La Nasa l’avait promis un peu plus tôt dans la semaine, elle avait des nouvelles d’un échantillon de roche récupéré sur Mars et avait convié la presse pour dévoiler ses trouvailles ce mercredi 10 septembre 2025. Que s’est-il passé ? La réponse en trois points.
Qu’est-ce qui a été annoncé par la Nasa au sujet de Mars ?
Un échantillon surnommé Sapphire Canyon, prélevé dans le cratère Jezero par le rover Perseverance en juillet 2024, pourrait présenter des traces de potentielles biosignatures. Il s’agit de roche sédimentaire riche en carbone, en soufre, en rouille et en phosphore. En clair, l’environnement idéal pour être une source d’énergie pour une vie microbienne.
Plus en détail, les chercheurs se sont rendus compte que le roc présentait des motifs « façon léopard » qui témoignent d’une interaction provoquant des réactions chimiques et physiques. Ces motifs portent la signature de deux minéraux : la vivianite et la greigite. Tous deux sont présents sur Terre et associés à la matière organique et aux êtres vivants. D’après nos connaissance, c’est exactement ce qu’on pourrait trouver face à une ancienne vie microbienne.

En plus, la partie intéressante est que cet échantillon est assez jeune et date approximativement de l’époque à laquelle la vie est apparue sur Terre. La plupart des modèles indiquent pourtant que si Mars a pu être habitable, c’était dans un temps bien plus reculé, ce qui laisserait soupçonner que les conditions auraient pu être réunies durant un temps bien plus long.

Au final, est-ce une biosignature ? Pas forcément, car ces marques peuvent apparaître lors d’un processus abiotique. Lors de la conférence de presse, suivie par Numerama, la responsable scientifique de la Nasa Nicola Fox a indiqué : « C’est une signature, un reste. C’est comme trouver des restes d’un repas, nous avons le résultat et nous voulons demander au monde de le regarder. Nous voulons comprendre la planète Mars. »
Alors, qu’y a-t-il de vraiment nouveau ?
Les observateurs attentifs l’auront relevé : ces annonces ressemblent énormément à celles de l’autre conférence de presse datant de l’année dernière, et portant sur le même échantillon. Alors, qu’est-ce qui a changé ? La principale étape est que cela fait désormais l’objet d’une étude scientifique, publiée dans la prestigieuse revue Nature le 10 septembre. La première annonce n’était qu’un résultat préliminaire, annoncé lors d’une conférence scientifique.
La responsable de l’exploration martienne à la Nasa, Lindsay Hayes, a précisé : « La publication scientifique est la prochaine étape. Nous voulons rendre ces données disponibles pour toute la communauté scientifique. » De son côté, le principal auteur, Joel Hurowitz, de l’Université Stony Brook, a indiqué : « Cela nous a permis de récolter davantage de données sur ce que sont les biosignatures, et nous avons pu interroger ces données et les tester. »
En clair, si la conférence de l’année dernière était très générale et portait sur des soupçons de biosignatures, ici, les scientifiques sont bien plus clairs. Oui, les traces aperçues sur ce roc peuvent bien avoir été créées par une possible activité biologique.
L’étude étant publiée, l’entièreté de la communauté scientifique peut désormais avoir accès aux données dans l’espoir d’apporter une explication alternative.
Et maintenant, que fait-on ?
C’était la principale inquiétude lors de la conférence de presse, à en croire les questions posées par les journalistes. Si les auteurs, dans leur étude, appellent à organiser une mission de retour pour ramener les échantillons sur Terre et les étudier de plus près, rien n’est moins sûr.
Sur scène, Sean Duffy, l’administrateur de la Nasa, a affirmé que tout serait fait pour organiser ce retour, voire pour enclencher des missions habitées vers la planète rouge. Il a aussi rappelé que si Mars 2020 et Perseverance avait pu voir le jour, c’était grâce à Donald Trump, puisque le lancement a eu lieu durant son premier mandat. Et ce même si la mission était prévue bien avant. « Le Président adore l’espace ! », a-t-il assuré.
Mais dans les faits, les budgets scientifiques de la Nasa sont extrêmement menacés. La mission Mars Sample Return est entre parenthèses, faute de ressources et victime d’une architecture jugée trop complexe. Le vol habité n’est encore qu’un lointain fantasme, malgré les grandes annonces.
De son côté, la Chine prévoit une mission de retour d’échantillon d’ici à 2028. En profitera-t-elle pour récupérer Sapphire Canyon ? A priori, personne ne sera là pour les en empêcher.
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