Au fil des ans, Twitter a suspendu un nombre colossal de comptes, pour de multiples raisons — spam, désinformation, imposture, etc. Elon Musk, le propriétaire du réseau social, songe à lever tous les bannissements lors d’une amnistie générale.

Elon Musk continue de diriger Twitter à coups de sondage. Après avoir demandé au public s’il souhaite le retour de Donald Trump, le nouveau patron du réseau social a, à nouveau, interrogé sa communauté. Le 23 novembre 2022, Elon Musk a posé une nouvelle question, qui porte cette fois sur le destin des comptes bannis de Twitter.

« Twitter devrait-il offrir une amnistie générale aux comptes suspendus, à condition qu’ils n’aient pas enfreint la loi ou ne se soient pas livrés à du spam flagrant ? », est l’interrogation du moment chez l’entrepreneur américain. Le sondage, lancé le 23 novembre, s’achève le 24. En l’état actuel, l’écart de voix laisse peu de doute quant au résultat : le « oui » gagne à plus de 72% des voix.

Quels comptes Twitter vont revenir ?

Dès lors, il semble donc fort probable que l’amnistie voulue par Elon Musk ait bel et bien lieu. Si on s’en tient à ce qu’il s’est passé pour Donald Trump, les comptes des exclus du réseau social feraient leur retour sur Twitter le 25 novembre.

Quant à savoir quels comptes votn revenir, les critères sont pour l’instant flous : sur quelle base se fonde Elon Musk pour décider ? Les législations américaines et européennes diffèrent grandement, et ce qui n’est pas considéré comme une infraction à la loi dans tel pays pourra l’être dans tel autre.

Numerama a cherché à savoir quelle serait la liste des principaux comptes, français et internationaux, pouvant bénéficier de cette clémence. Il ne s’agit pas ici de dire que tous les comptes qui vont réapparaître sont dangereux. Certains ont été supprimés pour des infractions au droit d’auteur, ou pour des raisons peu claires. Mais il est indéniable que d’autres l’ont été pour une bonne raison — leur retour ne serait pas un bon signe pour le harcèlement et la violence sur la plateforme.

Des comptes anti-vaccins et d’extrême droite

En France, on peut déjà noter une catégorie notable rassemblant les personnalités anti-vaccin ou promouvant des théories du complot sur le coronavirus. Plusieurs comptes influents ont été proscrits en 2020 et 2021, au plus fort de la pandémie et lors du lancement de la campagne vaccinale.

On pense notamment à Silvano Trotta, l’un des influenceurs anti-vaccin les plus populaires et depuis devenu une référence du complotisme français. Sa chaîne Telegram compte plus de 161 000 abonnés. D’autres comptes du même genre ont été supprimés de Twitter en 2021, comme @Le_General_Off (plus de 60 000 abonnés au compteur) et @L_infirmier_ (55 000 abonnés).

Autre cas notable : Francis Lalanne. Le chanteur, devenu depuis une figure phare de la mouvance anti-vaccinale et se faisant le porte-voix de discours complotistes, s’en était pris à Numerama en 2021, après la publication d’un article dénonçant une fake news transphobe sur Brigitte Macron. Son compte avait été supprimé peu de temps après ses invectives.

Francis Lalane n'avait pas beaucoup aimé notre article  // Source : Capture d'écran / Montage Numerama
Francis Lalanne n’avait pas beaucoup aimé notre article. // Source : Capture d’écran / Montage Numerama

L’ancien député Joachim Son-Forget, dont le compte a été suspendu après s’être fait passer pour Donald Trump, pourrait aussi bénéficier de cette grâce, comme Rivarol, un hebdomadaire d’extrême droite. Il a été banni en 2019 après plusieurs papiers « appelant à la haine raciale et à l’apologie de crimes contre l’humanité », relève Ouest-France.

À l’international, de nombreux comptes sont concernés. En janvier 2021, Twitter avait supprimé plus de 70 000 comptes liés à QAnon, une théorie du complot selon laquelle les Démocrates américains seraient des satanistes cannibales. Des membres de QAnon ont participé à l’assaut du Capitole de Washington le 6 janvier 2021. Milo Yiannopoulos, une figure très controversée et polémiste d’extrême droite suspendue en 2016 pour avoir harcelé et insulté une actrice, pourrait aussi faire son retour.

On peut ajouter à la liste David Duke, l’ancien leader de l’organisation raciste du Ku Klux Klan, suspendu en 2020, ou encore Steve Bannon, l’ancien conseiller de Donald Trump banni pour avoir appelé à la décapitation d’un expert santé pendant un podcast.

En remontant la longue liste Wikipédia dédiée au sujet des comptes bannis, on se rend rapidement compte que la plupart l’étaient pour des raisons évidentes, prévues par les règles communautaires de Twitter : appels à la haine, au racisme, à la violence, etc.

Tous ne seront certainement pas restaurés : les groupes terroristes ne retrouveront pas leur compte, et Elon Musk a confirmé que le complotiste américain Alex Jones resterait persona non grata. Mais de nombreuses personnes, bien que n’ayant pas été condamnées en justice, portent des discours en infraction avec les règles de la plateforme. Elles pourraient malgré tout revenir. Dès lors, l’« amnistie » d’Elon Musk risque de déboucher sur un retour massif de contenus litigieux sur la plateforme, voire dangereux, réduisant à néant une politique de modération de plusieurs années.


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