Un étrange signal émane de l’Antarctique

Il se passe quelque chose sous l’Antarctique, qui pourrait bien défier nos connaissances actuelles. D’étranges impulsions radio ont été détectées, émanant de la glace du continent blanc. Cette découverte intrigante, relayée par l’université d’État de Pennsylvanie le 13 juin 2025, est détaillée dans une étude de la revue Physical Review Letters.

Alors que les scientifiques s’attendaient à détecter des signaux se reflétant sur la glace, ils ont été confrontés à des signaux avec une orientation bien plus énigmatique. Les signaux perçus semblent émaner d’au-dessous de l’horizon, autrement dit, sous la surface de la glace. D’après les connaissances actuelles, les signaux « semblent incompatibles avec le modèle standard de la physique des particules », peut-on lire dans l’étude.

Comment ce signal énigmatique a-t-il été détecté en Antarctique ?

Les signaux ont pu être perçus grâce à un détecteur de particules cosmiques qui se trouve en Antarctique, ANITA (pour « Antarctic Impulsive Transient Antenna »). Ce projet, porté par l’université d’Hawaï, implique notamment un financement de la Nasa.

L’expérience utilise des ballons stratosphériques, équipés d’antennes radio, évoluant à 30-39 km au-dessus de l’Antarctique. ANITA est ainsi chargé de survoler l’Antarctique pour détecter la signature de neutrinos, c’est-à-dire des particules fondamentales de l’Univers. Les scientifiques les surnomment « particules fantômes » car elles sont extrêmement complexes à détecter.

Les neutrinos sont très intéressants pour la recherche, car ces particules peuvent révéler des indices précieux sur des événements cosmiques survenus à des années-lumière de nous. Les neutrinos voyagent presque aussi vite que la vitesse de la lumière, en étant très peu perturbés. Pour les astronomes ou astrophysiciens, c’est un véritable moyen d’observation du ciel, parfois même plus performant que les télescopes les plus puissants.

Il peut sembler étrange d’aller en Antarctique pour étudier des événements cosmiques si lointain. Or, ce continent est idéal pour étudier les ondes radio associées à des rayons cosmiques arrivant sur Terre, pour plusieurs raisons. L’une d’elles est le risque d’interférences avec d’autres signaux, qui est limité en Antarctique. Par ailleurs, la glace de l’Antarctique aide les scientifiques à chercher les neutrinos qui pourraient interagir avec celle-ci : lorsqu’ils la percutent, cela produit les signaux radio qu’ANITA est capable de réceptionner.

Une anomalie inédite en physique des particules

Alors, pourrait-il s’agir de neutrinos ? Cela paraît peu probable, car les scientifiques ont confronté leurs données avec celles d’autres observatoires, IceCube (également situé au pôle Sud) et Pierre-Auger (en Argentine). Or, aucun événement correspondant n’a été identifié. La piste des neutrinos semble donc écartée, les chercheurs préférant qualifier le signal d’ « anormal ».

« C’est l’une des anomalies les plus intrigantes de la physique des astroparticules de ces 20 dernières années », commente sur X le physicien Fabrizio Bucella, de l’Université libre de Bruxelles, au sujet de la découverte (dans laquelle il n’est pas impliqué). « Pour atteindre le détecteur, ces signaux auraient dû traverser des milliers de kilomètres de roche, ce qui aurait provoqué leur anéantissement », complète-t-il.

Parmi les scénarios possibles pour expliquer ces signaux anormaux, on peut évoquer des particules encore inconnues, potentiellement liées à la matière noire (hypothétique). Mais il faudrait pour cela s’assurer qu’il ne s’agit pas, plus simplement, d’un phénomène de propagation mal connu entre la glace et la roche.

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