À 349 euros, le nouvel HomePod reste positionné sur le secteur du haut de gamme, alors que la logique aurait voulu qu’Apple baisse le prix de son enceinte pour conquérir un public plus large. Ce deuxième essai peut-il réussir là où son prédécesseur a échoué ? Numerama a testé le HomePod, édition 2023.

Le HomePod est de retour. 6 ans après son annonce, 5 ans après son lancement et 2 ans après l’arrêt de sa commercialisation, l’enceinte connectée d’Apple revient à la vie. Une résurrection surprenante sur le secteur des nouvelles technologies, où un « échec », aussi dur soit-il à mesurer, n’a que rarement droit à une seconde chance. Une aubaine pour les fans du modèle original (il y en a, comme en témoigne le marché de l’occasion des HomePod), une grosse interrogation pour les revendeurs qui pensaient le concept d’enceinte connectée haut de gamme définitivement enterré.

Le plus étonnant est qu’Apple ne touche quasiment pas au produit. Le HomePod 2 est vendu au même prix (349 euros), s’adresse toujours uniquement aux fans de l’écosystème d’Apple (pas de Spotify, pas de support d’Android, pas de Bluetooth…), ne change son design que d’un chouia et sert toujours aux mêmes choses (musique, maison connectée, interactions vocales avec l’écosystème Apple…). Apple a-t-il raison de laisser une seconde chance à son enceinte ? Après une semaine avec deux HomePod de seconde génération, voici l’avis de Numerama.

Design : la même chose, avec un câble amovible

Avant d’aborder le point le plus important (la qualité sonore), il est impossible de commencer ce test sans parler du design du HomePod. Une enceinte connectée, pour être bien audible, ne peut pas être cachée. Elle se doit donc d’être jolie, comme l’ont très bien compris Amazon, Google et Sonos, les principaux concurrents d’Apple sur le secteur.

La bonne nouvelle est que le HomePod 2, qui se décline en noir (minuit) et en blanc, devrait normalement plaire à tout le monde. Si on ne peut que regretter l’absence de couleurs plus « fun » (comme le bleu, le jaune ou le orange du HomePod mini), il y a fort à parier que tout le monde trouvera un moyen d’intégrer le HomePod à sa décoration. Les habitués du premier modèle ne devraient d’ailleurs pas être dépaysés, au vu des très maigres changements introduits par la V2.

Le HomePod 2023 à gauche, le HomePod 2018 à droite. // Source : Thomas Ancelle / Numerama
Le HomePod 2023 à gauche, le HomePod 2018 à droite. // Source : Thomas Ancelle / Numerama

En effet, six ans après l’annonce du premier HomePod, la ressemblance entre le modèle original et son successeur a de quoi surprendre. Côte à côte, les deux enceintes ont l’air d’être les mêmes. Il n’y a que sur les « pôles » que l’on peut observer des différences, à condition d’être très observateur :

  • Le socle du nouvel HomePod 2 est plat, alors que celui du premier était creux.
  • L’écran en haut n’est plus incurvé, mais il s’étend désormais sur l’intégralité de la surface tactile. Celui du premier modèle se contentait d’un petit rond coloré. Malheureusement, cet écran est toujours aussi inutile. Il est incapable d’afficher des informations et ne se destine qu’à montrer une animation colorée quand Siri est sollicité. On aurait adoré avoir des informations sur l’état de sa maison (la température, les lumières…), le nom du morceau en cours de lecture ou pouvoir lire ses notifications. Ce sera pour une prochaine fois.
Apple a enfin compris que le câble d'une enceinte est plus pratique lors qu'il est amovible.  // Source : Thomas Ancelle / Numerama
Apple a enfin compris que le câble d’une enceinte est plus pratique lorsqu’il est amovible. // Source : Thomas Ancelle / Numerama

Le changement le plus marquant est sans doute celui auquel on s’attendait le moins : le câble d’alimentation est désormais amovible. Les propriétaires du premier modèle (comme l’auteur de ce test) ont probablement beaucoup souffert du câble accroché à l’enceinte originale, qu’il fallait enrouler autour du HomePod pour le transporter (on pouvait l’arracher en tirant fort, mais ce n’était pas fait pour). Le nouvel HomePod a un câble conçu pour être retiré, ce qui rend son déménagement beaucoup moins complexe (et moins dangereux, puisque le câble pouvait abîmer le tissu s’il était trop serré). Seul regret, son câble n’est pas USB-C. Il aurait été cool de pouvoir utiliser le chargeur d’un Mac en cas d’oubli, mais il s’agit quand même d’un embout universel.

Malheureusement, cela ne fait pas du HomePod 2 une enceinte portable. Il s’agit toujours d’un produit qui doit être relié au courant et connecté au Wi-Fi pour fonctionner (et le changement de Wi-Fi n’est pas automatique, il faut se rendre dans l’application Maison pour effectuer le changement à chaque déplacement).

Audio : le HomePod 2 fait tout mieux que le HomePod 1, sauf le rap

Il y a cinq ans, le HomePod premier du nom avait impressionné les critiques de par la qualité de ses haut-parleurs. Alors que l’on imaginait Apple répondre à Google et Amazon avec une enceinte dédiée à son assistant vocal Siri, la marque californienne avait préféré surprendre son monde en misant tout sur la musique, ce qui colle finalement bien plus à son ADN (iPod, iTunes, AirPods…). Un choix malin en théorie, qui n’avait pas eu l’impact espéré dans les ventes. La faute à un tarif trop élevé pour que le grand public se dise que le HomePod méritait de sortir 349 euros.

Le HomePod 2 est-il aussi bon musicalement, alors qu’Apple a revu sa conception interne en retirant des composants (cinq tweeters au lieu de sept, quatre micros au lieu de six…) ? La réponse est oui, même si cette réponse est évidemment très subjective. Numerama n’a pas la prétention de penser que son avis sera partagé par tout le monde. Ce test est celui d’un utilisateur lambda qui placerait un HomePod 2 au milieu de son salon, pas celui d’un expert en audio. Ce test a néanmoins un avantage : son auteur a un HomePod à la maison depuis le jour de sa sortie en 2018, ce qui lui permet de facilement identifier les différences entre les deux modèles. La bonne nouvelle est que le HomePod 2, dans la très grande majorité de nos essais, a fait mieux que le HomePod 1 (et c’est aussi vrai pour les appels téléphoniques, vu que les voix sont plus audibles).

Le dessous du HomePod 2. // Source : Thomas Ancelle / Numerama
Le dessous du HomePod 2. // Source : Thomas Ancelle / Numerama

Notre constat est le suivant : un même morceau joué sur les deux générations de l’enceinte sonnera quasiment systématiquement mieux sur le HomePod 2. À volume maximal, le HomePod 2 est plus percutant et, surtout, bien plus juste. On perçoit beaucoup plus distinctement les voix, en grande partie grâce à une meilleure diffusion dans l’espace (on a souvent l’impression que les instruments viennent des murs, tandis que les paroles de l’enceinte). Les efforts algorithmiques d’Apple et la puce S7 de l’Apple Watch signent un véritable tour de force, ce qui est assez impressionnant au vu du design inchangé de l’appareil.

Pour une soirée dans un appartement, nous dirions même qu’un HomePod est sans doute ce qu’il existe de mieux sur le marché, même si la Sonos One n’est pas très loin (et a l’avantage de ne pas exclure vos amis avec un téléphone Android). Les haut-parleurs du HomePod 2 écrasent ceux de nombreux concurrents. Certes, ce n’est pas toujours parfait, mais toutes les personnes qui ont pu l’écouter pendant notre test se sont dites bluffées.

Dommage que le HomePod ne fonctionne qu'avec peu de services de streaming (Apple Music et Deezer) et exige l'utilisation d'un iPhone pour streamer de la musique de Spotify. // Source : Thomas Ancelle / Numerama
Dommage que le HomePod ne fonctionne qu’avec peu de services de streaming (Apple Music et Deezer) et exige l’utilisation d’un iPhone pour streamer de la musique depuis Spotify. // Source : Thomas Ancelle / Numerama

Sur tous les genres musicaux testés par Numerama (rock, pop, alternative, métal, classique, variété française, jazz), il n’y en a qu’un seul où le HomePod 2 s’est avéré plus décevant qu’espéré : le rap. Critiqué pour l’excès de basses du premier modèle, Apple semble avoir rectifié le tir en limitant drastiquement l’effet « boom boom » qui avait fait la notoriété du HomePod. Un signe de maturité, puisque la marque californienne, qui avait racheté Beats en 2014, semble avoir favorisé la polyvalence avec son nouvel HomePod. L’écoute de morceaux très rythmés est moins waouh, mais finalement plus agréable à la longue. Ce n’est donc pas une grande perte.

Sur la totalité du test, le HomePod 2 s’est avéré être une enceinte musicale extraordinaire pour son format. À l’heure de l’audio spatial, il est peu probable qu’une enceinte mono fasse mieux, même s’il est évident que des produits au même prix, mais plus encombrants (comme des systèmes Hi-Fi), délivreront plus. Mais ce n’est pas sa cible.

Stéréo et TV : deux HomePod peuvent-ils remplacer une barre de son ?

700 euros, le prix de l’équipement ultime

Évidemment, il est possible de coupler deux HomePod pour profiter d’une vraie expérience stéréo. C’est d’ailleurs la configuration idéale, voire la seule envisageable pour les fans de musique, que l’on imagine mal se contenter d’une recomposition spatiale virtuelle avec une seule enceinte. Le prix de l’équipement est alors doublé, ce qui fait du HomePod un système stéréo à 700 euros. À ce prix, on commence à trouver de très bonnes chaînes Hi-Fi ailleurs. Chez Sonos, le pack stéréo coûte 458 euros. Une nouvelle preuve de l’élitisme assumée par la marque californienne, qui se comporte comme si elle était seule sur le marché.

Pour créer une paire stéréo de HomePod, rien de plus simple. L'iPhone le suggère automatiquement à la configuration ou on peut le faire manuellement dans l'application Maison, en touchant « Créer une paire stéréo ».  // Source : Numerama
Pour créer une paire stéréo de HomePod, rien de plus simple. L’iPhone le suggère automatiquement à la première configuration ou on peut le faire manuellement dans l’application Maison, en touchant « Créer une paire stéréo ». // Source : Numerama

Sans surprise, une paire stéréo de HomePod est encore plus impressionnante qu’une enceinte seule. L’utilisation de l’espace est si précise que l’on pourrait continuer de réécouter ses morceaux préférés pendant des heures. Pour qui a le budget, deux HomePod représentent clairement un investissement formidable pour sonoriser une maison. La paire stéréo n’a évidemment pas à être refaite à chaque fois, les deux enceintes fusionnent dans l’application d’Apple.

Est-il possible de coupler un HomePod 1 et un HomePod 2 ? Non, mais on comprend parfaitement pourquoi. Cette décision pouvait sembler étrange au premier abord, mais après avoir écouté les différences de sonorité entre les deux modèles, on ne voit pas comment Apple aurait pu proposer un bon mix. De toute façon, grâce à AirPlay, il est possible de lire le même morceau sur plusieurs enceintes en même temps, qu’il s’agisse de HomePod 1, HomePod 2, HomePod mini, Sonos ou d’une autre marque…

Le HomePod 2 version blanc. // Source : Thomas Ancelle / Numerama
Le HomePod 2 version blanc. // Source : Thomas Ancelle / Numerama

Avec une Apple TV, plus besoin d’une barre de son

Enfin, il y a une autre bonne idée qu’Apple a eue avec ses HomePod (elle n’est en réalité pas nouvelle, même si le marketing de la marque californienne tente de faire croire qu’il s’agit d’une nouveauté de cette génération).

Grâce à la technologie eARC des dernières Apple TV, il est possible de transformer un ou deux HomePod en une barre de son sans-fil. Tout l’audio qui sort de votre télévision, qu’il vienne de l’Apple TV ou d’un autre périphérique (la box de votre opérateur, une console, la TNT…) sera envoyé au(x) HomePod. Fausse bonne idée ? Nous avons expérimenté la solution pendant des mois avec le premier HomePod, puis pendant plusieurs jours avec deux HomePod 2, sans jamais rencontrer le moindre problème. La latence est trop faible pour être remarquée et la reconstitution sonore, particulièrement dans des jeux vidéo, est excellente.

Aussi fou que cela puisse paraître, deux HomePod 2 peuvent parfaitement remplacer une barre de son. Dans cette configuration, l’Apple TV et les deux HomePod fusionnent pour devenir un seul périphérique AirPlay. Dommage que le coût du pack (349 + 349 + 169, soit 867 euros) soit aussi élevé. On aurait aimé qu’Apple commercialise le tout ensemble à un prix plus rond, comme 799 euros.

Entre ma Sonos Beam 2 et mon HomePod 2, mon cœur penche plutôt du côté de l'enceinte d'Apple pour les scènes d'action. // Source : Numerama
Entre ma Sonos Beam 2 et mon HomePod 2, mon cœur penche plutôt du côté de l’enceinte d’Apple pour les scènes d’action. // Source : Numerama

Deux HomePod en guise de barre de son est-il vraiment un investissement rentable ? Si on peut regretter l’absence d’émulation de Dolby 7.1 ou Atmos, des points mis en avant par la concurrence, nous avons tendance à penser que deux HomePod 2 utilisent mieux l’espace qu’une barre de son Sonos Beam 2 (499 euros). On espère de tout cœur que la rumeur d’une barre de son Apple avec tvOS intégré se concrétisera un jour, pour que plus de monde puisse profiter de cette configuration boostée aux HomePod. En l’état, on voit mal le grand public avoir le courage de se lancer dans une installation avec trois appareils distincts (donc trois prises), quand une seule barre de son peut suffire. C’est d’ailleurs tout le problème du HomePod, il ne s’adresse qu’à un public qui sait ce qu’il veut.

Maison connectée, minuteur et Siri… À quoi sert un HomePod ?

À quoi sert un HomePod ? Pour ne pas rendre ce test encore plus long, nous n’allons pas nous éterniser. Numerama a déjà écrit un comparatif entre Siri, Google Assistant et Amazon Alexa, qui montre bien les facultés et difficultés de chaque enceinte connectée. Pour caricaturer, nous dirions que Siri est surtout bon pour la musique, la maison connectée, le lancement de minuteurs et pour faire sonner un téléphone égaré (« Dis Siri, où est mon iPhone »). Le reste est assez loin de ChatGPT. Siri a souvent tendance à ne pas comprendre ce qu’on lui dit et à envoyer les résultats de sa recherche sur l’iPhone de son propriétaire. Pas terrible pour un contrôle vocal. Sa seule nouveauté avec cette nouvelle génération est l’ajout d’un petit bruit lorsqu’une requête a été lancée, par exemple quand on lui dit d’ouvrir des volets (cette option est désormais disponible sur les autres HomePod).

Par rapport à son prédécesseur, le HomePod 2023 a trois nouveautés majeures, qu’il partage d’ailleurs avec le HomePod mini :

  • L’intégration de la puce U1, qui permet de poser un iPhone dessus pour transférer la musique sans toucher l’écran. Un échange qui fonctionne dans les deux sens.
  • Le support de Matter, le nouveau protocole commun à Apple, Google et Amazon pour la maison connectée. Le HomePod peut servir de routeur Thread (une technologie de transmission sans-fil, qui permet aux objets de communiquer entre eux), ce qui lui permet de piloter une maison connectée (le HomePod mini et l’Apple TV savent aussi le faire). Nous avons pu essayer l’ajout d’un objet Matter, le HomePod permet en effet de les contrôler. Mais les habitués de HomeKit, le système d’Apple, ne devraient pas voir beaucoup de changements. Matter ressemble beaucoup à HomeKit.
  • L’ajout d’un capteur de température et d’humidité, pour créer des automatisations (éteindre le climatiseur quand il fait assez bon). Ses résultats sont assez approximatifs, il y a plus ou moins 1-2 degrés de différence avec la réalité. C’est assez pour une automatisation, mais ce n’est pas extrêmement précis.
La température apparaît dans l'application Apple Maison, on peut aussi la demander à Siri.  // Source : Numerama
La température apparaît dans l’application Apple Maison, on peut aussi la demander à Siri. // Source : Numerama

Vous l’avez compris, il n’y a que très peu de changements entre le HomePod de 2023 et celui de 2018. Comment ne pas reproduire l’échec du premier modèle ? La maison connectée, qui va monter en puissance dans les prochains mois, pourrait être la clé. Mais la proposition d’Apple ne diffère pas assez pour que l’on soit aveuglement confiant.

Le verdict

La note de 8/10 que l’on attribue au HomePod 2 illustre bien le paradoxe que représente ce produit. Au vu de notre affinité pour l’enceinte et sa qualité audio, nous avons envie de lui donner un 9/10, voire la note maximale. Pourtant, son positionnement en fait un ovni sur le marché. Comment recommander un produit qui ne se destine qu’à une faible partie des utilisateurs, alors que son potentiel pourrait être bien plus élevé ? Sur cet aspect, le HomePod 2 mérite plus un 7/10, voire un 6/10… Voilà comment nous arrivons à une moyenne de 8/10, qui nous semble si peu représentative de cette proposition étrange, qui n’aurait probablement jamais dû revenir avec aussi peu de changements.

En effet, le HomePod force son utilisateur à faire trop de concessions. Il n’y a qu’Apple Music et Deezer comme services vocaux compatibles, il n’y a qu’un seul protocole de diffusion (AirPlay 2, ce qui exclut le Bluetooth, Spotify Connect ou Google Cast), seuls les produits Apple peuvent diffuser de la musique dessus et la configuration idéale oblige à en posséder deux, ce qui élève encore plus la facture, quitte à le mettre en concurrence avec des systèmes Hi-Fi plus à même de séduire des audiophiles. L’idée d’en utiliser deux pour remplacer une barre de son est séduisante, mais pas encore suffisamment simple pour le commun des mortels. Enfin, Siri n’est bon que pour la musique, la domotique et les tâches basiques.

Et pourtant, le paradoxe du HomePod 2 en fait un appareil que l’on adore, aussi impressionnant musicalement qu’agréable à utiliser, à condition de correspondre parfaitement à sa toute petite cible. On a donc envie de le recommander à qui sait qu’il lui plaira, mais pas aux autres.


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