Il existe plusieurs niveaux de conduite autonome, entre un futur dystopique de voitures sans volants et la réalité actuelle où le conducteur est responsable de son véhicule. Voici ce qu’est la conduite autonome, ce qui est autorisé et ce qui distingue les différents niveaux d’autonomie.

Beaucoup de véhicules disponibles aujourd’hui sur le marché revendiquent un certain niveau d’autonomie. La dénomination de certaines aides à la conduite a favorisé depuis quelques années le flou qui règne autour de ce à quoi correspondent les véhicules autonomes. On pense notamment à l’Autopilot de Tesla, qui peut laisser imaginer un véhicule qui conduit ses occupants, alors qu’il n’en est rien.

La législation a dû évoluer en même temps que la technologie pour s’assurer que les routes ne deviennent pas un terrain de jeu pour les constructeurs. Simultanément, des associations ont proposé une définition standardisée des différents niveaux d’autonomie, pour que l’on puisse s’y retrouver plus facilement.

C’est quoi, la conduite autonome ?

La conduite autonome est dans l’inconscient collectif ce que l’on a déjà pu observer dans certaines œuvres de science-fiction futuristes : une voiture qui conduit « toute seule ». Cependant, la réalité n’est pas si simple, et on recense plusieurs niveaux d’autonomie sur lesquels on reviendra plus bas.

Ainsi, la notion de voiture autonome peut désigner à la fois un véhicule semi-autonome comme un véhicule totalement autonome. En l’occurrence, les constructeurs n’hésitent pas à entretenir le flou sur ces notions depuis une décennie. Par exemple, Peugeot en 2015 affirmait lancer ses voitures autonomes en 2020, Renault-Nissan prétendait proposer une voiture autonome dans les bouchons pour 2016. Chez Tesla, la promesse de la voiture autonome est un fil conducteur.

La réalité pour les conducteurs est pourtant encore bien loin de la conduite 100 % autonome, peu importe où ils se trouvent sur la planète. Certaines législations peuvent paraître plus laxistes que d’autres, puisqu’une même voiture n’est pas capable des mêmes manœuvres selon sa géolocalisation.

Si vous souhaitez aller plus loin sur la définition de la conduite autonome, la page Wikipédia associée montre bien que c’est une notion qui est difficile à appréhender. En l’occurrence, de nombreuses définitions sont proposées, sans pour autant qu’une soit plus exacte que les autres. En France, un décret précise les définitions légales pour trois niveaux de véhicules à délégation de conduite : partiellement, hautement ou totalement automatisé.

Est-ce que la conduite autonome est autorisée en France ?

Des définitions sont inscrites dans des textes légaux en France, ce qui implique forcément certaines autorisations relatives à la conduite autonome. Depuis le décret de 2021, plusieurs évolutions ont eu lieu. On retrouve, par exemple, des notions de responsabilité du constructeur du véhicule (et non plus du conducteur ou du titulaire du certificat d’immatriculation) lorsque le système de conduite automatisé est aux commandes.

La France faisant partie de l’Union européenne, les textes adoptés au niveau européen le sont ensuite en France, à l’image des évolutions proposées en juin 2022 par les Nations unies.

Ainsi, depuis l’été 2022, la conduite autonome de niveau 3 est autorisée jusqu’à 130 km/h sur les routes dotées d’un séparateur central, et interdites aux piétons et cyclistes. Cependant, entre une autorisation et une disponibilité en pratique pour tous les Français, il y a une grande différence. D’autant que la majorité des Français font preuve de méfiance vis-à-vis de la conduite autonome.

Certains véhicules semblent avoir le matériel suffisant pour être utilisés de manière autonome, et la législation offre la possibilité de s’en servir. Cependant, le transfert de responsabilité au constructeur paraît être la raison de l’absence d’autonomie de niveau 3, 4 ou 5 sur la plupart des voitures aujourd’hui en France.

Quels sont les niveaux de conduite autonome ?

On retrouve 6 niveaux d’autonomie, classés de 0 à 5 selon la SAE (Society of Automotive Engineers, regroupant des ingénieurs, scientifiques et professionnels de l’industrie automobile). Ils correspondent, de manière synthétique, d’une part à un véhicule qui n’offre aucune aide au conducteur, et d’autre part à un véhicule dans lequel le conducteur n’effectue aucune action, voire est absent.

Niveau 0 : pas d’assistance active

Bien qu’il soit de moins en moins présent, le niveau 0 existe bien. Il s’agit en substance de véhicules où l’intégralité de la conduite est déléguée au conducteur. Le véhicule peut avertir la personne au volant à l’aide de différentes alertes visuelles ou sonores, mais c’est bien le conducteur qui prend toutes les décisions.

Niveau 1 : une seule aide à la conduite

La quasi-totalité des voitures en vente aujourd’hui peuvent être considérés comme autonomes de niveau 1. Il s’agit là d’une seule aide à la conduite, qui peut être par exemple un régulateur de vitesse adaptatif, ou encore une assistance au maintien dans la voie.

Lorsqu’on parle de niveau 1, il ne peut y avoir qu’une seule de ces aides en fonctionnement, et non pas plusieurs simultanément. Dans tous les cas, l’être humain derrière le volant reste présent, alerte, et prêt à prendre le contrôle 100 % du temps.

Niveau 2 : régulateur de vitesse adaptatif et maintien dans la voie

Le vrai gap dans la conduite autonome s’opère à partir du niveau 2. On le retrouve sur beaucoup de véhicules neufs aujourd’hui, et la version la plus populaire et connue du grand public d’une assistance de niveau 2 n’est autre que l’Autopilot de Tesla.

La Tesla rappelle vite de remettre les mains sur le volant // Source : Raphaelle Baut
La Tesla rappelle vite de remettre les mains sur le volant. // Source : Raphaelle Baut

Ainsi, il s’agit d’une combinaison d’un régulateur de vitesse adaptatif et d’un maintien actif dans la voie. Plus simplement, l’autonomie de niveau 2 fournit une aide à la fois au niveau de la direction, et du contrôle de la vitesse.

Il s’agit là encore d’un niveau d’autonomie dans lequel la personne au volant est responsable en toutes circonstances de son véhicule, et doit constamment surveiller les fonctionnalités de conduite automatisée. En outre, le conducteur doit être prêt, là encore, à reprendre le contrôle à chaque instant.

Niveau 3 : le véhicule conduit, pas le conducteur, sous certaines conditions

Si le niveau 2 était encore sous la responsabilité du conducteur, le niveau 3 passe un cap. C’est le niveau d’autonomie à partir duquel, lorsque les fonctionnalités le permettent, la personne assise en face du volant n’est plus — en pratique — le conducteur. C’est la voiture qui conduit, et tant que les fonctionnalités de conduites autonomes sont enclenchées, la responsabilité est portée par la voiture. Un système autonome de niveau 3 doit donc gérer tous les aspects de la conduite : accélération, freinage, maintien dans la voie, changement de voie, etc.

Depuis 2022, cette conduite autonome de niveau 3 est autorisée en France, sans qu’en pratique personne n’en profite vraiment. Le Drive Pilot de Mercedes permet de profiter de ce niveau 3, dans certaines circonstances particulières (principalement dans des embouteillages sur autoroute).

Si le niveau 3 permet une conduite autonome, sans responsabilité humaine lorsqu’il est engagé, il diffère toutefois des niveaux 4 et 5 en ce sens où, lorsque le véhicule le demande, il faut reprendre la main.

Niveau 4 : la vraie autonomie commence

Le niveau 4 représente ce que l’on connait de mieux aujourd’hui. Le fossé entre niveau 3 et niveau 4 est conséquent, puisqu’un système de conduite autonome de niveau 4 ne demandera pas au conducteur de reprendre en main le véhicule lorsqu’il fonctionne.

Pour autant, il ne s’agit pas là d’une conduite autonome en toutes circonstances. En effet, l’autonomie de niveau 4 est actionnable là encore uniquement dans des conditions particulières. Il peut ainsi s’agir d’une route préconfigurée par le constructeur, ou une zone géographique où l’autonomie de niveau 4 est fonctionnelle.

Robotaxis Cruise à San Francisco // Source : Cruise
Robotaxis Cruise à San Francisco. // Source : Cruise

On peut citer certaines portions de ville, ou bien certaines zones urbaines où Cruise, Waymo et autres taxis autonomes proposent leurs services. Ce n’est pas la personne derrière le volant — s’il y en a une — qui est en train de conduire, mais bien le véhicule qui conduit les occupants. Il est possible que les pédales et le volant ne soient plus présents sur de tels véhicules, mais il faut s’assurer que les circonstances dans lesquelles ils vont être amenés à router sont bien gérées par le système de conduite autonome.

Niveau 5 : 100 % autonome en toutes circonstances

Le Graal de l’autonomie est le niveau 5. Un système de niveau 5 remplace dans toutes les circonstances possibles un conducteur humain. Ainsi, il s’agit d’un niveau 4 généralisé à tous les endroits du globe, dans toutes les conditions.

Pour qu’un système soit considéré de niveau 5, il faut donc qu’il soit aussi bien capable de vous transporter sur autoroute à 130 km/h sans aucun virage, que de prendre des intersections complexes avec multiples priorités, tout en pouvant céder le passage aux véhicules d’urgence et autres piétons.

On comprend bien pourquoi, à ce jour, il n’existe aucun véhicule autonome de niveau 5 pour le grand public. La technologie n’est sans doute pas assez mature. Le futur nous dira si cela deviendra possible, ou si au contraire, il ne s’agira que d’un concept réservé à la science-fiction.

Enfin, il est important de différencier les capacités d’un véhicule de ce que l’on ressent en tant que passager : être conduit d’un point à un autre par une voiture est parfois possible, mais rarement de manière aussi confortable, sereine et rapide qu’avec conducteur humain. Et si le vrai défi du futur était plutôt de proposer une autonomie de niveau 2 ou 3 d’exception, plutôt qu’un niveau 4 ou 5 tout juste passable ?

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