Depuis le 15 juillet 2025, l’accès aux sites Pornhub et YouPorn est de nouveau bloqué en France. Il s’agit d’une réaction face à une décision du Conseil d’État, qui a rétabli l’obligation de vérifier l’âge pour accéder à ces plateformes.

Dans sa guerre contre les sites pornographiques, le gouvernement français a remporté une bataille importante le 15 juillet 2025.

Après avoir imposé à de nombreuses grandes plateformes de vérifier l’âge de leurs utilisateurs en début d’année, le gouvernement avait vu le géant Aylo, propriétaire de Pornhub, YouPorn et RedTube, s’opposer à lui en bloquant totalement ses sites en France à partir du 4 juin. Le tribunal administratif de Paris avait suspendu l’arrêté gouvernemental le 16 juin, sur demande du site qui opère la plateforme XHamster. La France était revenue au point de départ, avec des sites pornographiques accessibles facilement sans contrôle de l’âge.

Le 15 juillet, le Conseil d’État a invalidé la décision de suspension du tribunal administratif de Paris, rétablissant l’obligation de vérification d’âge. La réaction des sites a été immédiate : Pornhub, YouPorn et d’autres plateformes sont de nouveau désactivés en France.

En page d'accueil, Pornhub proteste de nouveau contre le gouvernement français depuis le 15 juillet. Le site utilise l'image de Marianne.
En page d’accueil, Pornhub proteste de nouveau contre le gouvernement français depuis le 15 juillet. Le site utilise l’image de Marianne, ce qui peut être jugé comme étant de mauvais goût au lendemain de la fête nationale. // Source : Capture Numerama

Bloquer la pornographie auprès des mineurs est impossible, mais la France va faire son possible

En page d’accueil, Pornhub se montre de nouveau virulent envers la France : « Votre gouvernement propose que nous vérifiions votre âge à chaque fois que vous visitez notre site. La dure réalité : cette mesure ne protège pas les mineurs, elle met en péril la vie privée de chacun et met les enfants en danger, car elle conduit le trafic vers des milliers de sites qui contournent délibérément les réglementations, ne vérifient pas l’âge des participants dans les contenus et encouragent activement les utilisateurs à contourner la loi », indique l’entreprise.

Cet argument est régulièrement répété par les propriétaires des 17 sites ciblés par l’État. À l’heure de réseaux sociaux sans aucun filtre (X, pour ne citer que lui), la pornographie en ligne restera toujours accessible sans contrôle. Il existe des milliers de sites pornographiques référencés par Google et, même si le groupe Aylo exagère en se faisant passer pour une plateforme réglementée et saine, toutes ces plateformes n’affichent pas du contenu légal. La France ne pourra jamais bloquer totalement les sites pornographiques du web alors qu’ils attirent des millions d’internautes tous les jours.

L’autre problème est la question du droit à l’international. La popularité croissante des VPN rend extrêmement facile le fait de changer la nationalité de son adresse IP. Sans effort mondial, avec une législation commune, le contrôle de l’âge en France, et seulement en France, ne peut que dissuader les plus fainéants. Les adolescents mineurs biberonnés aux vidéos de youtubeurs sponsorisés par NordVPN pourront facilement se rendre sur les grandes plateformes s’ils le souhaitent.

Sur X, la ministre du numérique s'est vivement félicitée de la décision du Conseil d'État.
Sur X, la ministre du numérique s’est vivement félicitée de la décision du Conseil d’État. // Source : X

Sur le réseau social X, Clara Chappaz, la ministre du numérique, s’est félicitée de la décision du Conseil d’État : « Les manœuvres juridiques pour ne pas protéger les enfants ne fonctionnent pas. Le Conseil d’Etat a tranché : il faudra respecter la loi », écrit-elle.

Une autre décision de justice devrait être prise dans les prochains mois, mais l’Arcom peut désormais sanctionner les sites qui ne respectent pas le contrôle de l’âge. La France espère que l’Union européenne la suivra en mettant en place un dispositif commun de contrôle de l’âge, par l’intermédiaire d’une plateforme de vérification de l’identité. L’autre initiative souhaitée par beaucoup serait un contrôle de l’âge au niveau du système d’exploitation, grâce à une API qui indiquerait au site l’âge de l’utilisateur (mais une mauvaise configuration d’un appareil la rendrait caduque).

D’ici là, les 17 grandes plateformes concernées pourraient restées bloquées en France. Elles espèrent sans doute que leurs utilisateurs contourneront l’interdiction et s’attendent à ce que les autres pays, à commencer par les États-Unis, ne suivent pas la France et l’Europe. Le risque pour elles est de voir d’autres plus petites plateformes non réglementées éclore et leur piquer des parts de marché. Mais, à l’instant T, la France est encore loin d’avoir mis fin au fléau de la pornographie consommée par les mineurs.

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