C’est une problématique qui avait émergé très rapidement, au moment de la mise en place de la politique française exigeant de contrôler correctement l’âge des internautes visitant des sites pornographiques. En cas d’infraction, il est prévu un mécanisme pouvant aboutir à un blocage par les fournisseurs d’accès à Internet (Orange, SFR, Free, Bouygues, etc.).
Or, quid des espaces « gris », qui mêlent à la fois des contenus pour adultes et des rubriques grand public ? Un réseau social tel que X (ex-Twitter) est un cas d’école parlant : bien qu’il soit ouvert aux mineurs à partir de 13 ans, il véhicule aussi des photos et des vidéos interdites aux moins de 18 ans. On peut en trouver très facilement.

Déjà en 2022, la question d’un blocage de Twitter en France était posée (et demandée) par deux associations de protection de l’enfance. Trois ans plus tard, cette perspective est revenue sur le devant de la scène, notamment à la suite d’une intervention de Clara Chappaz, ministre déléguée chargée de l’IA et du numérique, sur Quotidien, le 5 juin 2025.


À ce moment-là, l’intéressée avait suggéré que la plateforme d’Elon Musk recevrait prochainement des demandes similaires à celles adressées aux sites de X : éjecter les contenus pornographiques, ou bien mettre en place un contrôle de l’âge approprié, et efficace, qui va plus loin que la déclaration sur l’honneur, qui est un filtre complètement inopérant.
Reddit, BlueSky, X ou encore Mastodon dans le viseur
Une semaine plus tard, selon les informations de Politico, le 11 juin, ce sujet est non seulement toujours d’actualité, mais il est en passe d’être étendu à d’autres sites « gris » du même genre. Nos confrères mentionnent particulièrement Reddit, BlueSky (un rival de X) et Mastodon. En effet, ces plateformes ont aussi la particularité de distribuer largement des contenus X.
« Nous nous concentrons sur la vérification de l’âge pour toute plateforme qui distribue ou permet le partage de contenu pornographique », avance le cabinet de Mme Chappaz, cité par Politico. Cependant, ce scénario n’est pas encore tout à fait certain et la réflexion d’inscrire ou non ces espaces sur la liste des sites X tenus de vérifier l’âge se poursuit.
Un blocage au niveau des opérateurs constitue le scénario du pire, mais il existe d’autres sanctions de moindre ampleur qui peuvent être envisagées, comme des amendes ou des déréférencements des moteurs de recherche (Google). Dans ce dernier cas, les sites seraient toujours joignables via des liens ou en tapant leur adresse dans un navigateur.

Tensions juridiques sur la régulation du numérique
Cette affaire cache par ailleurs une certaine tension juridique entre Paris et Bruxelles, relative à une « hiérarchie des normes » en matière de régulation du numérique. En principe, la régulation des plateformes incombe à la Commission européenne, avec des outils comme le DSA et le DMA, et non pas aux États membres, ce qui limite leurs marges de manœuvre.
Ces frictions sont apparues lors d’un fait divers ayant entraîné la mort d’une surveillante, poignardée par un adolescent. Dans un tweet, Emmanuel Macron a réclamé l’interdiction des réseaux sociaux avant 15 ans, estimant que les plateformes ont la possibilité de vérifier l’âge. Or, une loi a déjà été prise (majorité numérique), mais s’avère inapplicable.
De fait, la France pousse au niveau européen pour obtenir la mise à l’écart des mineurs des réseaux sociaux, en tout cas des plus jeunes, dans le but d’enjamber ce conflit de normes. Un conflit qui réside aussi dans le dossier de la pornographie, que la France tente de faire avancer avec sa propre régulation. Au risque de se placer hors des clous des règles de l’UE.
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