Arrivée en France à l’été 2022, la Tesla Model Y Propulsion a réussi à s’imposer comme l’un des best-sellers du marché en un peu plus d’un an. La raison est simple : l’amour des automobilistes pour les SUV couplé à un placement tarifaire des plus agressifs. De mon côté, après une année et 30 000 km au compteur, c’est le moment de dresser le bilan de la nouvelle Tesla la moins chère de la marque.

L’été 2022 n’était pas encore terminé lorsque Tesla a ouvert les commandes de la Model Y Propulsion, alors que seules les versions plus chères étaient disponibles au catalogue. Pour beaucoup — et moi notamment —, elle est devenue la voiture électrique évidente, compte tenu de son rapport prix/prestations imbattable.

À la toute fin de l’année 2022, Tesla a même été jusqu’à baisser son prix ponctuellement pour qu’elle passe sous le seuil du bonus écologique, histoire de booster les ventes de fin de trimestre. En janvier 2023, coup de massue pour la concurrence, avec une baisse de prix pérenne de cette Model Y Propulsion, aujourd’hui encore disponible à partir de 45 990 euros (et éligible au bonus en tant que voiture fabriquée en Europe).

Mais au-delà des chiffres, du prix et de sa popularité, que donne la plus abordable des Tesla au quotidien ? Peut-on vraiment en faire l’unique véhicule du foyer, sans aucun souci ? Son autonomie limitée pose-t-elle des soucis lors des longs trajets ? Et surtout, si c’était à refaire, achèterais-je la même voiture ? Réponses.

La nouvelle Tesla la moins chère

On ne va pas y aller par quatre chemins : la Tesla Model Y Propulsion est la moins chère des Tesla. Si on les classe par prix croissant, ce n’est plus la Tesla Model 3 qui arrive en premier, mais bel et bien la Model Y Propulsion, avec son espace à bord bien plus important, son hayon gigantesque, et toute la praticité d’un SUV…

Pour 45 990 euros (soit 40 990 euros avec le bonus écologique auquel elle prétend), Tesla affiche pour sa Model Y Propulsion une fiche technique très correcte : 455 km d’autonomie WLTP, 6,9 secondes pour abattre le 0 à 100 km/h, et une puissance de charge maximale de 170 kW.

Sous cette fiche technique se cachent, au final, deux versions différentes, l’une venant de Shanghai et l’autre de Berlin.

  • Les Tesla Model Y Propulsion sortant de la gigafactory chinoise sont équipées d’une batterie LFP (lithium-fer-phosphate) fabriquée par CATL,
  • Les versions berlinoises ont une batterie LFP fabriquée par BYD.

Dans les deux cas, ce sont des batteries de 60 kWh, mais en 2024, on devrait voir uniquement des versions allemandes sur les routes, bonus écologique oblige.

Depuis le début de l’année 2019, on roulait dans une Tesla Model 3 Grande Autonomie, et après un peu moins de 4 ans et 135 000 km, on a décidé de passer à la Model Y Propulsion. D’une part, pour profiter de toutes les nouveautés matérielles qui sont arrivées entre temps chez Tesla, mais aussi et surtout avec la promesse d’avoir un véhicule plus pratique.

La plus pratique des Tesla !

Si la Tesla Model Y ne remportera probablement pas de prix pour son design d’exception, ce sur quoi tout le monde s’accorde, c’est bien son côté pratique. Avec un hayon gigantesque, elle est infiniment plus utile que la Model 3 dès qu’il s’agit d’y mettre beaucoup, beaucoup d’affaires.

La Tesla Model Y est la championne des trajets de vacances grâce à son volume utile // Source : Bob JOUY pour Numerama
La Tesla Model Y est la championne des trajets de vacances grâce à son volume utile // Source : Bob JOUY pour Numerama

C’est d’ailleurs un avantage qu’elle a face à toute la concurrence : aucun véhicule de cette longueur ne peut faire mieux (4,75 mètres pour 854 litres de coffre, ou 2 041 litres avec les sièges rabaissés). De plus, les sièges arrière se rabattent directement depuis le coffre, grâce à deux petits boutons judicieusement placés, ce qui peut permettre d’y loger facilement un vélo (ou des skis) par exemple.

Un vélo dans la Tesla Model Y // Source : Bob JOUY pour Numerama
Un vélo dans la Tesla Model Y // Source : Bob JOUY pour Numerama

En tant que véhicule familial, la Tesla Model Y est très adaptée, même pour les passagers adultes à l’arrière. La raison est simple : les sièges avant sont surélevés, ce qui permet de loger ses pieds confortablement, rendant les grands trajets plus agréables.

Vous l’aurez compris, il s’agit d’une Model 3 XXL, qui est moins sportive, plus grosse et plus pratique. Mais Tesla réussit-il tout de même à garder une consommation maîtrisée sur ce SUV de 1,9 tonne ?

Sobriété reste le maître-mot

La Tesla Model Y Propulsion reste un SUV de 4,75 mètres de long et plus de 1 900 kg, avec une hauteur de 1,62 mètre. Elle ne pourra donc pas prétendre à avoir des consommations aussi basses qu’une berline où l’aérodynamique est bien plus travaillée.

Cependant, Tesla met un point d’honneur à optimiser toute la chaîne de motricité, de la batterie au moteur, et même jusqu’aux roues, ce qui permet à la Model Y d’afficher une sobriété bienvenue, surtout en électrique. Bien entendu, dans de mauvaises conditions à vitesse autoroute comme le montre le post ci-dessous, l’autonomie peut fondre comme neige au soleil.

La consommation peut s’envoler dans de mauvaises conditions

Mais au quotidien, et moyenné sur une année (on a roulé sur 4 saisons), la consommation de notre Tesla Model Y Propulsion est affichée à 180 Wh/km, ce qui reste très raisonnable compte-tenu de notre profil autoroutier — et même meilleur que ce qu’on avait après presque 4 ans en Model 3, qui n’avait pas de pompe à chaleur.

En considérant autour de 58 kWh utiles dans le pack de batterie, cette consommation moyenne offre environ 320 km d’autonomie réelle, ce qui est bien entendu très inférieur à la promesse des 455 km du cycle WLTP. Mais comme vous allez le voir, ce n’est pas un problème du tout.

Une voiture bien suffisante pour tailler la route

Tesla est le seul constructeur à l’heure actuelle à pouvoir affirmer qu’il est solide sur les trois plans les plus importants de la voiture électrique : réseau de recharge, consommation, puissance de charge. Les Superchargeurs Tesla ne sont plus à présenter tant ils représentent encore à l’aube de 2024 ce qui se fait de mieux en charge rapide. La consommation de la voiture est correcte, et la courbe de recharge est plutôt très bonne pour une voiture avec une petite batterie.

Les trajets effectués en 2023 en Tesla Model Y Propulsion // Source : Bob JOUY pour Numerama
Les trajets effectués en 2023 en Tesla Model Y Propulsion // Source : Bob JOUY pour Numerama

On a pu expérimenter la force de cette Model Y Propulsion à travers l’Europe, où on n’a jamais eu de souci qui nous aurait poussés à regretter de ne pas avoir choisi une version avec plus d’autonomie. En pratique — et ça ne va faire que s’améliorer —, l’état des différents réseaux de charge rapide à l’heure actuelle suffit pour tailler la route sans aucun souci, même sans planification préalable.

Pour donner des chiffres réalistes, sachez qu’il faut compter environ 25 minutes de charge tous les 200 km d’autoroute (40 kWh en 200 km, et 25 min pour ajouter 65 % de batterie). Ça paraît long, mais on profite de la bonne courbe de recharge jusqu’à 50 % pour faire plutôt des arrêts plus fréquents et plus courts : en moins de 10 minutes, on récupère de quoi faire 100 km à 130 km/h dans quasiment toutes circonstances.

La Tesla Model Y en charge sur une borne Engie // Source : Bob JOUY pour Numerama
La Tesla Model Y en charge sur une borne Engie // Source : Bob JOUY pour Numerama

En outre, s’agissant d’une batterie LFP, elle charge vite. Même si la batterie est assez remplie, il peut par exemple être utile de s’arrêter 5 minutes même en étant à 70 % lors de charges opportunistes.

Au final, on pourrait estimer qu’on perd théoriquement moins de 30 minutes sur 600 km par rapport à une Tesla Model Y Grande Autonomie, facturée aujourd’hui 12 000 euros de plus. Et en dehors des grands trajets, l’autonomie n’est pas une source de problème, tant que l’on peut recharger à domicile ou au travail.

Aujourd’hui, ferait-on le même choix ?

Après une année passée en Tesla Model Y Propulsion et 30 000 km parcourus à travers la France et quelques pays frontaliers, l’expérience globale est très satisfaisante. Avec une Tesla, on doit accepter les défauts et autres imperfections liées soit au logiciel qui n’évolue pas toujours dans le bon sens, soit aux choix matériels empêchant le fonctionnement parfaits de certains composants.

Pourtant, aujourd’hui, si on était sur le marché pour acheter une voiture électrique, on ne choisirait probablement pas la même voiture. En effet, la donne a un peu changé depuis la sortie de la Model 3 Highland en septembre 2023 : la Model Y a pris un sacré coup de vieux.

Pire, on sait d’avance que la Model Y restylée est à deux doigts de sortir. Acheter une Model Y neuve aujourd’hui serait, pour moi, un mauvais choix. Ça ne veut pas dire que c’est une mauvaise voiture — j’en suis pleinement satisfait — mais un achat à l’aube d’un renouvellement reviendrait à acheter son iPhone 15 au prix fort à quelques semaines de la sortie de l’iPhone 16.

Bien sûr, il peut y avoir des cas particuliers qui feraient qu’un achat de Model Y en ce moment resterait la meilleure chose à faire. Par exemple, si vous souhaitez conserver les commodos derrière le volant, vous n’avez pas le choix, la nouvelle Model Y fera l’impasse, comme la Model 3 Highland.

Si j’étais aujourd’hui dans la même position que celle qui était la mienne il y a un an, à savoir sans voiture, j’examinerai deux possibilités.

  • Je privilégierai la location temporaire avant la sortie de la nouvelle Model Y (Leclerc location propose des voitures électriques entre 4 et 6 euros par jour notamment, une Tesla est bien plus chère, mais peut être utile selon les profils), qui sera sans doute la meilleure voiture électrique de 2024.
  • Si ce n’est pas envisageable, plutôt que de prendre une Model Y qui va être dépassée rapidement, je m’orienterais vers une Model 3 qui vient d’être renouvelée.

Malheureusement, les bons plans étaient possibles jusqu’au 15 décembre 2023 seulement : depuis, adieu le bonus pour la berline électrique de Tesla. Être acheteur en ce moment n’est pas forcément la meilleure période, mais si vous décidez de franchir le pas pour une Model Y Propulsion, dites-vous que le bon moment est toujours aujourd’hui.

Tesla modifie ses véhicules très souvent, et dès qu’une nouvelle version arrive, certains anticipent déjà la prochaine qui sera encore mieux. Pour ne pas tomber dans le cliché d’une personne qui attend tous les 3 mois la prochaine itération, si vous êtes satisfait du véhicule à l’instant t, n’hésitez pas et passez commande. Vous serez sans aucun doute satisfait.

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