Faut-il vraiment 2, 3 ou 5 fois plus de temps en voiture électrique pour relier sa destination vacances ? Certains médias continuent à relayer ce genre de discours négatifs, sans distinguer les voitures disposant de la charge rapide des autres. Ces propos alimentent les préjugés contre la voiture électrique, alors que la réalité est souvent bien différente.

Comme chaque année, à l’époque des grandes vacances d’été, les reportages à charge contre la voiture électrique, soi-disant non adaptée pour faire de longs trajets, se multiplient sur certains médias. Si certains de ces sujets soulignent quand même l’amélioration notable du réseau de recharge disponible, la quête du sensationnalisme pousse souvent certains journalistes à tenir des propos plus proches de la désinformation que de l’information.

Ce samedi 29 juillet 2023, France 2 a publié pour la seconde fois de l’été un reportage polémique autour de la voiture électrique. Derrière un constat positif, d’un même trajet réalisé 10 ans plus tôt en 25 heures, ce que risque surtout de retenir le public, c’est qu’il faut 9 heures pour relier Lyon depuis Paris en électrique en 2023. Pourquoi ? Tout simplement parce que le véhicule choisi, une Renault Zoé, ne disposait pas de charge rapide (en option sur les versions récentes). Autant prendre une 2cv du siècle dernier et dire que la voiture individuelle n’est pas une solution pour partir en vacances.

Charge rapide : ce détail qui fait toute la différence sur les longs trajets

Cette Renault Zoé partait donc d’office avec deux handicaps : sa puissance de recharge limitée à 22 kW maximum en courant alternatif (50 kW en courant continu avec option CCS) et un besoin de bornes en prise type 2. Sur les aires d’autoroute, si les bornes rapides en courant continu se sont multipliées, seules 1 à 2 bornes par station offrent des prises Chademo ou Type 2 pour les véhicules non équipés d’un port CCS avec une charge rapide. Chaque arrêt de recharge nécessite alors forcément plus d’une heure de pause. Comme les consommations sur autoroute sont bien plus importantes qu’en ville sur ces modèles, il faudra multiplier les arrêts tous les 150 km environ.

Pour réaliser un Paris-Lyon en électrique, dans des délais beaucoup courts que les 9 heures avancées par Franceinfo, il suffisait d’opter pour un véhicule plus adapté à la route. Une Tesla Model 3 ou Model Y, même dans leur version entrée de gamme, se prêteraient à l’exercice avec une facilité déconcertante. Une ou deux pauses recharge, représentant moins de 45 minutes sur le trajet total, et l’affaire serait pliée, sans problème de bornes de recharge ou de temps d’attente. Cependant, si tout se passe bien et facilement, cela ne garantit pas un reportage à succès.

Tesla Model S en charge sur un superchargeur // Source : Raphaelle Baut pour Numerama
Tesla Model S en charge sur un superchargeur. // Source : Raphaelle Baut pour Numerama

Les Tesla n’ont d’ailleurs désormais plus le monopole du long trajet facile et presque aussi rapide qu’en voiture thermique. On peut notamment citer : Hyundai Ioniq 5 ou Ioniq 6, Kia EV6, Volkswagen ID, Skoda Enyaq, Cupra Born, BMW, Audi, etc. Toutes les voitures électriques disposant d’un port combo CCS et acceptant des recharges au-delà de 150 kW (avec une batterie de plus de 50 kWh de capacité) sur des bornes adaptées permettent de partir l’esprit tranquille sur la route des vacances et sans perdre trop de temps sur la recharge. Pour des voitures électriques avec des puissances de recharge inférieures à 100 kW, c’est également réalisable. Mais, il faut s’armer d’un peu plus de patience lors des pauses de recharge, qui seront logiquement plus longues.

Bien sûr, plus la courbe de recharge restera à des puissances élevées longtemps, plus les pauses sur autoroute seront écourtées pour tomber jusqu’à des pauses de 15 à 20 minutes (pour du 10 à 80 % de batterie recommandé) toutes les deux heures, idéales pour se dégourdir les jambes comme le recommande la sécurité routière.

ionity_ioniq6 // Source : Bob Jouy/Numerama
15 minutes de recharge pour la Ioniq 6. // Source : Bob Jouy/Numerama

Cela revient à comparer le TER au TGV

En optant systématiquement pour des véhicules à vocation urbaine pour leurs départs en vacances, comme la Peugeot e-208 ou la Renault Zoé sans charge rapide, certains médias donnent volontairement une image erronée du long trajet en voiture électrique, en sachant qu’ils seront confrontés à plus d’aléas sur le trajet. Même si ces voitures sont populaires, la démarche derrière ces expériences n’est pas toujours honnête.

Station ionity pleine. // Source : Raphaelle Baut pour Numerama
Tous les modèles ne sont pas égaux face à la charge rapide. // Source : Raphaelle Baut pour Numerama

Pour faire un Paris-Lyon en train, personne ne semble s’émouvoir du fait que le TER a besoin de plus de 5 heures, alors que le TGV nécessite moins de 2 heures. C’est pourtant parfaitement logique, puisque les deux transports n’ont pas la même vocation. Il en va de même avec les voitures électriques. Il y a celles taillées pour la route et celles plus adaptées à la ville et son quotidien.

Ce qu’il faut malgré tout retenir, c’est que même avec une Dacia Spring, une Fiat 500e ou une Renault Zoé sans charge rapide, aucun long trajet en France est aujourd’hui impossible. Certains seront peut-être un peu plus aventureux que d’autres, mais dans l’ensemble, le maillage des bornes permet désormais d’aller où l’on veut sans restriction. La route des vacances fait partie du voyage, et ce n’a aucun sens de transformer ce trajet en course à la rapidité. Et, si l’on levait le pied pour économiser aussi un peu de batterie ?

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