[Témoignages] De nombreux Français et Françaises ont réservé un premier créneau de vaccination après l’allocution d’Emmanuel Macron du 12 juillet 2021. Pourquoi ces personnes ont-elles tant attendu pour se faire vacciner contre la maladie Covid-19 ? Nous les avons interrogées.

Il y a un peu plus d’une semaine, le 12 juillet, Emmanuel Macron prenait la parole pour annoncer que le pass sanitaire serait exigé dès le 21 juillet pour pénétrer dans de nombreux lieux culturels et de loisirs. Plusieurs documents peuvent constituer ce pass notamment un certificat de rétablissement ou un certificat de vaccination.

Pour les personnes non vaccinées et n’ayant pas de documents prouvant qu’elles se sont remises du Covid, les choses se compliquent cependant, car il est nécessaire alors de présenter un test PCR ou antigénique négatif de moins de 48h. L’objectif du gouvernement est d’inciter un maximum de Français et de Françaises à se vacciner, alors que le variant Delta plus contagieux a lancé la « quatrième vague » de l’épidémie. Et la tactique semble fonctionner. Dès les annonces d’Emmanuel Macron, les Français ont été nombreux à vouloir se connecter sur Doctolib afin de réserver un rendez-vous.

« Il fallait un électrochoc »

Quelles raisons ont motivé les personnes qui ont pris leur rendez-vous le soir de ces annonces, ou dans les jours suivants ? Pour plusieurs Français et Françaises, par ailleurs favorables à la vaccination, la prise de parole d’Emmanuel Macron a fait l’effet d’une véritable piqure de rappel de l’urgence de la situation. « Je vais me faire vacciner, car comme beaucoup de jeunes, j’attendais pour aucune raison valable et je remettais à demain. Il fallait un électrochoc, comme une tapette sur les doigts », nous confie Bilal.

« J’ai tout simplement travaillé énormément de fin mai à début juillet, raconte de son côté Raphaël [le prénom a été modifié]. Le discours a été un rappel. Le fait de ne potentiellement plus pouvoir faire de concerts alors qu’ils viennent de rouvrir a fini de me motiver. » Ce laps de temps lui a aussi permis de s’informer : « J’ai pu profiter de ce temps ‘d’attente’ pour me renseigner sur les divers vaccins et les effets secondaires. »

Cet « éveil » et cette « prise de responsabilité » entraînés par l’allocution présidentielle sont également décrits par Florent. « N’ayant ‘que’ 25 ans, j’ai pensé à tort que je n’en avais pas spécialement besoin, raconte-t-il à Numerama. Étant également entouré d’une famille préférant retarder au maximum ce genre de prise de décision, j’ai un peu suivi le courant. » Cette tendance à repousser l’échéance de la vaccination, alors même qu’on est convaincu du bien-fondé de la mesure, est aussi décrite par Zaky. « Je suis absolument pro-vaccination et scientifique convaincu, je suis juste très très procrastinateur. […] Je me disais depuis longtemps qu’il fallait que je prenne mes rendez-vous, j’ai juste toujours repoussé par pure fainéantise. » Il ajoute que les contraintes d’agenda, lorsqu’il n’était pas en vacances, l’ont parfois découragé, tout en concluant : « ce ne sont pas des excuses valables ».

Flacons de vaccins contre le covid. // Source : Unsplash/Mat Napo (photo recadrée)

Flacons de vaccins contre le covid.

Source : Unsplash/Mat Napo (photo recadrée)

« Pas envie de me prendre la tête à penser au test PCR »

La décision de se faire vacciner maintenant a aussi été motivée par les difficultés quotidiennes plus importantes que risquent de rencontrer les personnes non-vaccinées — si elles ne disposent pas de certificat de rétablissement du covid. « Pas envie de me prendre la tête à penser au test PCR et tout le tralala. Je suis pro vax […], mais j’avais toujours la flemme d’aller me faire vacciner. Vu que tout le monde y va, ça m’a boosté à franchir ma flemme », complète Bilal dans son témoignage.

« Le fait de voir de plus en plus de restrictions arriver, avec également une courbe de contamination qui repart à la hausse m’a également conforté dans l’idée que cela devient une nécessité et non plus un passage optionnel », explique de son côté Florent. Les vacances d’été avaient incité certaines personnes à attendre avant de réserver un créneau, afin de recevoir une première dose à leur retour de congé (jusqu’à récemment, il n’était pas encore possible de réserver les deux doses dans deux centres différents).

Les annonces du président ont chamboulé cette organisation, comme l’explique à Numerama Priscilla. « J’avais prévu de me faire vacciner en rentrant de vacances en pensant qu’on serait tranquille en août pour se faire vacciner avec moins d’attente. Apparemment, cela va être l’inverse avec les annonces. Mais c’était prévu avant », nous explique-t-elle.

D’autres priorités d’ordre médical

Certains rendez-vous avaient été pris peu avant l’allocution d’Emmanuel Macron. Et pas forcément en prévision des annonces du président.  D’autres priorités médicales ont parfois obligé les personnes à prendre des rdv plus tardifs. Mathus, par exemple, a pris son rendez-vous trois semaines à l’avance, et sa première dose est prévue dans la semaine du 19 au 25 juillet. « Je me suis contenté de le prendre le plus tôt possible, j’avais d’autres vaccins à faire (HPV [ndlr : papillomavirus humains]), m’empêchant de prendre le vaccin covid avant », nous indique-t-il.

Maxime, de son côté, raconte que l’enchaînement des circonstances l’a amené à prendre son rendez-vous récemment, alors qu’il se décrit comme « pro-vaccin ». Le manque de disponibilités, une urgence médicale et l’engorgement des centres de vaccination y ont contribué. « Je suis dans un ESAT [établissement et service d’aide par le travail] pour travailleurs handicapés et on a très peu de RTT : je ne pouvais me permettre de les gaspiller, ayant d’autres rendez-vous médicaux, et ils ont mis du temps à accepter que partir temporairement pour le vaccin pouvait être considéré comme un ‘soutien extra-professionnel’ et pouvait donc se faire sur le temps de travail. Quant aux week-ends, c’était bondé ; et le seul week-end où j’aurais pu prendre un rendez-vous, j’ai fini à l’hôpital pour d’autres raisons. »

Autre cas de figure, raconté par l’internaute Roma en réponse à notre appel à témoignages : « J’attendais de savoir si mon arrêt maladie (pour une autre pathologie) était prolongé, car je ne voulais pas revenir au taf et me remettre en arrêt si les effets secondaires étaient trop forts. Puis, cinq jours avant mon rendez-vous vaccination, j’ai choppé le covid. »

Celles et ceux qui ont eu le covid en pleine 3e vague

Il ne faut enfin pas oublier que certaines personnes désireuses de recevoir leur vaccin ne pouvaient tout simplement pas l’obtenir plus tôt : c’est le cas des personnes qui ont attrapé la maladie Covid-19 il y a quelques mois, pendant la troisième vague. « Ayant eu le Covid comme une grande partie de la population lors de la vague d’avril, on est assez nombreux à pouvoir se faire vacciner seulement maintenant », fait remarquer Jillian sur Twitter. Après une infection à la maladie Covid-19, les personnes sont tenues de respecter un délai d’au moins deux mois après la fin des symptômes avant de recevoir leur unique dose de vaccin.

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