Comme un certain petit village gaulois d’indestructibles qui résiste encore et toujours à l’envahisseur romain, il existe une zone dans l’océan Atlantique, au sud du Groenland, qui reste froide depuis plus d’un siècle malgré le réchauffement maritime global.
Comment est-ce possible ? Une nouvelle étude menée par des scientifiques de l’université de Californie à Riverside, publiée le 26 juin 2025 dans la revue Nature, vient d’identifier la cause de ce phénomène. Pas de potion magique ici, il s’agit du ralentissement de la circulation d’un système de courant massif, appelé la « circulation méridienne de retournement de l’Atlantique » et abrégé « Amoc ».
La circulation méridienne de retournement de l’Atlantique
Ce système de courant déplace les eaux chaudes et salées des tropiques vers le nord et les eaux plus froides vers le sud. Puisqu’il ralentit, moins d’eaux chaudes salées atteignent l’Atlantique Nord, ce qui engendre un refroidissement et un adoucissement de l’eau de cette zone au sud du Groenland.
Les observations directes de l’Amoc ne remontent qu’à une vingtaine d’années. Pour restituer les changements sur un siècle, les scientifiques ont utilisé les données de salinité et de température pour en analyser les variations. Ils les ont ensuite comparées à une centaine de modèles climatiques différents. Kai Yuan Li, auteur principal de l’étude, déclare dans le communiqué de presse que « si l’on compare les observations à toutes les simulations, seul le scénario d’Amoc affaibli reproduit le refroidissement dans cette région. »
Les conséquences d’un affaiblissement de l’Amoc
Les répercussions de ce refroidissement sont conséquentes.
La météo en Europe est influencée par cette modification parce qu’elle joue sur les précipitations et déplace le courant-jet, « un courant d’air de haute altitude qui oriente les systèmes météorologiques et contribue à la régulation des températures en Amérique du Nord et en Europe. »

Par ailleurs, ce refroidissement déséquilibre les écosystèmes marins. En effet, la chaleur et la contenance en sel des zones marines influencent là où les différentes espèces marines peuvent vivre.
La question se pose depuis longtemps de savoir si ce refroidissement au sud du Groenland est dû à une dynamique des océans perturbée ou à des facteurs atmosphériques comme la pollution par les aérosols. Longtemps, les scientifiques optaient plutôt pour la 2ᵉ option. Cependant, comme le clarifie Kai Yuan Li : « Nos résultats montrent que seuls les modèles avec un Amoc en baisse sont corrects. Ces travaux montrent que l’Amoc s’affaiblit depuis plus d’un siècle. Cette tendance risque de se poursuivre si les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter. »
Avant de conclure, pour l’avenir : « La technique que nous avons utilisée est un moyen puissant de comprendre comment les systèmes océaniques et climatiques ont changé et où ils se dirigent, probablement si les gaz à effet de serre continuent d’augmenter. »
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