Le phénomène Joy-Con Drift, qui touche la Nintendo Switch, est un enfer pour les joueuses et les joueurs, mais aussi pour les réparateurs.

Avec plus de 100 millions d’exemplaires vendus, la Nintendo Switch est un immense succès, porté par des licences fortes, un catalogue varié et des expériences innovantes. Il n’empêche, l’image de la console est ternie par un phénomène qui pénalise les utilisatrices et utilisateurs depuis le début : le Joy-Con Drift. Il s’agit d’un gros défaut des petites manettes, susceptibles de déclencher des actions non voulues (exemple : le personnage qui bouge seul). Ce problème a donné naissance à plusieurs actions en justice et a forcé Nintendo à assouplir les directives du S.A.V. (des réparations gratuites, même hors garantie). 

Si le Joy-Con Drift est un enfer pour les joueuses et les joueurs, c’est également le cas pour les réparateurs certifiés par Nintendo. C’est en tout cas ce que révèle une petite enquête de Kotaku, publiée le 22 avril 2022. Le média a pu s’entretenir avec un ancien manager d’une structure baptisée United Radio et située dans l’État de New York. Il met en lumière les soucis rencontrés par ceux qui sont chargés de remettre à neuf des Joy-Con défectueux, à l’époque où il était encore employé (aux alentours de 2018). Le volume a de quoi interpeller : « Des milliers de Joy-Con arrivaient chaque semaine ».

Nintendo Switch OLED // Source : Louise Audry pour Numerama
Nintendo Switch OLED. // Source : Louise Audry pour Numerama

Le Joy-Con Drift n’est pas un enfer que pour les joueurs

« On a fini par dédier une zone de travail entière à la réparation de Joy-Con », révèle la source de Kotaku. Elle accueillait de nombreux intérimaires, avec un turnover très, très important. Un immense problème pour l’entreprise, qui réparait parfois des Joy-Con avec du personnel insuffisamment qualifié et qui, pour la plupart, ne parlait même pas anglais. Ce point compliquait la formation, pourtant essentielle pour s’assurer que les réparations soient efficaces. « Le besoin constant de former des nouveaux employés mettait une pression sur la capacité de l’équipe à superviser les réparations », peut-on lire. Par conséquent, entre un effectif inadapté, beaucoup trop de réclamations et un rythme à soutenir, les erreurs étaient nombreuses.

Cette situation chaotique observée par United Radio a eu un impact pour les utilisatrices et les utilisateurs, qu’ils soient touchés par le Joy-Con Drift ou non. Par exemple, comme on peut le découvrir dans ce témoignage publié sur Reddit et datant de 2017, le propriétaire d’une Switch a eu la mauvaise surprise de recevoir une console sans ses données. « Je tiens United Repair responsable pour leur manque de professionnalisme et le manque de soin accordé à ma console », indique-t-il, regrettant les 90 heures passées dans The Legend of Zelda: Breath of the Wild qu’il a perdues. Pour lui, l’expérience S.A.V. ressemble à une double peine.

Le Joy-Con Drift est tellement répandu qu’il a contraint Nintendo à l’assumer publiquement. En octobre 2021, la firme nippone évoquait un problème lié à l’usure et, d’une manière défaitiste, concédait qu’il est difficile à résoudre. Elle a même comparé ses Joy-Con à des pneus de voiture, lesquels finissent par se détériorer avec le temps. Un argument difficile à entendre quand on sait que le prix d’une paire de Joy-Con avoisine les 80 € — et qu’on ne peut pas jouer à la Switch sans.


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