Le 30 juin marque le dernier jour pour profiter du bonus écologique 2025 pour l’achat d’une voiture électrique dans la forme qu’on lui connaît. À partir du 1er juillet, le gouvernement continuera à encaisser le malus écologique imposé aux véhicules thermiques et hybrides, mais en aucun cas celui-ci ne servira à financer la transition écologique vers la voiture électrique. Pourtant, rien que le premier semestre 2024, le malus a rapporté plus de 737 millions d’euros à l’État, et la balance pouvait théoriquement se faire. Mais le dispositif ne fonctionne plus ainsi.
Le bonus écologique est néanmoins sacrifié et son poids sur le budget de l’État aussi. Il devient le « coup de pouce CEE », qui est désormais financé par les fournisseurs d’énergie via le dispositif des certificats d’économies d’énergie (CEE) — comme le futur leasing social. Le montant de l’aide est par contre revalorisé (3 100 ou 4 200 € selon le profil des ménages) pour les particuliers, ce qui doit permettre de faire le deuil du bonus.
« L’enveloppe allouée au bonus écologique par la loi de finances pour 2025 est consommée », précise le communiqué de presse du gouvernement mis en ligne le 27 juin, avant la publication de l’arrêté relatif au changement. Alors que les montants du bonus ont été réduits et que les ventes ne sont pas dans une forme olympique, l’annonce suscite des interrogations.
Où est passé le budget du bonus ?
Quelque chose cloche dans les comptes. Officiellement, l’enveloppe est déjà vide. Mais les 500 millions alloués ont-ils disparus en sept mois (depuis décembre 2024) ?

Petit retour en arrière : en novembre 2024, le gouvernement Barnier annonce une enveloppe de 700 millions d’euros pour financer le bonus 2025, soit moitié moins que l’année précédente. Il faut dire que le budget 2024 — 1,4 milliard d’euros — a dérapé, notamment à cause du leasing social, qui a englouti 650 millions en à peine six semaines.
Mais cette enveloppe de 700 millions n’a finalement pas tenu. Sans grande communication, le gouvernement Bayrou aurait réduit une nouvelle fois le budget à 500 millions d’euros pour ce bonus lancé dans la précipitation le 1er décembre 2024 sans que le budget ne soit arrêté.
Aujourd’hui, le gouvernement assure que cette enveloppe a déjà été consommée. C’est la justification avancée pour remplacer le bonus par une aide financée par les fournisseurs d’énergie (via les certificats d’économies d’énergie, ou CEE). Mais aucun chiffre n’est officiellement fourni sur ce budget 2025. La seule donnée partagée dans le communiqué concerne un bilan global : « Depuis 2020, le gouvernement a accompagné l’acquisition de 1,3 million de véhicules électriques avec le bonus écologique, pour un total de 5,6 milliards d’euros. » C’est flou.
Un trou dans les comptes du bonus 2025
Depuis le 1er décembre 2024, il paraît peu crédible que l’État ait déjà dépensé les 700 millions d’euros initialement prévus pour le bonus écologique. Même avec un budget révisé à 500 millions d’euros, les chiffres ne s’alignent pas avec la réalité du marché.

Pour rappel :
- Le bonus 2024 est entré en vigueur le 15 février 2024 avec une aide de 4 000 euros pour les ménages, majoré jusqu’à 7 000 euros pour les ménages les plus modestes. Le score environnemental était déjà mis en place, excluant les véhicules chinois des aides, mais un bonus était encore accessible aux quadricycles et aux camionnettes (4 000 euros).
- Le bonus 2025 était beaucoup moins généreux à partir du mois de décembre avec des aides comprises entre 2 000 et 4 000 euros et une suppression des aides aux quadricycles.
Mais on aurait donc dépensé tout aussi vite le budget ?
Impossible d’obtenir les statistiques des véhicules ayant bénéficié du bonus écologique de sources officielles. Cependant, il est possible de se faire une idée un peu grossière de la situation. Entre décembre 2024 et fin mai 2025, 149 094 voitures électriques ont été immatriculées en France. Sauf que :
- Toutes ne sont pas éligibles (certaines dépassent les 47 000 € ou n’ont pas l’éco-score requis),
- Il faut exclure les véhicules destinés aux concessionnaires, aux loueurs de courte durée ou aux administrations,
- Et retirer les voitures de société (flottes), désormais privées de bonus.

En croisant les données de janvier à mai 2025, on n’obtient qu’un potentiel de 55 240 véhicules éligibles (particuliers + loueurs longue durée). Parmi ces véhicules peuvent se trouver quelques déclinaisons non éligibles –comme les Model Y Grande Autonomie ou Performance. En ajoutant les 9 299 véhicules de décembre 2024, on atteint à peine 64 539 voitures.
Même en imaginant un mois de juin record — les chiffres devant tomber le 1er juillet — il faudrait un miracle pour atteindre 100 000 véhicules réellement éligibles au bonus sur cette période de sept mois. Et avec des aides comprises entre 2 000 et 4 000 €, cela représenterait tout au plus 400 millions d’euros de dépenses, dans un scénario très favorable.
La fin de l’enveloppe budgétaire ressemble surtout à un prétexte pour déléguer cette dépense aux fournisseurs d’énergie. Et, peu importe les conséquences que cela aura sur la facture d’énergie des ménages.
Les acheteurs de voitures électriques ne sont pas abandonnés
Rassurons d’abord tous les acquéreurs de voitures électriques dont l’achat est en cours. Pour les véhicules commandés avant le 30 juin 2025 et livrés avant le 30 septembre, c’est le bonus actuel qui s’appliquera. Pour les autres commandes et celles à venir à partir du 1er juillet 2025, ce sera le « coup de pouce CEE » qui prendra le relais.
Et bonne nouvelle pour les concernés : les aides à l’acquisition seront de l’ordre de 4 200 € pour les ménages modestes et intermédiaires – ceux dont les revenus se situent entre les déciles 1 à 5, voire les déciles 6 à 8 selon la composition du foyer – et de 3 100 € pour les autres ménages.
Il faut juste espérer qu’il n’y aura pas des problèmes de remboursement des avances faites par les concessionnaires et que le client ne sera pas lésé par un système bancal. Il est quand même peu probable que le bonus revienne sous la responsabilité du gouvernement en 2026 : une fois la bascule faite, le dispositif devrait rester ainsi. Enfin, jusqu’à la suppression des aides à l’achat : bonus/coup de pouce, prime CEE ou leasing social.
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