C’est un tweet en apparence anodin, censé célébrer la réussite d’un lancement spatial, mais qui est depuis le 26 octobre 2025 l’épicentre d’une controverse. Et au cœur de l’affaire sur X (ex-Twitter) se trouve Sean Duffy, l’actuel secrétaire aux Transports nommé par Donald Trump, et par ailleurs, depuis début juillet, administrateur intérimaire de la NASA.
Dans le message pris pour cible, l’intéressé a adressé ses félicitations à l’agence spatiale japonaise JAXA pour le succès de l’envoi d’un cargo de ravitaillement à destination de la Station spatiale (ISS). Mais, dans le même temps, il a aussi tenu à saluer « la vision du président américain en matière de leadership spatial mondial. »

« C’est une étape importante pour faire avancer la vision du président américain en matière de leadership spatial mondial ! Le vaisseau cargo japonais HTV-X1 a été lancé avec succès à bord d’une fusée H-3 depuis [le centre spatial de] Tanegashima, transportant des fournitures essentielles pour l’équipage de notre station spatiale », est-il écrit.
Les États-Unis n’ont rien à voir avec cette mission
Depuis lors, l’administrateur par intérim de l’agence spatiale américaine se fait malmener sur le réseau social d’Elon Musk. Cible de quolibets, il a même reçu une note de la communauté — un encart qui apparaît parfois sous un tweet pour, officiellement, corriger des propos jugés par les membres de X comme trompeurs, discutables ou mensongers.
« Le HTV-X est un vaisseau spatial japonais, construit par une entreprise japonaise, lancé à partir du Japon à bord d’une fusée japonaise, qui sera capturé par un astronaute japonais à l’aide d’un bras robotique canadien. Trump est président des États-Unis, pas du Japon, et n’a eu aucune influence sur le HTV-X, contrairement à ce que laisse entendre Duffy. »
« Il est temps de laisser quelqu’un qui sait de quoi il parle prendre les commandes »
Tout cela peut apparaître excessif pour un tweet élogieux. Certes, celui-ci est quelque peu obséquieux vis-à-vis du président américain, mais la virulence qu’il suscite apparaît en total décalage avec le fond, qui est sans grande importance. Au mieux, la tournure est maladroite et force un peu la flatterie à l’égard de Donald Trump.
Cependant, outre la note, de nombreux internautes ont tenu à charger Sean Duffy. « Mec, laisse la place […] Il est temps de laisser quelqu’un qui sait de quoi il parle prendre les commandes », a dit par exemple un internaute. « Essayez l’inverse : réfléchissez d’abord, postez ensuite. Cela devrait être moins douloureux », a lancé un autre.
« Vous faites honte à l’industrie spatiale américaine. Trump devrait vous renvoyer à un poste de secrétaire aux Transports, tout au plus », a taclé un troisième intervenant. « Virez ce bouffon incompétent de l’agence spatiale », a poursuivi encore un autre. De nombreux autres tweets sont à l’avenant, beaucoup se focalisant sur la nullité supposée de Sean Duffy.

Appels à remettre en poste Jared Isaacman
Mais ce n’est pas le seul motif qui se dégage de cette vague : on note aussi beaucoup d’internautes qui appellent à remplacer la direction de la National Aeronautics and Space Administration par un certain Jared Isaacman. Un nom que le grand public ne connait pas, mais qui a été pourtant à deux doigts d’être retenu pour diriger la NASA.
L’intéressé avait même été choisi initialement par Donald Trump pour diriger l’agence, en remplacement de Bill Nelson, qui avait servi sous la présidence de Joe Bien. Le profil de Jared Isaacman convenait d’ailleurs plutôt bien au poste, mais le principal obstacle était ses conflits d’intérêt avec SpaceX et sa trop grande proximité avec Elon Musk.
Résultat, Jared Isaacman a finalement été écarté de la course (par ailleurs, à ce moment-là, des tensions importantes existaient entre Trump et Musk) : le poste est alors revenu provisoirement à Sean Duffy, et rien n’a bougé depuis — précédemment, c’était Janet Petro, la directrice du centre spatial Kennedy, qui assurait l’intérim.

La véhémence avec laquelle Sean Duffy se fait attaquer vient sans doute en partie des prises de parole récentes de l’intéressé sur certains programmes dans lesquels SpaceX et, donc, Elon Musk sont impliqués. Le pic de la crise a vraisemblablement été la remise en cause de la préférence de SpaceX pour fournir un alunisseur pour la mission Artémis III.
Sous l’impulsion de Sean Duffy, la NASA entend relancer la compétition aux USA pour la conception, le développement et la fabrication d’un atterrisseur pour déposer et remonter des astronautes entre la station spatiale lunaire et le sol du satellite. SpaceX avait décroché le contrat, mais les difficultés et la montée en puissance de la Chine rebattent les cartes.
Évidemment, ce coup de théâtre a provoqué l’ire immédiate d’Elon Musk, qui a multiplié les tweets en le traitant d’imbécile (Sean Dummy), en l’accusant de chercher à tuer à la NASA, en lui déniant toute compétence (et jugeant qu’il va mettre en danger des astronautes) ou en considérant qu’il n’a que 3 de QI. Littéralement.
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