Des études récentes ont révélé que les humains préhistoriques mâchaient un équivalent du chewing-gum, utilisé comme de la colle.
L’analyse ADN des échantillons suggère des différences potentielles dans la répartition des tâches entre les sexes et offre un aperçu de leur régime alimentaire.

Le chewing-gum a été inventé officiellement à la fin du 19ᵉ siècle. Par plaisir, pour essayer d’arrêter la cigarette, pour avoir une bonne haleine… les raisons d’en mâcher sont multiples.

Depuis quelques années, des études ont montré que les humains préhistoriques mastiquaient déjà un équivalent de nos chewing-gums. Mais, pour eux, il servait… de colle ! Témoignage direct du passé, les gommes mâchées retrouvées ont aussi déjà permis, à partir de l’ADN coincé dedans, d’offrir un aperçu de la vie de leurs propriétaires de l’époque.

Les différents types d'artefacts analysés dans cette étude comprennent les morceaux de goudron de bouleau « mâchés, le goudron utilisé pour l'abattage et le goudron utilisé pour réparer les récipients en céramique ou en bois // Source : Ancient DNA and biomarkers from artefacts: insights into technology and cultural practices in Neolithic Europe
Les différents types d’artefacts analysés comprennent les morceaux de goudron de bouleau « mâchés », le goudron utilisé pour l’abattage et le goudron utilisé pour réparer les récipients en céramique ou en bois. // Source : Ancient DNA and biomarkers from artefacts: insights into technology and cultural practices in Neolithic Europe

Pour la première fois, des chercheurs ont combiné, dans une nouvelle étude, différents indices avec l’analyse ADN des gommes recrachées, mais également de celles collées sur les outils et les poteries pour lesquelles elles ont servi.

Publiée dans la revue Proceedings of the Royal Society B le 14 octobre 2025 et menée par l’Université de Copenhague, l’étude pourrait mettre au jour des informations sur les humains de la Préhistoire à propos de :

  • leur régime alimentaire,
  • leur santé bucco-dentaire,
  • la répartition des tâches entre eux.

Un chewing-gum révélant des rôles déjà genrés à la Préhistoire ?

Plutôt que de « chewing-gum », il s’agissait plutôt de goudron d’écorce de bouleau. Pour fabriquer la gomme à mâcher, « les personnes de l’âge de pierre ont cuit des paquets de papier, épluchant la peau des bouleaux sur un feu jusqu’à ce que les résines naturelles suintent dans un goudron noir et gluant », explique un article de Science. La substance collante obtenue a servi à « accrocher des lames de pierre aux poignées, réparer la poterie fissurée ». Et, si elle était mâchée, c’était probablement pour qu’elle reste souple pendant tout le procédé.

Les échantillons de goudron de bouleau analysés provenaient de neuf sites de la région des Alpes.

Carte montrant l'emplacement des neuf sites archéologiques à partir desquels les artefacts analysés dans cette étude ont été obtenus. // Source : Ancient DNA and biomarkers from artefacts: insights into technology and cultural practices in Neolithic Europe
Carte montrant l’emplacement des neuf sites archéologiques à partir desquels les artefacts analysés dans cette étude ont été obtenus. // Source : Ancient DNA and biomarkers from artefacts: insights into technology and cultural practices in Neolithic Europe

Sur les 30 morceaux analysés :

  • 19 ont permis d’extraire de l’ADN,
  • 16 ont permis de déterminer le sexe biologique des individus ayant mastiqué la substance.

Certains morceaux renfermaient de l’ADN des deux sexes et parfois, ils avaient l’air d’avoir été mastiqués par plusieurs personnes. L’étude révèle que « les quatre morceaux de goudron utilisés pour les outils en pierre portaient de l’ADN masculin, tandis que les trois goudrons utilisés pour réparer la poterie contenaient de l’ADN féminin ». De quoi en tirer des conclusions sur une répartition genrée des tâches ? Les auteurs précisent dans l’étude que « ces résultats sont suggestifs, la taille de l’échantillon est trop petite pour tirer des conclusions définitives concernant la division sexuelle du travail sur ces sites ».

Les données sont insuffisantes pour affirmer un rôle genré des tâches à la Préhistoire, tirer de telles conclusions est ainsi jugé « très provocant » par Sarah Lacy, dans des propos rapportés par Science. Cette anthropologue à l’Université du Delaware, qui n’a pas été impliquée dans l’étude, ajoute que « la personne qui a appliqué le goudron peut différer de celle qui a fini par utiliser l’outil ».

La vie quotidienne

Enfin, la gomme a aussi préservé des traces génétiques d’aliments qui ouvrent une fenêtre sur la vie quotidienne passée de nos ancêtres.

Une possible chaîne opératoire de la fabrication et de l'utilisation du goudron de bouleau dans l'Europe néolithique. // Source : Ancient DNA and biomarkers from artefacts: insights into technology and cultural practices in Neolithic Europe
Une possible chaîne opératoire de la fabrication et de l’utilisation du goudron de bouleau dans l’Europe néolithique. // Source : Ancient DNA and biomarkers from artefacts: insights into technology and cultural practices in Neolithic Europe

Le blé, de l’orge, des noisettes et du hêtre étaient probablement utilisés comme des collations. « L’ADN des pois, des noisettes et des moutons apparaissait dans les céramiques renforcées de goudron, ce qui suggère qu’il s’agissait d’aliments couramment stockés, alors que l’ADN des poissons et du sanglier se trouvait sur des pointes de flèches collées avec du goudron », détaille Science dans le communiqué.

Comme quoi, votre chewing-gum en révèle probablement bien plus sur vous que ce que vous pensez.

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