Selon le nouveau patron d’Intel, Lip-Bu Tann son groupe ne figure plus dans le top 10 des entreprises de semi-conducteurs. Le fondeur américain ne croit plus en ses chances de rattraper son retard sur l’intelligence artificielle.

Intel, le géant américain des semi-conducteurs, traverse une période très sombre. Pat Gelsinger, son patron de 2021 à 2024, a récemment quitté l’entreprise. Lip-Bu Tan, qui l’a remplacé en mars 2025, se montre de son côté pessimiste sur la situation. Dans une conversation interne révélée par The Oregonian, il décrit une entreprise en très mauvais état :

« Il y a 20 ou 30 ans, nous étions vraiment le leader », note Lip-Bu Tan. « Aujourd’hui, je pense que le monde a changé. Nous ne faisons pas partie des 10 premières entreprises de semi-conducteurs », regrette-t-il.

La chute vertigineuse d’Intel : l’entreprise va licencier des employés

Cette déclaration marque un tournant dramatique pour une entreprise qui a longtemps dominé l’industrie des processeurs. Intel, qui occupait la première place mondiale des fabricants de semi-conducteurs depuis 1993, est aujourd’hui dépassé par ses concurrents historiques comme NVIDIA, AMD, Qualcomm et TSMC.

Dans un monde où Nvidia vient de dépasser les 4 000 milliards de dollars de valorisation boursière, Intel a mauvaise mine avec ses 103 milliards. Face à l’urgence, Intel a entamé une restructuration d’envergure sous la direction de Lip-Bu Tan. L’entreprise procède actuellement à des licenciements massifs qui pourraient affecter jusqu’à 20 % de ses effectifs mondiaux : « Nous devons être humbles », dit le nouveau patron.

En 5 ans, Intel a perdu 60 % de sa valeur.
En 5 ans, Intel a perdu 60 % de sa valeur. // Source : Capture Numerama

Ces coupes drastiques font suite aux 15 000 suppressions de postes déjà effectuées en 2024. Lip-Bu Tan se dit convaincu que seul un Intel plus petit peut encore innover : l’entreprise doit rétrécir.

L’IA, un train manqué aux conséquences dramatiques

L’aveu d’échec de Lip-Bu Tan sur l’intelligence artificielle est révélateur. Alors que l’explosion de ChatGPT et de l’IA générative propulse des entreprises comme Nvidia et AMD, Intel n’a pas su capitaliser sur cette révolution. « En ce qui concerne l’entraînement des IA, je pense qu’il est trop tard pour nous », répond Lip-Bu Tan. Intel n’a pas de GPU susceptibles de rivaliser avec les puces de ses concurrents.

Face à cette situation critique, Intel tente de se réinventer en se concentrant sur « l’IA périphérique » (edge AI), qui vise à intégrer le traitement IA directement dans les appareils plutôt que de dépendre du cloud (une approche similaire à celle d’Apple). L’entreprise mise également sur l’IA agentique, avec des modèles capables de faire des choses à la place de leurs utilisateurs. « C’est un domaine qui, selon moi, est en train d’émerger et de prendre de l’ampleur, et nous voulons être sûrs de le saisir. »

Jensen Huang, le patron de Nvidia au CES 2025. // Source : Numerama
Jensen Huang, le patron de Nvidia, est le grand gagnant de l’émergence de l’IA générative. // Source : Numerama

Un marathon pour la survie

Le nouveau PDG ne se fait aucune illusion sur l’ampleur de la tâche. Il décrit la résurrection d’Intel comme un « marathon », nécessitant une transformation culturelle profonde et une approche plus humble face aux évolutions du marché. L’entreprise mise désormais beaucoup sur son processus de fabrication 18A, prévu pour cette année, dans l’espoir de pouvoir mieux rivaliser avec TSMC. À l’avenir, elle compte ouvrir ses usines aux tiers grâce à son futur procédé 14A, selon Reuters.

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