eu plaisir à tester. Quelques jours auparavant, Microsoft avait grillé la politesse à Sony en lançant la Xbox Series X (et la Xbox Series S). Douze mois se sont donc écoulés depuis le passage à cette nouvelle génération bardée de promesses. Et s’il fallait n’en choisir qu’une, je dois bien avouer que je botterais en touche.

Ma console idéale aurait le look de la Xbox Series S avec la puissance de la Xbox Series X et la manette DualSense de la PS5 (le vrai point fort de la console japonaise). Côté jeux, le bilan est mitigé : d’un côté, il y a quelques exclusivités qui sortent du lot, de l’autre un Xbox Game Pass d’une générosité débordante.

S’il est difficile de choisir, c’est aussi parce que la Xbox Series X et la PlayStation 5 sont chacune sorties avec leurs quelques tares. La première, annoncée comme la plus puissante du marché, a attendu quasiment un an pour vraiment le montrer (avec Forza Horizon 5), tandis qu’il a fallu patienter plusieurs mois pour pouvoir étendre la capacité de stockage de la deuxième — limitée à un peu plus de 650 Go. Une anomalie, quand on prend connaissance du poids de certains jeux. En somme, tout n’est pas encore tout beau, tout rose quand on franchit le cap.

Une PS5 // Source : Louise Audry pour Numerama
Source : Louise Audry pour Numerama

À quoi ça sert, d’acheter une PS5 ou une Xbox Series X aujourd’hui ?

Vous hésitez entre acquérir une PS5 ou une Xbox Series X ? Bon courage pour en trouver une dans les magasins. Cette situation ne devrait néanmoins pas vous frustrer outre mesure, pour une raison simple : aujourd’hui, il n’y a aucune exclusivité de taille qui pousserait à se sentir lésé.

Demon’s Souls ? Un remake, doublé d’un jeu de niche. Ratchet & Clank: Rift Apart ? Aussi magnifique visuellement que terriblement classique. Returnal ? Les gens le trouvent trop dur. Forza Horizon 5 ? Il est disponible sur la génération précédente. Et le court terme sera du même acabit : Halo Infinite est cross-generation, tout comme le seront Horizon Forbidden West et God of War Ragnarök.

En continuant de s’adresser aux propriétaires d’une PS4 et/ou Xbox One (ils sont des millions), Sony et Microsoft pénalisent celles et ceux qui ont déjà craqué pour une PS5 et/ou une Xbox Series X. En effet, quand un studio développe un jeu sur des consoles aux performances différentes, l’optimisation et l’épanouissement de certains concepts sont mis en retrait. Ratchet & Clank: Rift Apart n’aurait pas pu enchaîner les changements de décors à la volée sur PS4, privée d’une architecture SSD ultra rapide. Returnal ne pourrait pas proposer ce gameplay de tir multicouche sans la DualSense. Ces deux exemples symbolisent ce que doit être une véritable expérience nouvelle génération. Et, pour le moment, la PS5 comme la Xbox Series X en manquent cruellement.

C’est à se demander si la pénurie n’a pas forcé Sony à revoir sa stratégie. Avant le lancement de la PS5, la multinationale promettait plusieurs exclusivités pour marquer la rupture. Puis, elle a changé son fusil d’épaule, arguant qu’elle continuera d’alimenter le catalogue de la PS4 (avec, notamment, Horizon Forbidden West et God of War Ragnarök). Aurait-elle soudainement changé de cap si la PS5 en était déjà à plus de 20 millions d’exemplaires vendus après un an ? Rien n’est moins sûr. Dans le camp d’en face, Microsoft a toujours prôné l’ouverture et la continuité.

Source : Louise Audry pour Numerama
Source : Louise Audry pour Numerama

Les PS5 et la Xbox Series X sont des options de confort

En l’état, la PS5 et la Xbox Series X peuvent d’abord être vues comme des options de confort, des moyens de jouer dans de meilleures conditions (comme l’est la Switch OLED pour la Switch). Tout est mieux quand on joue sur ces deux consoles : temps de chargement ultra rapides, image plus fluide, graphismes plus beaux, ergonomie plus évoluée (surtout pour la PS5, qui a hérité d’une interface agréable et d’une manette entièrement repensée), fonctionnalités multimédia poussées (Blu-ray 4K UHD, plateformes de SVOD, HDR, Dolby Atmos).

Dès lors, faut-il dépenser 500 € pour ces nombreux gains en confort ? Cette même question peut être posée à chaque renouvellement d’un produit tech (smartphone, télévision). Car, oui, la PS5 et la Xbox Series X s’inscrivent dans une tendance qui en font de simples PC plus puissants capables de faire tourner les mêmes jeux. On peut le déplorer, mais les choses finiront par évoluer une fois qu’un trait sera définitivement tiré sur la PS4 et la Xbox One. A priori, ce ne sera pas pour 2022 — puisque la pénurie va se poursuivre et au regard du calendrier déjà prévu.

La manette DualSense de la PS5. // Source : Louise Audry pour Numerama
DualSense PS5 noire, blanche et rouge // Source : Louise Audry pour Numerama

Microsoft sur la bonne voie, quelques pêchés d’orgueil pour Sony

De cette première année passée en compagnie d’une PS5 et d’une Xbox Series X, on pourra tirer quelques enseignements des attitudes des deux rivaux. Microsoft, dans la position de challenger, est vraiment sur la bonne voie. Avec la génération Xbox One manquée dès le départ, la firme de Redmond a énormément appris et commence à récolter le fruit de ses nombreux investissements (tous les studios rachetés, le Xbox Game Pass).

Le récent Forza Horizon 5 en est la tête de proue : meilleur lancement de l’histoire de la marque Xbox avec déjà plus de 10 millions de joueuses et de joueurs. On rappelle que Microsoft offre la possibilité de jouer à des jeux Xbox sans avoir de console Xbox (grâce au cloud gaming). Cette stratégie transforme la Xbox Series X en une simple pièce d’un échiquier bien plus vaste, ce qui la rend moins essentielle. Le paradigme est le suivant : qu’importe sur quoi vous jouez, tant que vous jouez.

La communication s’est avérée beaucoup plus trouble chez Sony, qui a eu du mal à clarifier certains éléments. On peut prendre la rétrocompatiblité des jeux PS4 pour symbole, car elle a longtemps été une énigme. On pourra aussi pointer du doigt quelques pêchés d’orgueil, dans le sillage de ces mises à niveau payantes que Sony cache derrière le nom Director’s Cut (on repaie pour le même jeu, avec quelques améliorations) ou la chasse aux plaques noires (que Sony ne vend toujours pas…). Des zones d’ombre qui n’existent pas chez Microsoft (si vous achetez Halo Infinite sur Xbox One, vous aurez la possibilité de jouer à la version Xbox Series X sans surcoût).

Le cas Horizon Forbidden West est une preuve que Sony tâtonne encore : après avoir compliqué l’obtention d’une version PS5 de Horizon Forbidden West quand on est propriétaire d’une PS4, le constructeur réagi en… accouchant d’une situation ridicule (il ne faut pas acheter la version PS5, étant donné que la mise à niveau depuis la PS4 sera exceptionnellement gratuite). Par la suite, il restera gourmand sur la politique tarifaire : la version PS5 coûtera toujours 10 euros de plus.

En revanche, il faut bien reconnaître que la ligne éditoriale de Sony est inouïe (Microsoft en rêve) : les jeux PS5 font rêver et s’appuient sur une variété bienvenue. Lors de la dernière conférence PlayStation Showcase, trois bandes-annonces — Marvel’s Spider-Man 2, Marvel’s Wolverine et God of War Ragnarök — ont suffi pour créer l’engouement.


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