Bientôt, l’avion ne sera plus un lieu totalement déconnecté du reste du monde. Il pourrait même devenir un endroit avec une connexion Internet anormalement bonne, parfois meilleure que la 4G/5G terrestre ou le Wi-Fi de la maison. Une petite révolution que personne n’aurait imaginée il y a quelques années.
Depuis le début de l’été 2025, Air France commence à déployer ses premiers avions équipés d’antennes Starlink, la technologie d’Elon Musk et de SpaceX. Numerama a pu tester en avant-première le nouveau Wi-Fi « très haut débit » d’Air France, comme l’annonce le chef de cabine avant le décollage, lors d’un vol commercial opéré en octobre 2025. Il y avait alors 17 avions compatibles Starlink sur une flotte de 250 engins, mais la compagnie aérienne indique à Numerama qu’elle s’apprête à accélérer le déploiement (30 % d’ici la fin de l’année, 100 % d’ici fin 2026).
Des tests de débit dignes de la fibre et une stabilité incroyable
Déjà présent dans les avions Air France depuis plusieurs années, le Wi-Fi est aujourd’hui très limité. Il fonctionne grâce à des satellites géostationnaires situés à 36 000 km d’altitude (parfois Eutelsat, parfois Intelsat, parfois Panasonic) qui dépendent d’une constellation âgée, avec jusqu’à 20 ans d’écart d’un appareil à un autre. Ce système a deux inconvénients majeurs : la latence est énorme (plus de 1000 ms) et il n’est pas fiable (plusieurs zones ne sont pas couvertes, d’autres ont des débits misérables, notamment quand on passe d’un bon à un mauvais satellite).
Une partie de cet article a d’ailleurs été pendant un vol Paris-San Francisco avec l’ancien système : nous avons eu cinq heures d’indisponibilité au-dessus du cercle arctique, et de gros bugs le reste du temps. Bref, c’est inutilisable, et frustrant à 29 euros.

En faisant le pari de Starlink il y a trois ans, Air France a voulu prendre de l’avance sur son temps. C’est tout le concept de l’Internet satellitaire qui est revu, avec un changement majeur de technologie. D’autres compagnies ont annoncé des changements similaires, comme Qatar Airways ou United Airlines, mais Air France n’a pas à rougir. Elle devrait être la première à déployer Starlink sur autant d’avions, pour aller chercher une clientèle plus premium.


Grâce à Starlink, les avions ne se connectent plus à des antennes à 36 000 km d’altitude, mais à la constellation de 10 000 satellites d’Elon Musk, située à 550 km de hauteur. La différence est phénoménale : on s’approche des débits de la fibre, avec une latence entre 20 et 60 ms la plupart du temps. Tous les satellites sont récents : il n’y a plus de disparité d’une zone à une autre. Autre avantage : il y a des satellites partout, le réseau est garanti sur toute la planète (ou presque, mais un autre satellite devrait rapidement arriver).

Pour mettre à jour un avion vers Starlink, comptez une petite journée d’immobilisation. Air France remplace à la fois l’antenne sur le toit (il y en a une ou deux en fonction de la taille de l’avion), ainsi que les points d’accès Wi-Fi de l’avion. La compagnie aérienne parle de 3 à 4 points d’accès par antenne, avec une couverture égale dans tout l’avion. Elle nous indique aussi avoir fait le pari du Wi-Fi 7, même si nous étions en Wi-Fi 5 pendant nos tests.
Comment savoir si votre avion est Starlink-ready
Comment savoir si votre avion est équipé du nouveau Wi-Fi ? Le SSID n’est pas le même. AirFranceCONNECT correspond à l’ancienne technologie, AirFranceWIFI est le nouveau. Une autre différence est le prix : Starlink est gratuit, alors qu’il fallait payer jusqu’à 29 euros par vol sur l’ancien système (et encore plus il y a quelques années).
Voilà déjà un sacré paradoxe : la technologie est infiniment meilleure, mais est gratuite. Il suffit de créer un compte Flying Blue, avec la possibilité de connecter six appareils par compte. Air France explique à Numerama vouloir se positionner comme une compagnie haut de gamme : le champagne et le Wi-Fi sont gratuits dans ses avions.

À bord d’un Airbus A220 direction Porto, nous avons fait de nombreux essais pour mesurer la fiabilité du nouveau réseau d’Air France.
Les tests de débit sont tout simplement impressionnants : on tombe rarement sous les 100 Mbps en débit descendant, avec des pics à 400 Mpbs. Le débit montant est aussi tout à fait honorable, avec environ 40 Mbps dans tous les cas. C’est assez, d’après nos mesures, pour atteindre les 10 Mo/s en téléchargement et uploader de lourds fichiers (4 Go) en moins de 15 minutes. Qui aurait pensé ça possible dans un avion, dans le ciel ? Air France indique que ses tests indiquent que même dans un avion où tout le monde est connecté à Internet, l’utilisateur ne devrait pas connaître de gros ralentissement.

Autre usage qui pourrait devenir une habitude : le streaming. YouTube, Netflix, myCANAL… Tout fonctionne comme à la maison, avec un flux en qualité maximale qui démarre en moins d’une seconde. On se demande même si les écrans à bord des avions ne sont pas condamnés à disparaître, alors que le nouveau Wi-Fi permet d’accéder à tous les contenus du monde entier, comme des matchs de foot en direct. Air France envisage notamment de proposer en accès local son catalogue non soumis à la chronologie des médias, pour que vous puissiez regarder des films depuis votre iPad sans écran sur le siège avant. À noter que les VPN ne sont pas bannis, et que les appels FaceTime sont parfaitement possibles, au même titre que les appels de groupe Zoom ou Google Meet. Le contrecoup pourrait être une transformation de l’avion en un lieu où les gens se téléphonent, en espérant que le calme restera.

Pour tenter d’arriver au bout du réseau Air France, nous avons amené un PlayStation Portal, pour tenter de jouer en cloud gaming.
Une fois la dure étape du portail de connexion passée (c’est la faute de PlayStation, qui force à scanner un QR code sur un smartphone), nous avons pu jouer pendant une heure d’affilée sans aucune déconnexion. La latence est à peine trop élevée pour du jeu en réseau (notamment FC 26, avec du 40-50 ms selon nos mesures), mais l’image est de très bonne qualité, avec très peu de perte. Impressionnant.

Le nouveau Wi-Fi d’Air France est une vraie révolution. Avec Starlink, la compagnie aérienne française propose une rupture technologique majeure, qui rend possible l’accès au très haut débit depuis n’importe quel endroit de la planète. Il est assez fou de se dire que l’on capte mieux dans un avion que dans un train ou dans certains villages en 2025… et que SpaceX a réussi son pari.
D’ici à l’année prochaine, Air France devrait avoir mis à jour 100 % de ses avions, y compris sur les lignes locales (HOP est aussi concerné, pas Transavia). Air France s’attend à une transformation progressive des usages : seuls 30 % des passagers se connectaient à l’ancien réseau Wi-Fi (et une infime minorité payait). Ses premiers tests suggèrent que Starlink change tout : les passagers vont être de plus en plus nombreux à profiter de leurs vols pour regarder des vidéos en streaming, envoyer des mails ou jouer en ligne. Que la SNCF s’en inspire !
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