Disney+ change : ce 23 février 2021, la plateforme accueille une nouvelle section et plus de 300 nouveaux contenus. Est-ce suffisant pour justifier le passage à 8,99 euros par mois ?

« Notre ambition est de passer d’un service plutôt pour la famille à un service pour tous les goûts », a résumé David Popineau, le patron de Disney+ France, au cours d’une conférence de presse du 16 février 2021. Une semaine plus tard est lancée Star, la nouvelle section de la plateforme de vidéo à la demande par abonnement (SVOD), qui contient une quarantaine de séries et un peu plus de 200 films.

« On reste dans l’émotion, mais l’émotion plus intense », a continué celui qui a pris la tête de Disney+ France en novembre 2019, soit quelques mois avant son lancement officiel dans l’hexagone. Cela va faire presque un an que le service de vidéo en streaming y est accessible : après des débuts laborieux, il s’est rapidement installé dans le paysage de la SVOD.

Alors, à quoi sert vraiment Star ? La section incarne un positionnement tout à fait assumé de Disney : réussir à toucher plus d’abonnés et abonnées potentielles et retenir celles et ceux qui paient déjà leur abonnement. En échange, le coût du service augmente de deux euros par mois, de 6,99 euros à 8,99 euros. Or, il ne s’agit pas d’une option : Star est une section obligatoire, et la hausse de prix l’est également. Est-ce justifié ?

Star en résumé

Les avantages : 

  • Plus de séries et de films ;
  • Le même nombre de profils (7 autorisés) et d’écrans simultanés (quatre) ;
  • Quelques séries en diffusion exclusive ;
  • Un contrôle parental poussé

Les inconvénients : 

  • Le prix augmente de 2 euros par mois
  • Les séries et films restent relativement « familiaux »

Qu’y a-t-il dans Star ?

Très concrètement, la nouvelle section Star contient, depuis le 23 février 2021, des films, séries et documentaires supplémentaires :

  • Près de 200 films ;
  • Environ 40 séries ;
  • 15 documentaires ;
  • 4 séries exclusives surnommées « Star Originals » (qui ne seront disponibles à aucun autre endroit que dans Disney+ en France) : Big Sky, Helstrom, Love, Victor et Solar Opposites.

Par la suite, une poignée de contenus français originaux devraient venir s’ajouter, mais ce n’est pas encore pour tout de suite.

Les séries et films dans Disney+ Star // Source : Disney+

Les séries et films dans Disney+ Star

Source : Disney+

Qu’est-ce qu’un « positionnement familial » ?

La section Star permet à la multinationale de dévier légèrement de sa ligne éditoriale «  familiale », qui peut être contraignante. À titre d’exemple, en mars 2020, l’actrice Hilary Duff avait supplié Disney de ne pas faire le reboot de sa série culte Lizzie McGuire sur Disney+, car les restrictions imposées étaient trop importantes. « Il serait vraiment dommage, pour tout le monde, de limiter la réalité de la vie d’une trentenaire en la cloisonnant à une limitation d’âge des spectateurs », avait-elle écrit le 28 février sur Instagram.

C’est pour la même raison que la série originale Love, Victor, tirée du film Love, Simon, avait été « migrée » vers Hulu, une autre plateforme, car elle était jugée pas assez « familiale » pour être sur Disney+, à cause de ses thématiques (la découverte de sa sexualité) et certaines scènes (consommation d’alcool, par exemple). Or, grâce à Star, la série Love Victor pourra être diffusée sur Disney+ en France : elle arrivera, à raison d’un épisode par semaine, sur la plateforme à partir du 23 février 2021.

Attention toutefois à ne pas se méprendre : on est loin, ici, des séries sombres à la HBO ou Showtime (les chaînes du câble américain, qui diffusent des productions comme Game of Thrones). Vous ne trouverez pas dans Star de nombreuses productions interdites au moins de 18 ans : du côté des séries par exemple, il s’agit de contenus qui ont été diffusés sur des chaînes gratuites américaines (dite networks) comme ABC ou FOX, et qui restent donc relativement populaires, et pas extrêmement clivantes.

La série "Love, Victor" sera dans Star // Source : Disney+

La série "Love, Victor" sera dans Star

Source : Disney+

Des contenus, toujours plus de contenus

Il n’y a pas de secret : les plateformes de SVOD ne sont rien sans leurs contenus. Il peut s’agir de productions originales ou d’exclusivités (une série qui n’est disponible que sur un seul service), mais aussi simplement d’un catalogue plus étoffé. C’est pour cela que la grande majorité des séries que l’on retrouvera dans Star de Disney+ sont déjà disponibles sur d’autres plateformes de SVOD en France : Grey’s Anatomy, Desperate Housewives, Buffy contre les Vampires… ces productions ne seront pas des exclusivités, mais permettent de mettre ce que l’on pourrait qualifier de « beurre dans les épinards ».

Disney pourrait décider de garder ces contenus pour lui, qui proviennent des studios qui lui appartiennent, mais cela reviendrait à faire une croix sur les revenus émanant de la location de droits de diffusion, qui rapportent tout de même beaucoup d’argent. Il n’est donc pas illogique que la multinationale préfère louer ces droits, mais de manière non exclusive, et de pouvoir les diffuser sur Disney+ si elle le souhaite.

À terme, Disney compte produire des séries françaises : la multinationale a récemment présenté ses 4 premiers projets originaux, dont deux seront diffusés sur Star en France), mais ils sont encore en cours de développement, et aucune date de sortie n’a été annoncée.

Le prix est-il justifié ?

Lorsque Disney+ s’est lancé en France, il vantait «  500 films et plus de 300 séries ». Toutefois, certaines séries avaient été comptées plusieurs fois pour gonfler un peu le catalogue : par exemple, les Simpson, dont les 30 saisons ont été mises en ligne simultanément, comptaient pour 30 entrées distinctes dans la liste, alors qu’ils ne représentaient en fait qu’une seule série.

À l’époque, le prix de 6,99 euros par mois (peu élevé pour ses 4 profils simultanés, par rapport à Netflix qui coûte plus du double pour ces performances de visionnage) n’était pas rédhibitoire, mais semblait assez conséquent. Or la plateforme de SVOD a su montrer que ses franchises célèbres valaient le coup — pour les parents notamment, un accès illimité à quasiment tous les Pixar et Disney est un argument de poids.

Avec l’arrivée de Star, Disney+ va gonfler son catalogue français d’au moins 25 %, sans compter les acquisitions supplémentaires (l’intégrale de Fais pas ci, fais pas ça, ou le film The Artist, qui seront accessibles dans Disney+). La hausse du prix de deux euros seulement semble alors acceptable en comparaison.

Disney+ avant Star Disney+ avec Star
Contenus 500 films et 150 séries 700 films et 200 séries
Prix 6,99€/mois ou 69,99€/an 8,99€/mois ou 89,99€/an
Contrôle parental Compte « enfant » basique Restriction beaucoup plus poussée d’âge par profil + code PIN

Disney+ est-il vraiment en compétition avec Netflix ?

Dire que Netflix et Disney+ sont des « concurrents » serait un raccourci un peu trop simpliste. Comme nous l’avions déjà montré dans notre comparatif complet entre les deux plateformes de SVOD, ce sont deux services qui peuvent être vus comme complémentaires.

Même si Disney+ agrandit son catalogue, à moyen terme, il restera grandement apprécié pour ses grosses franchises exclusives (Star Wars, Marvel, Disney), tandis que Netflix continuera de produire un très, très grand nombre de nouvelles séries et de nouveaux films originaux, et donc exclusifs, par an.

D’ailleurs, Reed Hastings, le patron de Netflix, a toujours tenu un discours très fair play sur le succès de Disney+ : se dire impressionné, mais y voir surtout une preuve qu’il y aurait de la place pour plusieurs acteurs sur le marché de la vidéo payante en ligne. Pour preuve : Disney+ a réussi à gagner 95 millions d’abonnés en 15 mois, et au même moment, Netflix dépassait les 200 millions d’abonnés payants.

Sur le long terme, il est possible que les deux services viennent se télescoper légèrement, mais au vu du tarif encore modéré des deux offres (environ 9 euros pour chacune, en moyenne), il y a des chances que les utilisateurs et utilisatrices choisissent de cumuler (ou d’en partager avec des proches), plutôt que de n’en sélectionner qu’une seule. Il est toutefois difficile d’avoir des certitudes sur le marché de la SVOD, qui est en plein essor et sur lequel nous avons encore peu de recul.

Source : Montage Numerama

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