ExoMars : le test de parachute géant bat un record et relance l’espoir d’atterrir sur Mars

La scène se déroule sous le ciel gris de Kiruna, en Suède. Début juillet, un test est mené à 29 kilomètres d’altitude depuis le centre spatial Esrange où un ballon stratosphérique a été déployé. Accrochée au ballon, une capsule orange représente ce qui sera un jour le rover Rosalind Franklin et son atterrisseur : la mission ExoMars censée partir pour Mars d’ici 2028.

Arrivée à la bonne altitude, la capsule a été lâchée. Elle est tombée en chute libre pendant 20 secondes avant que deux parachutes se déploient. L’un, d’un diamètre de 15 mètres, l’autre, de 35 mètres. Un record : jamais des parachutes aussi grands n’avaient été déployés dans l’atmosphère terrestre.

Plus de trois ans au placard

Le tout a pu être récupéré au sol peu de temps après et la capsule n’a subi aucun dommage. Une prouesse, car on parle ici de composants extrêmement légers, de l’ordre de 40 grammes par mètre carré, soit moitié moins qu’une feuille de papier ! Mission accomplie pour le moment du côté de l’Agence spatiale européenne (ESA), qui a validé une étape importante pour assurer le lancement de cette mission ExoMars, maintes fois repoussée.

Mais revenons en arrière : prévue pour un lancement en 2020, ExoMars avait déjà passé quelques tests similaires à celui décrit ici. En 2019 et 2020, tout n’avait pas fonctionné correctement, ce qui avait poussé à repousser la mission de deux ans. En 2021, enfin, le bon système de parachutes semble avoir été trouvé, même si le second ne s’est pas déployé de manière parfaite, ce qui nécessitait quelques tests supplémentaires.

Mais début 2022, tout s’écroule. La Russie envahit l’Ukraine et alors que Roscosmos, l’agence spatiale russe, devait se charger de fournir l’atterrisseur pour le rover européen, l’ESA décide de couper toute collaboration avec Moscou. La mission est suspendue et les parachutes sont mis au placard.

Une mission relancée, mais toujours incertaine

Depuis, l’intérêt pour la mission est relancé, même si l’échéance est maintenant à 2028. Désormais, c’est Thales Alenia Space qui se charge de l’atterrisseur, avec un contrat signé en avril 2024 pour 522 millions d’euros. En avril 2025, il a été annoncé qu’Airbus Defence and Space sera en charge de la partie liée aux systèmes mécaniques et thermiques ainsi qu’à la propulsion. La NASA assure son soutien en remplacement de Roscosmos. Un soutien encore incertain au vu des restrictions budgétaires réclamées par Donald Trump, mais la Commission du budget du Sénat, elle aussi, dit vouloir poursuivre leur implication dans cette mission.

Quoi qu’il en soit, après avoir été stockés pendant des années, les parachutes avaient besoin d’un peu d’air et il était important de voir si l’architecture fonctionnait bien et si les matériaux n’avaient pas été trop altérés.

Une étape cruciale, car, sur Mars, il faut se contenter d’une atmosphère beaucoup moins dense, à peine 1% de la densité terrestre, ce qui implique de pouvoir ralentir suffisamment le module propulsé à 21 000 km/h. Le rover disposera d’un bouclier thermique, de rétrofusées déclenchées 20 secondes avant de toucher le sol, et donc des deux parachutes.

Avec tout cela, le rover Rosalind Franklin devrait être capable d’atterrir sans encombre sur Mars d’ici 2030. Il pourra ainsi commencer sa mission toujours aussi ambitieuse : trouver des indices de vie sous la surface martienne, grâce à sa foreuse conçue pour creuser à deux mètres de profondeur.

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