Dans nos timelines et feeds saturés de « success stories » et d’innovations toutes plus saluées les unes que les autres, il fallait bien un contre-pied : Flops ?! est cette bouffée d’air (et d’échecs) dont la tech avait besoin. Organisée par le Musée des Arts et Métiers (Cnam) du 14 octobre 2025 au 17 mai 2026, cette exposition rassemble prototypes défaillants, vestiges du passé — dont certains furent de cuisants échecs — mais aussi installations interactives. Tout cela autour d’un même fil rouge : la beauté du raté. Design affreux, prix exorbitant ou idée un peu trop loufoque pour l’époque… la tech a, elle aussi, son lot de consolations.
Lors de notre visite, on s’est surpris à trouver un certain sens dans le chaos de ces lancements ratés… tout en relativisant l’échec d’autres pièces.
Une ode à l’échec
Le parcours de l’exposition s’articule en quatre grandes sections thématiques : Oups !, Raté — mode d’emploi, Les raisons de la galère et Mieux rater pour innover. On y navigue en s’interrogeant : pourquoi ces produits n’ont-ils pas marché ? quel a été leur impact après coup ? et que nous disent-ils, finalement, de notre rapport à l’innovation ?
Il y a d’abord les échecs liés à la dangerosité du produit, comme le Boeing 737 Max, puis ceux dus à un simple défaut de conception — à l’image du caméscope Fisher Price, dont la vidéo est médiocre et les piles à remplacer toutes les sept minutes. Ou du préservatif en spray, tout aussi peu pratique, exposé juste à côté.
Sans parler des lunettes de sport futuristes Nike Magneto (1995-1997), qui nécessitent… de coller un aimant sur son front pour les fixer.
Un échec peut aussi simplement être dû à un lancement au mauvais moment : shoutout au BlackBerry Storm 9500, censé répondre au succès de l’iPhone, ou encore au Bi-Bop, le téléphone « mobile » avant le GSM, trop en avance pour son temps. Le Sony MiniDisc, lui, fut visionnaire mais surestima les besoins du public.
Bien que l’on ne soit pas toujours d’accord avec la qualification de certains objets — peut-on réellement classer la Magic Mouse d’Apple parmi les ratés, alors qu’elle se vend encore 15 ans après son lancement ? — Flops ?! revient aussi sur des objets qui ont servi à propulser leurs successeurs.
C’est notamment le cas de la Wii U, console la moins vendue de Nintendo, mais qui a contribué, d’une façon ou d’une autre, au succès de la Switch.
Philippe Starck, parrain de l’exposition, résume d’ailleurs la démarche ainsi : « Nos échecs d’aujourd’hui sont les succès de demain ».
« Flops ?! » laisse aussi place à l’absurde
L’exposition fait également place à l’absurde, avec le Catalogue des objets introuvables de Jacques Carelman — une parenthèse humoristique qui rappelle pourquoi certains objets, eux, ont bel et bien trouvé leur public.
On y retrouve aussi la collection de Katerina Kamprani, designeuse grecque derrière The Uncomfortable, une série d’objets du quotidien volontairement impratiques. Plus qu’une simple galerie d’échecs, Flops ?! désacralise la technologie et l’innovation. Derrière chaque succès éclatant se cache un prototype raté, un bug, un crash, un 404, ou un moment de panique dans une salle de serveurs. Le résultat : une expo où l’on rit, où l’on réfléchit, et où la nostalgie n’est jamais bien loin.
Infos pratiques :
- Du 14 octobre 2025 au 17 mai 2026
- 📍 Conservatoire national des Arts et Métiers – 60 rue de Réaumur, 75003 Paris
- 🕙 Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h (jusqu’à 21h le vendredi)
- 💶 Plein tarif : 12 € | Tarif réduit : 9 € | Gratuit pour les moins de 26 ans
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