La poussière, sur Terre, est généralement chassée par tous les moyens. Tous les procédés sont bons : plumeau, aspirateur, balai, chiffon, et ainsi de suite.
Qu’en sera-t-il sur Mars ? Nul ne le sait, mais en attendant, la poussière a fait l’objet d’une étude parue dans la revue Science Advances le 8 octobre par le chercheur Valentin Bickel de l’Université de Berne. L’Agence spatiale européenne (ESA) l’a relayée le même jour.
Pourquoi s’intéresser à de la poussière ?
La poussière a des vertus insoupçonnées. Elle permet de :
- masquer le Soleil, ce qui entraine des températures plus fraîches en journée et plus chaudes durant la nuit ;
- favoriser la formation de nuages ;
Cela permet aussi de distinguer le vent, développe Valentin Bickel, l’auteur principal de l’article dans le communiqué de l’ESA : « Les tourbillons de poussière rendent visible le vent ». Dès lors, « nous avons commencé à [le] cartographier sur toute la surface de Mars », chose qui était « impossible » auparavant, faute de données suffisantes pour pouvoir le faire à l’échelle de toute la planète.
Ce type d’observation peut sembler secondaire, mais ces mesures aident à parfaire la compréhension et les prévisions des vents sur Mars. Si l’on se place dans l’optique de la conquête de la planète rouge, ça compte : « Les informations sur la vitesse et la direction du vent sont cruciales pour la planification de l’arrivée des futurs atterrisseurs et rovers sur Mars » pointe ainsi Valentin Bickel.

En la matière, cela « pourrait aider les scientifiques à mieux comprendre les conditions de vent sur un site avant l’atterrissage, ce qui leur permettrait d’estimer la quantité de poussière susceptible de se déposer sur les panneaux solaires d’un rover, et donc la fréquence à laquelle ils devraient se nettoyer », complète-t-il.
Plus concrètement encore, ces données sont déjà utilisées pour planifier l’arrivée de l’astromobile ExoMars Rosalind Franklin sur la planète rouge en 2030 et éviter qu’il n’y atterrisse durant la saison des tempêtes.
Valentin Bickel souligne que « ce catalogue de traces de tourbillons de poussière est déjà public et que chacun peut l’utiliser pour ses propres recherches. D’autres entrées s’ajouteront progressivement ; Mars Express et ExoMars TGO collectent de nouvelles images chaque jour ».
Des images datant de 20 ans ont été analysées
Pour l’étude des vents et de la poussière martienne, les images prises par Mars Express depuis 2004 et par ExoMars TGO depuis 2016 ont été rassemblées dans un catalogue de 1039 images au total. Elles ont ensuite été analysées par un réseau neuronal auquel les chercheurs avaient appris à reconnaître les tourbillons de poussière.

L’analyse a révélé une multitude de détails encore peu connus sur les tornades de poussière. Par exemple :
- bien que les tourbillons de poussière soient présents sur l’ensemble de la planète, les tornades proviennent, pour beaucoup, de régions spécifiques, comme la plaine amazonienne, « une immense étendue de Mars recouverte d’une fine couche de poussière et de sable » ;
- La vitesse de ces tornades peut atteindre 44 m/s soit 158 km/h. Cela parait énorme mais, l’air est tellement peu dense sur Mars, que nous ne sentirions presque pas un vent soufflant à 100 km/h ;
- Comme sur la Terre, Mars a des saisons et les tourbillons de poussière sont plus fréquents durant le printemps et l’été dans les deux hémisphères ;
- Les tourbillons ont une durée de quelques minutes, pendant la journée et se produisent surtout de 11 h à 14 h, heure solaire locale ;
« C’est formidable de voir des chercheurs utiliser Mars Express et ExoMars TGO pour des recherches totalement inattendues », conclut Colin Wilson, scientifique de l’ESA travaillant sur les deux missions martiennes. « La poussière influence tout sur Mars, des conditions météorologiques locales à la qualité de nos images depuis l’orbite. Difficile de sous-estimer l’importance du cycle de la poussière. »
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