L’annonce du 10 septembre de la NASA résonne d’espoir : des traces d’activité biologique ont peut-être été trouvées sur Mars. Mais comment en être certain ? L’idéal serait de récupérer ce roc, ce qui s’avère délicat.

Un caillou nous attend, à plusieurs centaines de millions de kilomètres de nous, avec peut-être la preuve qu’une forme de vie a bien existé ailleurs que sur Terre. C’est ce qu’a révélé l’agence spatiale américaine (NASA) après l’analyse d’un fragment de roc par l’astromobile Perseverance sur Mars. Cette roche contiendrait ces preuves renversantes.

Bien-sûr, les auteurs de l’étude, publiée dans la prestigieuse revue Nature après évaluation par leurs pairs, restent prudents : l’activité biologique est l’explication la plus plausible des traces observées, mais il pourrait y avoir d’autres processus abiotiques à l’œuvre. Cependant, ils nécessiteraient davantage de chaleur et paraissent donc improbables.

Un appel du pied pour une mission de retour d’échantillons

La certitude n’étant pas encore absolue dans ce dossier, d’autres analyses apparaissent donc nécessaires. Mais comment faire ? Perseverance a laissé l’échantillon — nommé Sapphire Canyon — là où l’a trouvé, et il n’a aucune technologie lui permettant d’aller plus loin dans l’analyse, de toute façon.

Mais pour les scientifiques, c’est clair : « De futures recherches sur place, en laboratoire ou dans un environnement analogue pourront améliorer notre compréhension des conditions dans lesquelles [l’échantillon] s’est formé. Au final, le retour des échantillons pour une étude sur Terre fournirait la meilleure chance de comprendre les procédés qui ont donné ces marques uniques décrites ici. »

Image du roc possédant de possibles biosignatures
Image du roc possédant de possibles biosignatures. // Source : Nasa/JPL-Caltech/MSSS

Cette tournure apparaît comme un appel de pied directement adressé à la NASA et à son projet de mission Mars Sample Return. Ce concept est né en même temps que Perseverance : d’abord, le rover doit mettre de côté des échantillons dans des petites capsules dispersées un peu partout sur son passage. Puis, la NASA doit les récupérer.

Actuellement, ces échantillons de roche sont placés dans des tubes et attendent sagement qu’on vienne les chercher. L’idée initiale, soutenue par l’Agence spatiale européenne, était d’envoyer un autre rover qui collecterait ces tubes avant de les placer sur une petite fusée. Une fois ce lanceur en orbite, une autre sonde l’intercepterait puis reviendrait sur Terre.

Mais une mission dont Trump ne veut plus

Mais cette architecture est considérée trop complexe et coûteuse. Surtout alors que Donald Trump menace de couper les budgets scientifiques de la NASA au profit du vol habité. Début 2025, l’agence spatiale avait annoncé se donner un an et demi pour décider d’un nouveau concept, laissant le choix final à la Maison-Blanche. Cette même administration qui propose de supprimer la mission aujourd’hui.

Lors de la conférence de presse, l’administrateur par intérim de la NASA, Sean Duffy, a partagé sa préoccupation concernant les ressources et le timing de ce projet : « Nous pensons qu’il y a une meilleure manière de faire ça, une façon plus rapide de récupérer ces échantillons. C’est l’analyse que nous avons faite, et nous pensons que nous pouvons le faire. »

Source : NASA/JPL-Caltech/MSSS
Des petites tubes qui attendent une éventuelle récupération. // Source : NASA/JPL-Caltech/MSSS

Le sous-entendu de cette déclaration ? L’Amérique développe le vol habité pour que des astronautes (des Américains, évidemment) se posent sur Mars et récupèrent ces fameux échantillons.

Donald Trump a promis une mission martienne habitée — mais celle-ci est pour l’instant très hypothétique : rien ne devrait pouvoir se faire avant la fin de son mandat, car les inconnues sont encore bien trop nombreuses, et les programmes encore trop embryonnaires. Un horizon plus réaliste se trouve au-delà de 2030, vers la fin de la décennie suivante.

Pendant ce temps, en Chine

Et du côté de la Chine ? La mission Tianwen-3 est programmée pour 2030 et doit justement récupérer 600 grammes de sol martien pour les ramener sur Terre et les analyser. L’instrument pourra atteindre deux mètres de profondeur grâce à une foreuse, et surtout le procédé envisagé apparaît plus simple que le projet américano-européen.

Ici, un atterrisseur arrive à la surface, puis un rover s’éloigne quelque peu pour trouver des roches qui n’ont pas été polluées par les rétrofusées. Il revient ensuite à son point de départ pour repartir en orbite, grâce à une petite fusée. Le tout est récupéré par une sonde qui revient sur Terre.

Le déroulé prévu avec Tianwen-3 est similaire à ce qu’ont fait Chang’e 5 et Chang’e 6, qui ont consisté à rapporter des échantillons du sol lunaire, et à ce que s’apprête à faire Tianwen-2, lancée en mai, et qui vise à rapporter des roches issues d’un astéroïde. Mais pour Tianwen-2 et Tianwen-3, le défi sera la distance : la Lune était autrement plus proche, ce qui a beaucoup facilité les choses.

L’Europe aussi dans la course ?

Pour l’Europe, aucun projet de retour d’échantillon martien n’est dans les cartons. En revanche, le programme ExoMars pourrait se concrétiser dans quelques années avec l’astromobile Rosalind Franklin, chargé de forer, lui aussi, dans le sol martien avec l’espoir de trouver des signes anciens de vie.

On peut donc espérer que les analyses supplémentaires confirment ou infirment ce qui a été trouvé par Perseverance, avec davantage de prélèvements et de données pour comprendre les processus passés à la surface de Mars.

Phobos, une des lunes de Mars. // Source : NASA/JPL-Caltech/University of Arizona (photo recadrée et modifiée)
Phobos, une des lunes de Mars. // Source : NASA/JPL-Caltech/University of Arizona

Au-delà de Mars, Phobos, satellite naturel de la planète rouge, est sur la liste. En effet, le rover Idéfix doit se poser à sa surface, dans le cadre de la mission japonaise Martian Moons Exploration, et ramener un échantillon du sol.

La mission n’est absolument pas liée à la recherche de vie extraterrestre, et plutôt à l’origine de Phobos et de Deimos, autre lune de Mars. Si tout se passe comme prévu, avec un lancement l’année prochaine et un retour d’échantillons en 2031, il s’agirait des premières collectes réalisées dans cette zone du Système solaire, ce qui serait un immense pas en avant.

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