Après des mois de guerre des prix, la Chine tire le frein d’urgence. Le gouvernement veut mettre de l’ordre dans le chaos qui secoue son industrie automobile électrique, quitte à recadrer les champions nationaux.

Cela fait deux ans que les constructeurs chinois se livrent une bataille sans merci à coups de rabais, d’offres flashs et de voitures vendues parfois sous leur prix de revient. Tous les coups étaient permis pour conquérir le marché local. Le gouvernement chinois, qui a longtemps fermé les yeux, semble avoir décidé de remettre de l’ordre.

Lors d’une réunion du Conseil des Affaires d’État présidée par le Premier ministre Li Qiang le 16 juillet, les autorités ont annoncé vouloir « réguler la concurrence irrationnelle » dans le secteur des voitures électriques, comme le rapporte Reuters. Une manière polie de dire que la guerre des prix, tolérée jusqu’ici, pourrait bien devenir une pratique sous haute surveillance.

Les constructeurs sommés de se calmer

Le signal est clair : la fin de la récréation est sifflée. D’après la télévision d’État CCTV, les autorités vont désormais surveiller de près les pratiques tarifaires, lancer des enquêtes ciblées et inciter les constructeurs à « innover » et « améliorer la qualité » plutôt que de casser les prix. En clair : vendez mieux, pas moins cher. Un message que l’on ne connaît que trop bien en Europe, mais une pratique qui a tendance à rapidement montrer ses limites pour garder un marché automobile dynamique.

usine BYD en Chine en attendant l'Europe // Source : BYD
Les usines BYD en Chine ont dû réduire la cadence // Source : BYD

Ces derniers mois, le ministère de l’Industrie avait déjà réuni les principaux acteurs du secteur à Pékin, dont BYD, pour leur passer un message limpide : auto-régulation ou régulation imposée. Les constructeurs avaient été priés d’éviter de vendre à perte ou d’utiliser des immatriculations tactiques, une pratique devenue fréquente pour garder la face sur les segments les plus disputés. La vice-présidente de BYD a récemment déclaré que la situation n’était plus « tenable », mais pour autant le groupe a relancé une offensive sur les prix peu après, un mal nécessaire, car BYD a une surcapacité de production et du stock à écouler. Ce nouveau rappel à l’ordre devrait stopper cette surenchère.

Enfin, les plus gros groupes, comme BYD ou Geely, ont également été poussés à s’engager sur de meilleures pratiques vis-à-vis de leurs fournisseurs, avec une promesse : payer sous 60 jours. Une tentative de mettre fin aux retards de paiement chroniques qui servent de levier de financement occulte dans le secteur.

Zeekr à la conquête de l'Europe // Source : Zeekr
Zeekr (groupe Geely) à la conquête de l’Europe // Source : Zeekr

Un marché leader… mais sous tension

Derrière ce discours, c’est toute la crédibilité industrielle de la Chine qui est en jeu. Certes, BYD a dépassé Tesla en Europe sur les ventes de voitures 100 % électriques en avril. Néanmoins, ce succès repose sur un modèle économique de plus en plus fragile : production à marche forcée, marges sacrifiées dans la guerre des prix, et un écosystème industriel maintenu sous perfusion. Un colosse aux pieds d’argile, en quelque sorte.

La Chine sait que laisser filer cette guerre des prix est devenu trop risqué, d’autant que ses constructeurs comptent sur l’export pour équilibrer leurs comptes. Or, les États-Unis et l’Europe avec leurs mesures protectionnistes sont un nouveau grain de sable pour l’industrie automobile chinoise. L’équilibre est donc menacé.

La question est désormais de savoir si les constructeurs joueront le jeu, et comment tout cela pourrait impacter le plus gros marché pour la voiture électrique.

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