Si l’on devait résumer 2025 en deux lettres, les voyelles I et A gagneraient sans la moindre hésitation. C’est simple : l’intelligence artificielle a été sur toutes les lèvres ces 12 derniers mois. Du succès inattendu de DeepSeek à la guerre entre OpenAI et Google, sans oublier l’AI Summit en France, les investissements massifs de Meta (avec le départ de Yann LeCun), les nouveaux navigateurs concurrents de Chrome ou les images/vidéos générées par Sora ou Veo qui envahissent les réseaux sociaux : l’IA était partout. Elle rythme aussi l’économie mondiale avec un Nvidia encore en hausse cette année (+40 %) et un Google encore plus incontournable (+65 %). L’intelligence artificielle est sans conteste le cœur de la tech, et ce n’est très certainement pas fini.
Alors que l’année 2025 se termine, Numerama rembobine le film de ces 12 mois intenses pour analyser les 14 dates clés qu’il fallait absolument retenir.
20 janvier : le retour de Donald Trump fait trembler la Silicon Valley
L’année a commencé dans une ambiance électrique à Washington, sous le signe de l’incertitude. L’investiture de Donald Trump, scrutée par un parterre de patrons de la tech (Tim Cook, Mark Zuckerberg, Sundar Pichai…), a marqué le début d’une période de turbulences inédite pour l’industrie. Avec la nomination temporaire d’Elon Musk au sein d’une commission gouvernementale, beaucoup s’attendaient à une administration pro-GAFAM… mais c’est l’inverse qui s’est d’abord produit.
La menace de droits de douane massifs sur les produits importés a fait paniquer tout le secteur de la tech. Apple, Google et consorts ont dû importer des stocks en urgence et revoir leurs chaînes logistiques, ce qui a provoqué une chute temporaire de leurs valorisations boursières en début d’année. Un an plus tard, après d’innombrables changements d’avis de Donald Trump, la menace plane toujours, mais sert désormais de négociation géopolitique permanente. Le scénario catastrophe d’une économie mondiale à l’arrêt semble loin, mais Donald Trump continue d’utiliser cet argument pour menacer les grands industriels et les nations étrangères.

27 janvier : le séisme DeepSeek réveille les consciences sur l’IA chinoise
À peine une semaine après l’investiture américaine, une première claque technologique arrive de Chine. Le laboratoire DeepSeek dévoile un modèle d’IA open source capable de rivaliser avec les performances de GPT-4, mais pour une fraction dérisoire de son coût d’entraînement (en tout cas selon ses affirmations) En s’appuyant sur une architecture « MoE » (Mixture of Experts) ultra-optimisée, DeepSeek a prouvé qu’il n’était pas nécessaire de posséder les plus gros supercalculateurs américains pour innover.
Le résultat fut immédiat : une panique boursière aux États-Unis, notamment sur le cours de Nvidia, alors jugé comme surévalué. Les investisseurs ont soudainement réalisé que la course à la puissance brute n’était peut-être pas la seule voie et que le monopole américain n’était pas éternel. Si DeepSeek s’est fait plus discret dans la seconde moitié de l’année, cet événement a rappelé que la Chine, portée par une communauté open source vibrante et des géants comme Alibaba, reste un concurrent redoutable capable de briller par son efficience énergétique et algorithmique. Les États-Unis, eux, n’ont pas l’avance qu’ils pensaient. Et en France, Mistral AI n’a pas à rougir avec ses modèles de petite taille.
26 février : la France bloque les sites pornographiques
C’était un serpent de mer législatif depuis des années : un arrêté ministériel a officiellement listé 17 sites pornographiques ne respectant pas les nouvelles normes de vérification d’âge. L’accès direct à Pornhub a été coupé pour des millions de Français, marquant un tournant dans la régulation du web.
Conséquence directe : l’utilisation des VPN et des DNS alternatifs a explosé. Cette mesure, bien que forte symboliquement pour la protection de l’enfance, démontre les limites techniques du filtrage administratif. Plusieurs mois après, les sites porno sont toujours bloqués en France.

(31 mai : le PSG remporte la Ligue des champions)
5-0 (Hakimi, Doué, Doué, Kvaratskhelia, Mayulu)
5 juin : la Nintendo Switch 2 débarque enfin (et casse tout)
Après des années de rumeurs contradictoires et d’attente insoutenable, Nintendo a enfin sorti la Switch 2 en 2025. Le Japonais n’a pas cherché à réinventer la roue avec un concept farfelu : il améliore ici simplement sa précédente console. Malgré un prix de lancement en hausse qui a fait grincer des dents de nombreux observateurs, le succès commercial a été immédiat.


Avec des records de vente pulvérisés dès la première semaine (10,36 millions d’unités fin septembre), Nintendo a prouvé une nouvelle fois que la puissance brute ne fait pas tout face à la force des licences. C’est incontestablement l’un des grands gagnants hardware de 2025, en espérant plus de jeux exclusifs en 2026.

9 juin : Apple dévoile iOS 26 et son nouveau design Liquid Glass
Lors d’une WWDC très politique, marquée en coulisses par les tensions vives avec la Commission européenne autour du DMA, Apple a présenté iOS 26. Pour la première fois depuis iOS 7, l’interface a subi un lifting majeur. Apple a introduit un langage visuel jouant sur la transparence, la profondeur et des effets de verre dépoli, donnant un coup de jeune bienvenu à l’ensemble de son écosystème.
Cette refonte esthétique cache une année calme sur le plan fonctionnel. Encore en retard sur l’IA générative face à un Google très agressif, Apple a joué la carte de la stabilité, de l’optimisation et du design. Une stratégie de transition assumée, en attendant de muscler son jeu, matériel et logiciel, en 2026 avec des fonctionnalités d’IA plus gourmandes. Les iPhone 17, annoncés en septembre, font aussi partie des réussites de l’année.
16 juin : la panne historique de SFR paralyse le pays (et ses concurrents veulent l’absorber)
Plus de 10 heures de silence radio absolu. La panne gigantesque qui a touché le réseau SFR (mobile et fixe) le 16 juin a paralysé une partie de l’économie du pays, impactant les terminaux de paiement, les services d’urgence et des millions de particuliers. Un incident rare par son ampleur et sa durée.
Cet incident technique est survenu dans un contexte économique explosif pour l’opérateur au carré rouge. Quelques mois plus tard, le 14 octobre, une offre de rachat conjointe et inédite portée par le trio Orange, Bouygues et Free a été mise sur la table. Le démantèlement potentiel de SFR et la redistribution de ses fréquences s’annoncent déjà comme le grand feuilleton business et réglementaire de 2026, si l’opérateur décide bel et bien de se vendre.

9 juillet : la guerre des navigateurs IA est officiellement déclarée
C’est une petite révolution dans nos usages quotidiens qui a démarré cet été. Perplexity a tiré le premier avec Comet, un navigateur web d’un nouveau genre, conçu non plus pour simplement afficher des sites, mais pour agir comme un agent à votre place. L’objectif était clair et ambitieux : tuer le monopole de Chrome grâce à un assistant intelligent.
La réponse des géants ne s’est pas fait attendre. OpenAI a rapidement dégainé son propre navigateur Atlas en octobre, tandis que Google a commencé à intégrer ses modèles Gemini directement au cœur de Chrome. Si la technologie n’est pas encore parfaite et soulève des questions sur le modèle économique des sites web, 2025 est une année de transition pour le web.
7 août : le lancement en demi-teinte de GPT 5
C’était sans aucun doute l’événement tech le plus attendu de l’année. Pourtant, l’arrivée de GPT-5 au cœur de l’été a laissé un goût d’inachevé à de nombreux observateurs. Malgré des capacités de raisonnement accrues, le saut magique ressenti par le grand public lors du passage de GPT-3 à GPT-4 n’était tout simplement pas au rendez-vous.
Entre des promesses marketing peut-être trop élevées, des fonctionnalités manquantes au lancement et les revirements constants de Sam Altman (qui a fait évoluer le modèle à la suite des plaintes des utilisateurs), OpenAI a traversé une zone de turbulences. L’entreprise a lancé GPT-5.1 et GPT-5.2 dans les semaines qui ont suivi pour rattraper le coup, mais souffre désormais d’une concurrence plus forte avec Google.
26 août : Google nano-banana : une révolution pour la génération d’image
Quelques jours après le lancement raté de GPT-5, Google a fait beaucoup de bruit. Avec son modèle d’image au nom de code improbable, nano-banana, le géant de la recherche a battu tous les records de vitesse et de qualité. Ce modèle a résolu de nombreux problèmes de cohérence, sait générer du texte sans faute et se souvient des visages. Il a été suivi par nano-banana-pro en novembre.
Plus rapide, plus photoréaliste et surtout directement intégré dans l’écosystème Android, nano-banana a propulsé l’application Gemini en tête des téléchargements mondiaux à la rentrée. C’est le moment de bascule précis où Google a cessé d’être le « suiveur » pour devenir l’égal d’OpenAI auprès d’une partie du grand public.

22 octobre : Samsung et Google lancent le premier casque Android XR
Face à l’Apple Vision Pro, la concurrence a enfin répondu en 2025. Le lancement du Samsung Galaxy XR, propulsé par la toute nouvelle plateforme ouverte Android XR de Google, marque le démarrage d’un nouveau système d’exploitation spatial. Personne ne sait si Android XR rencontrera le succès, mais Google le proposera ensuite sur des lunettes, ce qui augmente ses chances de réussite.
Nettement moins cher, plus modulaire et soutenu dès le premier jour par des millions d’apps, le casque ouvre la voie à un développement d’une nouvelle informatique. L’année a aussi été marquée par les Meta Ray-Ban Display, les premières lunettes connectées de Meta avec un écran.
23 octobre : Starlink révolutionne le Wi-Fi chez Air France
Pouvoir streamer une série en 4K ou jouer en ligne en plein ciel, c’est désormais possible au bord des avions Air France. La compagnie aérienne a frappé un grand coup en devenant l’une des premières compagnies majeures au monde à généraliser le très haut débit par satellite de Starlink sur sa flotte.
Si la prouesse technique et le confort passager sont indéniables, le choix de la technologie d’Elon Musk au détriment de solutions souveraines européennes (comme celles d’Eutelsat) a déclenché une vive polémique politique en fin d’année. En 2025, Starlink a confirmé son statut d’infrastructure désormais indispensable et compte poursuivre son ascension, pour pourquoi pas un jour remplacer les opérateurs ?
18 novembre : Google assomme OpenAI avec Gemini 3
Coup de grâce de cette année folle pour l’intelligence artificielle : en novembre, Google lance Gemini 3 Pro (puis Gemini 3 Flash en décembre). Le succès est immédiat : Google reprend le leadership sur la quasi-totalité des benchmarks techniques et impressionne tout le monde. Personne n’arrive à son niveau au 31 décembre 2025 : Google a battu tous les records et a récupéré de nombreux utilisateurs.
Pour OpenAI, le lancement de Gemini 3 a provoqué une « alerte rouge ». L’entreprise a déployé GPT-5.2 en urgence pour tenter de colmater la brèche et préparerait GPT-5o pour le début d’année. Google doit encore fait du progrès en code pour battre Anthropic, mais ses modèles Gemini sont désormais exceptionnels. Bonus : Google les intègre partout, y compris dans son moteur de recherche.
5 décembre : Netflix et Warner Bros., le rachat du siècle
82,7 milliards de dollars. C’est la somme astronomique posée sur la table par Netflix pour s’offrir Warner Bros. Discovery. L’année se termine sur ce séisme culturel et économique qui inverse définitivement la dynamique d’Hollywood : le streaming est désormais le roi du secteur.
Harry Potter, Batman, Game of Thrones et tout le catalogue HBO sont en bonne voie pour intégrer le catalogue de Netflix, même si le feuilleton réglementaire et antitrust ne fait que commencer aux États-Unis. Netflix doit notamment faire face aux tentatives d’acquisitions hostiles de Paramount, que Warner Bros. Discovery décline pour l’instant.
Bonus : des failles de sécurité toute l’année
Impossible de clore ce bilan sans aborder l’un des gros de problèmes de 2025 : des fuites de données massives chez Free Mobile aux piratages de ministères, sans oublier les pannes bancaires systémiques ou le piratage de nombreux sites… L’année a été noire en cybersécurité. Les données de santé, bancaires et personnelles de la quasi-totalité des Français ont, à un moment ou un autre, été exposées.
Jamais la fragilité de nos vies numériques n’a été aussi palpable. Si la tech nous a fait rêver avec les promesses de l’IA et de la VR cette année, elle nous a aussi rappelé qu’il était plus important que jamais de renforcer son hygiène numérique.
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