Sur la nouvelle version de la Model 3, Tesla a changé l’emplacement de certaines commandes (clignotants, essuie-glaces, sélecteur de vitesse), obligeant les conducteurs à changer leurs habitudes. Est-ce un changement insurmontable ou une habitude à prendre ? On a essayé de trancher la question au cours de notre essai.

Il est toujours difficile de modifier ses habitudes de conduite, surtout après de nombreuses années à répéter toujours les mêmes gestes. Or, Tesla adore challenger ses clients pour les pousser à adopter de nouveaux comportements. Après la centralisation des commandes et informations de conduite sur l’écran central, Tesla veut priver ses conducteurs d’un commodo de clignotants pour le remplacer par de simples boutons sur le volant. La marque a également supprimé le sélecteur de vitesse physique. Bonne idée ou non ?

C’est certainement le changement le plus clivant sur la nouvelle génération de la Tesla Model 3 dévoilée le 1ᵉʳ septembre 2023. L’absence de ces commutateurs soulève beaucoup de questions. C’est même un des freins à l’achat, régulièrement cité dans les échanges. Pourtant, les Model S et Model X ont déjà adopté cette solution sans que cela fasse autant de vagues. On a testé pour en avoir le cœur net.

Marche avant ou arrière, en un « slide » sur l’écran

Tesla Model 3 : le levier de vitesse du bout des doigts  // Source : Raphaelle Baut
Tesla Model 3 : le levier de vitesse du bout des doigts // Source : Raphaelle Baut

Ces dernières années, les constructeurs automobiles n’ont pas manqué d’imagination pour intégrer de nouveaux sélecteurs de vitesse dans les voitures. Le levier classique a laissé la place à des commandes de toutes formes : grosse molette, petit sélecteur, manette inspirée de l’aviation ou boutons à presser. Tesla a décidé carrément d’éliminer la commande physique. Que tout le monde se rassure, il existe toujours des boutons physiques de secours disponibles au niveau du plafonnier en cas de défaillance de l’écran central.

Les ingénieurs de Tesla dit cette commande pouvait être intégrée directement sur l’écran central. Elle est visible dès que le pied est positionné sur le frein. Il suffit alors de faire glisser le doigt vers le haut pour activer la marche avant et vers le bas pour la marche arrière. C’est un coup de main à prendre.

Une fonction bêta permet même à la voiture de sélectionner le mode qui lui semble le plus pertinent pour manœuvrer au démarrage. Dès lors que la ceinture de sécurité est mise et que le pied est sur le frein, le système va enclencher la marche avant ou arrière selon la situation observée par le véhicule. Dans l’ensemble, cela fonctionne assez bien, la voiture a eu la bonne idée de ne pas me précipiter dans la Loire par erreur, par exemple. Il reste cependant encore quelques erreurs dans ce programme en développement. Il convient donc au conducteur de vérifier les indications à l’écran avant de presser l’accélérateur.

Sélecteur automatique de la vitesse  // Source : Raphaelle Baut
Sélecteur automatique de la vitesse en bêta // Source : Raphaelle Baut

Des erreurs possibles, essentiellement d’inattention

En dehors du programme en bêta, il y aura forcément quelques cafouillages au début entre les deux modes (marche avant ou arrière). Cela a d’ailleurs été mon cas en voulant sortir d’un stationnement rapidement, j’ai alors inversé le slide vers le haut de celui vers le bas. Après tout, ces mêmes confusions étaient aussi possibles avec le levier de vitesse au volant des anciennes Model 3 (ou du Model Y). Il n’y a pas de véritable risque supplémentaire, si l’on est attentif aux indications de l’écran.

Tesla Model 3 : le levier de vitesse du bout des doigts // Source : Raphaelle Baut
Tesla Model 3 : le levier de vitesse du bout des doigts // Source : Raphaelle Baut

Une inquiétude existait avant la prise en main quant à certaines manœuvres réalisées dans la précipitation, comme un demi-tour. Finalement, durant l’essai, plusieurs manœuvres de ce type ont été faites sans rencontrer de véritables difficultés. Enfin, rien de supérieur à d’autres systèmes où les manipulations du sélecteur de vitesse peuvent engendrer des erreurs.

Des clignotants perfectibles

Avec un peu de recul, il est presque surprenant que cette idée d’intégrer des boutons de clignotants ne se soit pas répandue plus tôt à grande échelle. La solution envisagée par Tesla, de deux boutons l’un au-dessus de l’autre, introduit quand même quelques confusions et reste donc perfectible. Un bouton de chaque côté du volant aurait peut-être été plus logique à l’usage. Là encore, il s’agit encore surtout de s’adapter au changement.

La première journée, j’ai juré, un certain nombre de fois, à chercher un levier qui n’existait plus. La deuxième journée, le nombre d’erreurs dans le geste s’était déjà drastiquement réduit, et cela s’est encore amélioré par la suite. Il restait néanmoins une autre épreuve : réussir à cliquer sur le bon bouton au bon moment.

Sur cet exercice, tout n’est pas évident. Notamment les changements de direction sur un rond-point serré. Quand le volant prend beaucoup d’angle, il est plus difficile de pas s’y perdre sur la position des boutons. Pour vraiment bien maitriser ces clignotants, il faut adopter la position des mains à 9h15, plutôt que celle à 10h10, bien moins pratique. Quant à la conduite à une main, c’est à proscrire pour utiliser correctement les clignotants.

Zoom sur le volant de la Tesla Model 3 2023 // Source : Raphaelle Baut
Zoom sur le volant de la Tesla Model 3 2023 // Source : Raphaelle Baut

Le plus dur va être de ne pas être tenté de faire l’impasse sur les clignotants dans certaines situations. Une autre habitude est à changer également : la manière de désactiver le clignotant engagé. Quand on enclenche le clignotant traditionnel par erreur, on active le levier dans le sens opposé pour annuler. Avec les boutons, il faut appuyer sur le bouton sélectionné pour annuler. C’est à la fois parfaitement logique, mais complètement déroutant.

Avec cette nouvelle solution, le conducteur perd aussi le clignotant séquentiel, du moins son fonctionnement est différent. Le logiciel fait bien la part des choses pour désactiver le clignotant au bon moment sans action supplémentaire du conducteur, ou presque. Dans l’ensemble, le clignotant se désactive dès que le changement de voie ou de direction est achevé, mais le système a aussi ses limites, quand il ne comprend pas pourquoi le clignotant a été mis.

On adopte ou pas ?

Après un test de quelques jours, les principaux freins à l’absence des commodos traditionnels ont été levés. Le déplacement des commandes d’essuie-glace et ceux pour de l’Autopilot ne posent même quasi aucun problème une fois assimilées.  Si tout ceci est quelque peu déroutant, voire agaçant, on s’adapte à la nouveauté avec quelques efforts de concentration.

Plus aucun commodo à l'intérieur de la Tesla Model 3 // Source : Raphaelle Baut
Plus aucun commodo à l’intérieur de la Tesla Model 3 // Source : Raphaelle Baut

Est-ce pour autant adapté à tout le monde ? Le doute est permis. Certains conducteurs ne se feront probablement jamais à ce changement. Il serait un peu dommage d’avoir à se priver de la nouvelle Model 3 à cause de ce choix de Tesla. Nous reviendrons sur le sujet dans notre test complet du modèle à paraître dans les prochains jours. Mais avant de rejeter la nouveauté, il est recommandé de tester.

Tesla aime bousculer les habitudes des conducteurs et de l’industrie automobile dans son ensemble. La newsletter Watt Else est là pour décrypter ces sujets sans langue de bois. Pour s’abonner, ça se passe juste en dessous.

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