Ramener des échantillons martiens sur la Terre, c’est bien. Mais ramener des fragments de la planète rouge sans se ruiner, c’est mieux. Voilà donc la nouvelle boussole que compte suivre la Nasa dans le cadre de sa mission intitulée Mars Sample Return. Une philosophie que le directeur général de l’agence spatiale américaine, a décrit le 15 avril.
Cette nouvelle trajectoire revendiquée par Bill Nelson est la conséquence d’une longue évaluation indépendante rendue le 1er septembre 2023 pour évaluer le plan prévu pour Mars Sample Return. Pour le dire simplement, la revue du programme a mis en lumière des coûts particulièrement élevés et une échéance excessivement lointaine.
« Un budget de 11 milliards de dollars est trop élevé et la date de retour prévue en 2040 est trop éloignée », a résumé Bill Nelson. Certes, « le retour d’échantillons de Mars sera l’une des missions les plus complexes jamais entreprises par la Nasa », a-t-il admis. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut laisser les coûts et le calendrier déraper.
C’est d’autant plus insatisfaisant que l’agence spatiale américaine désire en parallèle conduire à long terme un programme spatial habité pour Mars, en incluant une présence humaine à la surface. La Nasa imagine passer ce cap vers la fin des années 2030 — si ce planning est tenu, cela suggère que le retour des échantillons surviendrait après.
Réduire drastiquement les coûts et accélérer le calendrier
Le programme Mars Sample Return, qui est toujours en cours de conception, doit donc être révisé pour contrer toute dérive supplémentaire. Il s’agit aussi de remettre une certaine cohérence : il est naturellement attendu de boucler d’abord à un retour d’échantillons, avant de faire atterrir un équipage sur la planète rouge.
Originellement, la Nasa avait prévu de lancer la mission vers 2027-2028 — quant aux échantillons martiens, il était envisagé de les faire revenir au tout début de la décennie 2030. Un horizon que l’évaluation indépendante a jugé illusoire : « Les problèmes techniques, les risques et les résultats obtenus jusqu’à présent indiquent une probabilité proche de zéro. »
Le rapport ajoute « qu’il n’existe actuellement aucune base technique crédible et cohérente, ni aucun calendrier, coût et technique correctement marginalisé qui puisse être réalisé avec le financement probablement disponible. » L’objectif, désormais, sera de ramener le coût du programme dans une fourchette de 5 à 7 milliards de dollars.
Il reste maintenant à construire cette solution plus efficace et moins chère. La Nasa a prévenu : cela se fera avec le secteur privé. L’industrie devra faire des propositions pour réduire « les coûts, les risques et la complexité de la mission. » Les entreprises sont invitées à faire des propositions innovantes, mais aussi à mobiliser des technologies éprouvées.
Désormais, la prochaine grande étape sera à l’automne 2024. Bill Nelson attend de ses centres comme le Jet Propulsion Laboratory qu’ils dégagent des pistes nouvelles pour ce programme, en tenant compte des contraintes budgétaires et de calendrier. C’est aussi à ce moment-là que les idées du secteur privé sont attendues.
À ce moment-là, nul doute que SpaceX sera sur les rangs. C’est ce qu’a suggéré Elon Musk, le fondateur de l’entreprise, sur X (ex-Twitter), lors d’une réponse adressée à la Nasa. « Le Starship a le potentiel de ramener un tonnage significatif de Mars d’ici à cinq ans », a-t-il écrit. Mais en matière de prédiction, Elon Musk n’a pas toujours tapé juste.
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