Numerama a fêté son anniversaire, le 12 octobre 2025. Plus exactement, la rédaction célèbre cette année les 10 ans de l’arrivée de Numerama chez Humanoid, et donc de la nouvelle vie du média. C’est l’occasion pour nous de vous proposer nos rétrospectives sur les temps forts qui ont marqué cette décennie. Dans le monde scientifique, voici les 10 grandes découvertes et actualités qui ont changé fondamentalement notre vision du monde.
La cartographie complète de l’épigénome humain (2015)
Le 18 février 2015, des scientifiques ont présenté une cartographie exhaustive de l’épigénome humain, dans la revue Nature. Plus exactement, ce sont une vingtaine d’articles scientifiques qui ont été publiés simultanément ce jour-là et le lendemain. Leurs auteurs y ont présenté une « carte » de l’épigénome humain, l’épigénome correspondant aux modifications génétiques d’une cellule. Les études ont décrit l’épigénome de 111 types de cellules (musculaires, cardiaques, notamment).
C’était une grande étape dans la connaissance du génome humain, déjà séquencé par les scientifiques. La cartographie de 2015 a permis d’avancer dans la compréhension de la manière dont l’activation des gènes est influencée par l’environnement ou l’alimentation. Il s’agissait d’une « mine de données » pour « acquérir de nombreuses nouvelles connaissances sur la biologie humaine, tant en matière de santé que de maladie », décrivait alors un communiqué de l’université de Californie à San Francisco.

La détection des ondes gravitationnelles (2015)
Ce fut ni plus ni moins que la toute première observation directe de trous noirs, et elle a eu lieu il y a 10 ans. Le 14 septembre 2015, les observatoires LIGo et Virgo détectaient le signal GW150914, la première observation directe d’ondes gravitationnelles. La nouvelle a été annoncée quelques mois plus tard, le 11 février 2026, à l’appui d’une étude publiée dans Physical Review Letters.
« Une nouvelle fenêtre s’ouvre sur l’Univers », estimait alors le CNRS. En effet, cette détection historique a non seulement validé la théorie de la relativité générale d’Einstein, mais a surtout lancé une nouvelle ère pour les astronomes. Les ondes gravitationnelles sont un signal qui leur permet d’étudier les phénomènes les plus extrêmes de l’Univers — la fusion de trous noirs. Un « messager » que les scientifiques se sont empressés d’exploiter depuis : durant la décennie écoulée, 218 événements similaires ont été détectés.

La découverte de l’eau liquide sur Mars (2015)
Oui, il y a de l’eau liquide sur Mars. Il y a 10 ans, cette découverte était confirmée par la Nasa, le 28 septembre 2015 exactement. Grâce aux observations de la sonde Mars Reconnaissance Orbiter (MRO), l’agence spatiale a présenté ce jour-là « les preuves les plus solides […] de l’existence intermittente d’eau liquide sur Mars aujourd’hui ». Cette première annonce a été suivie d’autres recherches, nuançant la trouvaille ou apportant des précisions sur l’eau martienne, passée ou présente. Derrière ces travaux, se cache évidemment l’espoir que cette eau (identifiée sous forme de saumures) pourrait être, ou ait pu être, un milieu propice au développement d’une forme de vie.
En 2025, la question de l’eau sur Mars continue d’occuper les scientifiques. Les preuves se sont accumulées en faveur d’une planète autrefois couverte d’eau, dont des traces persistent encore aujourd’hui, même si la majeure partie de ce liquide semble s’être échappé.
La toute première image d’un trou noir (2019)
L’événement avait été suivi à travers le monde, et la rédaction de Numerama n’a pas fait exception : le 10 avril 2019, la première « photo » d’un trou noir a été dévoilée. Pour la première fois, les scientifiques sont parvenus à imager l’un de ces objets astronomiques. Au milieu d’un fond noir, l’ « anneau de feu » du trou noir supermassif M87* (6,5 fois la masse du Soleil) trône sur ce cliché désormais devenu historique. À compter de ce jour, nous avons su à quoi ressemble un trou noir.

Depuis 6 ans, et ce jour important pour les astronomes, d’autres progrès ont été réalisés pour voir encore mieux ce fameux M87*. Mais, pas seulement lui : en 2022, le même observatoire a été mobilisé pour obtenir une image du trou noir supermassif logé au cœur de la Voie lactée, Sagittarius A* (avec d’étranges taches visibles sur le cliché du trou noir). Ces deux prouesses ont été rendues possibles par l’Event Horizon Telescope, un « radiotélescope géant »… de la taille de la Terre.
La suprématie quantique, et le boom général de l’informatique quantique (2019)
Que faisiez-vous le 23 octobre 2019 ? Google, lui, annonçait avoir atteint la suprématie quantique. L’entreprise expliquait que, pour la première fois, un ordinateur quantique était parvenu à résoudre un problème en quelques minutes, là où il aurait fallu des milliers d’années à un ordinateur classique. IBM avait rapidement fait part de son désaccord, estimant que Google n’avait pas vraiment atteint la fameuse suprématie quantique. Toutefois, malgré ces critiques, la communauté scientifique avait réservé un bon accueil à cette avancée.
Depuis, l’informatique quantique continue sa progression. En février 2025, Microsoft a fait un énorme bond en avant en la matière, en présentant le premier processeur à « qubits topologiques stables ».
Vous n’y comprenez rien ? Le plus simple pour comprendre comment tout cela fonctionne, c’est de regarder notre documentaire sur le sujet :
Le ciseau génétique CRISPR (récompensé d’un prix Nobel en 2020)
Le 7 octobre 2020, le prix Nobel de chimie a récompensé la méthode CRISPR. Ce jour-là, les scientifiques Emmanuelle Charpentier et Jennifer A. Doudna, deux généticiennes, ont reçu ce prix reconnaissant leurs travaux sur le développement des « ciseaux génétiques » Crispr-Cas9, durant la décennie précédente.
Cette technique, présentée pour la première fois par les deux scientifiques dans la revue Science en 2012, consiste à « couper » dans le long ruban de l’ADN, à l’aide d’une enzyme (Cas-9). C’est un peu comme si CRISPR pouvait couper certains des « barreaux » de l’ADN. Ainsi, la cellule peut être supprimée, modifiée ou remplacée. C’est une véritable réécriture du code génétique, porteuse de promesses pour le monde médical. Ses usages chez les humains se sont également accompagnés de polémiques éthiques (l’affaire des bébés CRISPR, notamment).

Les progrès de la fusion nucléaire, avec le projet ITER (2020, et après)
Le 28 juillet 2020, l’assemblage d’ITER a commencé. Ce réacteur thermonucléaire international est tout simplement le plus grand projet scientifique mondial actuel. Il vise à maîtriser la fusion nucléaire, dans une démarche de long terme pour en faire une source d’énergie n’émettant pas de gaz à effets de serre. L’objectif est, en quelque sorte, de recréer un « soleil artificiel », en reproduisant les mécanismes survenant au cœur des étoiles. Et cela se passe en France.
Numerama s’était d’ailleurs rendu sur place pour découvrir de plus près cette imposante infrastructure :
ITER n’est pas le seul projet d’envergure a avoir concrétisé les progrès de la fusion nucléaire dans la dernière décennie. Ainsi, aux États-Unis, le National Ignition Facility (NIF) a confirmé en décembre 2022 avoir passé le « seul d’ignition », une avancée historique. Ce réacteur a produit plus d’énergie, à partir de la fusion nucléaire, que l’énergie laser utilisée pour l’alimenter. Puis, en mai 2025, ce record a été encore battu.
La démocratisation des vaccins à ARN messager pendant la pandémie de covid (2020)
Évidemment, la pandémie de covid-19 a marqué la décennie 2015-2025, et restera probablement dans les mémoires comme l’un des événements historiques de ce début de 21e siècle. Le 2 décembre 2020, le vaccin Pfizer-BioNTech a été autorisé au Royaume-Uni, une décision historique. Pour la première fois ce jour-là, un vaccin basé sur l’ARN messager a été autorisé pour un usage de grande ampleur (l’ARN messager avait été découvert en 1961).
Ces vaccins à ARN messager aident le corps à se défendre contre un virus ou une bactérie, mais sans l’introduire dans l’organisme. Au lieu d’introduire une version affaiblie du virus, comme c’est le cas avec les vaccins classiques, ici le vaccin contient une instruction (le fameux ARN messager). Elle donne la « consigne » aux cellules de fabriquer une protéine appartenant au virus (inoffensive) : en l’occurence, la protéine Spike du coronavirus. Le système immunitaire apprend ensuite à se défendre face à la protéine.
Beaucoup de désinformation a circulé sur le fonctionnement de l’ARN messager dans ces vaccins : non, il ne modifie pas l’ADN.

L’avancée des traitements préventifs et des vaccins contre le VIH (2021 et après)
La décennie a été riche en avancées prometteuses pour le traitement et la prévention du VIH. Le 11 août 2021, Moderna a démarré un essai clinique pour son vaccin à ARNm contre le VIH. L’année suivante, un premier patient a reçu une dose de ce vaccin. À ce jour, aucun vaccin réellement efficace n’est encore disponible, mais des pistes encourageantes existent à travers le monde.
Quant aux traitements préventifs, une nouvelle étape a été franchie en juin 2025 avec l’approbation du Yeztugo aux États-Unis, puis en juillet en Europe. Ce médicament pourrait révolutionner la prise en charge préventive du VIH. Avec lui, il suffirait en effet de deux injections par an pour apporter une protection supérieure à 99,9 %. Néanmoins, son coût reste pour l’heure un frein énorme à sa démocratisation (plus de 28 000 $ par an).

Neuralink pose son premier implant cérébral sur un patient (2024)
Le 29 janvier 2024, Neuralink a annoncé avoir réalisé sa première opération sur un humain, en installant un implant dans son cerveau. Pas n’importe quel implant : une puce biotechnologique, visant à connecter le cerveau humain à un ordinateur à distance. Alors, l’avenir est-il l’humain augmenté ? Il est encore tôt pour le prédire, mais les interfaces cerveau-machine ont clairement fait un bond ce jour-là. Elles ont également montré leur potentiel d’amélioration médicale, notamment pour les personnes handicapées.
Néanmoins, les applications de ces interfaces relèvent encore énormément de la science-fiction. Par ailleurs, la démarche de Neuralink ne se déroule pas sans heurts, ni sans questionnements éthiques, autour de la sécurité, la transparence et l’avenir de cette technologie.

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