X dénonce publiquement une enquête française le visant, lancée à la suite d’un signalement à la justice fait par un député. Le réseau social rejette les accusations dont il fait l’objet et affirme ne pas être un outil d’ingérence étrangère. Le site dénonce des attaques « motivées par des considérations politiques ».

C’est un échange que celles et ceux sur X (ex-Twitter) ont peut-être pu croiser dans la journée du lundi 21 juillet 2025 : un tweet du compte dédié aux affaires publiques du réseau social, suivi d’une réponse écrite sur le même site par un député français, Éric Bothorel. La raison de cet accrochage ? Une enquête qui prend forme autour de l’algorithme de la plateforme.

Le compte dénonce en effet l’enquête lancée par les autorités françaises sur une « prétendue manipulation de l’algorithme » doublée d’une « prétendue extraction frauduleuse de données ». Des allégations que le site détenu par Elon Musk « nie catégoriquement » et qu’il juge « motivées par des considérations politiques ».

Éric Bothorel
Éric Bothorel. // Source : Jean-Luc Hauser

Avec un ton résolument offensif, la plateforme estime qu’il s’agit d’une action arbitraire, qui « menace le droit à la vie privée [de ses membres] et la liberté d’expression ». Critiquant indirectement l’initiative lancée à l’origine par le parlementaire, l’entreprise met aussi en cause deux experts, qui sont cités nommément et jugés « hostiles à X ».

X manipule-t-il donc son algorithme dans un but d’« ingérence étrangère », pour peser sur les débats en France ? Impossible, en l’état, de le savoir : sur la page GitHub censée garantir la transparence du code derrière le réseau social, aucune mise à jour n’a eu lieu depuis le 13 juillet 2023 — soit il y a plus de deux ans. Or, X n’est pas figé : il évolue souvent.

Par ailleurs, X révèle avoir refusé les demandes des autorités françaises visant à obtenir l’accès à l’algorithme de recommandation et aux données en temps réel concernant toutes les publications des utilisateurs de la plateforme. « C’est notre droit », tranche la plateforme, qui opte en l’état pour une confrontation plutôt qu’une coopération.

C’est une phrase que pourrait faire sienne Éric Bothorel, mais en convoquant le droit européen. « On ne peut pas passer des années à élaborer du droit pour ne pas l’appliquer », disait-il après avoir effectué un signalement à la justice. La liberté d’expression à l’américaine est une chose. Celle à l’européenne en est une autre. C’est un droit différent, mais le nôtre.

Suspicions d’utilisation de X comme vecteur d’ingérence

L’initiative du parlementaire survient alors que se pose déjà depuis des mois la question de la transformation de X en tant qu’arme politique, au profit d’un agenda américain. En début d’année, Elon Musk avait multiplié les prises de parole concernant l’Allemagne et le Royaume-Uni, peu avant des élections dans ces deux pays.

Outre les sorties, très commentées, du milliardaire américain, la manière dont l’algorithme de X fonctionne réellement est aussi mise en doute. Il en va de même en ce qui concerne son intelligence artificielle générative, Grok. Le chatbot, qui est régulièrement actualisé, se distingue depuis peu par un ton provocateur, des théories du complot et des insultes antisémites.

Face à ces développements, l’Europe est certes mieux armée juridiquement, avec le DSA (Digital Services Act) et le DMA (Digital Markets Act). Ces deux règlements obligent les géants du web à respecter les règles européennes, sous peine de lourdes sanctions — y compris le bannissement pur et simple si les infractions sont massives et répétées.

X est en panne // Source : Numerama
X, vecteur d’ingérence américaine dans les affaires européennes ? // Source : Numerama

Mais pour l’heure, X semble bénéficier d’un relatif totem d’immunité grâce à la guerre commerciale entre les États-Unis et l’Union européenne. Comme l’a signalé le Financial Times, la Commission européenne bloque l’enquête sur X dans le cadre des négociations commerciales avec les États-Unis.

Un gel des investigations qui est une manière d’amadouer Washington sur le terrain des droits douaniers. Et tant pis pour le DSA, malgré des éléments concordants qui suggèrent que X est l’un des pires, sinon le pire réseau social en matière de désinformation. Et les comptes payants avec la coche bleue sont très loin d’être fiables.

Reste à voir si le stratagème européen pour ramener l’Amérique à la table des négociations marchera — et si cela vaut la suspension de l’enquête sur X. Ou s’il faudra plutôt assumer un rapport de force. En attendant, le site ne ménage pas ses attaques, évoquant tout à la fois un « agenda » contre lui et une « censure politique ».

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