Elles étaient déjà pointées du doigt pour gêner les observations des télescopes optiques au sol, puis également des radiotélescopes dont ils encombraient les fréquences. Désormais, les constellations de satellites se retrouvent aussi (littéralement) dans le viseur des télescopes spatiaux.
Selon une étude parue dans la revue Nature et signée par des astronomes du Nasa Ames Research Center, si ces ensembles de satellites continuent de croître comme le désirent leurs constructeurs, il ne faudra pas longtemps pour que toutes les observations prises depuis l’espace ne soient également dérangées par leur présence.
560 000 satellites d’ici à 2040
Pour évaluer ce risque, les chercheurs ont réalisé des simulations afin de prédire l’aspect futur des images capturées par des télescopes tels que Hubble ou SPHEREx, ou par des engins encore en construction comme l’européen ARRAKIHS et le chinois Xuntian.
Tous ces instruments orbitent, ou devront orbiter, à des altitudes comprises entre 400 et 800 kilomètres (orbite terrestre basse). À titre de comparaison, la majorité des satellites Starlink évoluent entre 400 et 600 kilomètres, tandis que ceux du projet Leo (ex-Kuiper) se situeront à une altitude légèrement supérieure. Cela sans compter les diverses constellations chinoises prévues au-delà de 800 kilomètres.

À l’heure actuelle, on recense environ 15 000 satellites en orbite, et les télescopes spatiaux en activité sont encore peu gênés par leur présence. Toutefois, si l’on cumule les prévisions de tous les opérateurs, on atteint le chiffre vertigineux de 560 000 satellites d’ici à 2040.
Dans ce contexte, les images risquent d’être énormément dégradées, car ces engins réfléchissent la lumière du Soleil. Même si des mesures ont déjà été prises, notamment par Starlink, avec l’emploi de revêtements spéciaux, la densité du trafic en orbite est telle que même la plus petite réflexion lumineuse, multipliée par des centaines de milliers de satellites, causera des perturbations importantes.
Jusqu’à 96 % des images « photobombées »
Pour valider leur hypothèse, les auteurs ont étudié les images prises aujourd’hui par Hubble et à quel point elles sont affectées par les passages de satellites. Si aujourd’hui, les conséquences sont minimes, ils ont ensuite extrapolé pour anticiper l’évolution de la situation dans les années à venir. Et les projections sont alarmantes.
Selon leurs résultats, d’ici à 2040, un tiers des images prises par ce télescope pourraient être corrompues et inutilisables à des fins de recherche. La situation serait pire pour SPHEREx, Arrakihs et Xuntian, qui verraient jusqu’à 96 % de leurs clichés « photobombés » par des passages intempestifs de satellites. Avec une telle densité, la luminosité de ces transits pourrait être aussi aveuglante que le Soleil pour les capteurs de ces instruments, compromettant ainsi leurs observations.

Face à cette situation, la seule solution susceptible d’arranger les choses, selon les auteurs, serait de placer les constellations de satellites à une orbite plus basse. Mais cela impliquerait une dégradation orbitale plus rapide : auraient une durée de vie plus courte, à cause de la friction avec l’atmosphère, et pollueraient davantage les alentours, en brûlant plus vite.
Les auteurs concluent : « Les efforts pour évaluer les dangers des grandes constellations de satellites ont été totalement dépassés par l’industrie. Nos résultats montrent que, contrairement à la croyance populaire, les télescopes spatiaux ne sont pas immunisés contre leur pollution lumineuse ». Ils espèrent une collaboration entre les scientifiques et les industriels pour trouver rapidement une solution.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Toute l'actu tech en un clin d'œil
Ajoutez Numerama à votre écran d'accueil et restez connectés au futur !
Tous nos articles sont aussi sur notre profil Google : suivez-nous pour ne rien manquer !











