Plus de 90 % des accidents de la circulation sont de la responsabilité de l’être humain. Pour continuer à faire baisser le nombre de morts sur la route et autres accidents, l’industrie automobile intensifie ses recherches, afin de proposer des solutions plus efficaces pour prévenir des dangers ou prendre la main activement pour éviter des accidents. C’est un premier pas en direction de la conduite autonome qui pourrait devenir incontournable dans quelques années. Pour autant, les utilisateurs sont-ils prêts à faire confiance à ces systèmes ? Rien n’est moins sûr selon une étude réalisée par Dekra, entreprise spécialiste de l’inspection des véhicules et de la sécurité routière.
En attendant que la conduite autonome remplace les conducteurs humains, les aides à la conduite (ADAS) se sont multipliées à bord des voitures récentes. Celles-ci ne sont pas infaillibles et souvent mal comprises ou mal utilisées, ce qui pose également d’autres problèmes.
Les conducteurs peu emballés à abandonner le volant
Pour prendre le pouls des Français sur la conduite autonome, l’étude de Dekra rendue publique le 17 novembre 2023 a été réalisée par OpinionWay auprès d’un échantillon représentatif de 1 008 personnes. Il en ressort plusieurs chiffres qui semblent assez bien correspondre à ce que l’on peut observer sur les craintes relatives à ce sujet.
90 % des Français interrogés sont bien conscients que le développement de ces technologies est inéluctable, et que l’ensemble des acteurs de la mobilité vont devoir s’y adapter : constructeurs, usagers, assurances, infrastructures routières et même code de la route.
Pour autant, les Français restent réticents à ce changement. Ils sont 67 % à ne pas faire confiance à la conduite autonome pour conduire à leur place. Trois types de profils sont particulièrement méfiants à cet égard :
- 76 % des résidents de communes rurales,
- 75 % des femmes,
- 72 % des personnes de plus de 50 ans.
Parmi les principales craintes, c’est le risque de piratage qui arrive en tête avec 83 % des sondés qui redoutent cet aspect. Arrivent ensuite la perte du plaisir de conduire (81 %) et la cohabitation avec les autres véhicules (76 %). Ils sont quand même 56 % à voir dans cette solution un meilleur confort pour les déplacements. La réduction des accidents et la capacité de cette technologie à prendre de meilleures décisions que l’humain n’ont été choisis que par moins de la moitié des sondés.
D’autres éléments de l’étude de Dekra pourraient donner raison à cet enthousiasme très modéré pour la conduite autonome.
Des capteurs déréglés sont un risque important de dysfonctionnement
La technologie de conduite autonome repose sur des caméras, radars et capteurs. Leur réglage est essentiel au bon fonctionnement de l’ensemble du système. Ces éléments disposent d’ailleurs d’autodiagnostics qui signalent une anomalie au véhicule, si une caméra ou un capteur est trop déréglé ou inopérant.
Il existe cependant une zone grise entre la position correcte des capteurs et la position qui détecte une anomalie. Le centre Dekra a tenté une expérimentation en déréglant très légèrement plusieurs éléments pour tester le comportement du véhicule. Le résultat est hélas sans appel, le moindre changement du réglage peut induire des erreurs du véhicule pour détecter correctement les obstacles et leurs distances. Un petit choc de stationnement pourrait très bien amener à ce genre de situation dans la vie de tous les jours. Pour Dekra, il est nécessaire que, lors des contrôles des véhicules, ces éléments soient aussi systématiquement vérifiés.
Un manque de formation des conducteurs sur le fonctionnement des aides
L’accidentologie aux États-Unis n’a cessé de croître, pourtant le pays est un de ceux où les aides à la conduite et les robotaxis ont rapidement pris leur essor. Une partie des conducteurs désactivent complètement les aides à la conduite parce qu’ils n’ont pas confiance en ces systèmes. Mais, l’étude pointe aussi le comportement inverse, qui s’avère tout aussi dangereux : « Certains conducteurs se reposent trop sur ces fonctions parce qu’ils n’en comprennent pas les capacités. »
Le marketing des constructeurs automobiles est souvent passé par là, les marques ont tendance à survendre leurs options d’aides à la conduite sans vraiment expliquer leur fonctionnement. « Les fonctions ADAS devraient rendre la conduite plus sûre et moins compliquée. Mais jusqu’ici, nous constatons exactement le contraire », précise Mark Chung, le Vice-président exécutif de la sécurité routière américaine (NSC).
Cette méconnaissance et ce manque de formation des conducteurs sont évoqués dans l’un des premiers points de la conclusion de l’étude Dekra sur la technologie et l’humain. L’entreprise indique que : « Pour garantir l’utilité des systèmes d’aide à la conduite, les automobilistes doivent être mieux informés de leurs domaines d’application respectifs, des limites du système et de l’utilisation des fonctions. Ces informations ne doivent pas seulement être accessibles au propriétaire initial d’un véhicule, mais aussi au deuxième ou au troisième propriétaire. »
L’étude conclue également que, pour l’instant, aucun système technique n’est aussi habile que l’humain à appréhender la situation environnante pour en tirer les bonnes conclusions. Si le véhicule détecte un ballon qui traverse la route, l’humain sait lui par expérience que derrière le ballon, il pourrait y avoir un enfant. La technologie évolue très rapidement en ce sens. Mais, tant que ces nouveaux systèmes élaborés ne dominent pas parmi les aides à la conduite (plus simples) qui équipent une grande majorité des véhicules, il est possible de conserver une confiance faible en ces systèmes. Surtout que la technologie a encore quelques faiblesses lors de conditions météorologiques dégradées. La pluie, la neige, le brouillard ou les feuilles mortes peuvent facilement nuire à la visibilité des capteurs et des caméras.
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