Nintendo trouve encore le moyen de faire vivre à son plombier moustachu une aventure délurée. Dans Super Mario Bros. Wonder, elle part carrément dans le trip sous drogue dure. À consommer sans modération, bien sûr.

On ne saura jamais si c’est volontaire ou non, mais Super Mario Bros. Wonder ressemble à un épisode de Confessions Intimes où le célèbre plombier étalerait son addiction à une drogue dure et son grand amour pour les rave party (à défaut de confesser sa violence envers Yoshi). Les champignons en l’occurrence, qu’il consomme sans aucune forme de retenue depuis la nuit des temps. Après tant d’années à en manger, serait-il désormais dans un état de transe irréversible ? C’est l’impression que Super Mario Bros. Wonder donne dès qu’un niveau part tous azimuts, même si c’est une fleur magique qui fait tout partir en vrille.

On peut aussi voir le nom du jeu comme une référence à Alice aux pays des Merveilles (wonder = merveille, pour les anglophobes), une autre œuvre qui éclabousse ces moments où la réalité qu’on connaît de Mario bascule dans un monde psychédélique nourri au LSD. On ne sait pas quelle mouche a piqué Nintendo pour en arriver là. Mais force est de reconnaître que Super Mario Bros. Wonder reste une expérience en 2D très plaisante. Elle transpire le savoir-faire et la maîtrise de la première à la dernière seconde, tout en se gargarisant d’une générosité débordante.

Mario assume qu’il est un gros drogué dans sa dernière aventure 2D sur Nintendo Switch

Comme d’habitude avec Mario, et le film d’animation en 2023 l’a prouvé, il ne faut pas chercher une histoire incroyable dans cette exclusivité Switch. Néanmoins, s’il faut bien reconnaître une capacité à Nintendo : il sait toujours trouver un twist savoureux. Donnez un bâton à la firme nippone, et elle en fera une forêt luxuriante. Ici, le héros et sa clique quitte le Royaume Champignon (ce qui n’invalide pas le premier paragraphe) pour celui des Fleurs. Un changement d’unité de lieu qui permet à Nintendo de jouer avec les règles à sa guise, d’apporter ce petit surplus de folie dont a besoin une formule pour (re)devenir magique.

On s’y amuse comme un petit fou

Mario qui se transforme en slime, musique qui s’accélère au point de devenir rythmique, tuyaux qui bougent comme un asticot, pluie d’étoiles, environnements qui deviennent une boîte de nuit tirée d’un film de Nicolas Winding Refn… Oui, vous êtes bien dans un jeu vidéo Mario, une saga qui, normalement, est habituée à être sage puisque destinée à un public le plus large possible. Nintendo se lâche dans Super Mario Bros. Wonder et on s’y amuse comme un petit fou, malgré la sensation d’être en pleines hallucinations.

Super Mario Bros. Wonder // Source : Nintendo
Non, vous n’hallucinez pas // Source : Nintendo

Si l’analogie avec les substances illicites vous paraît un tantinet exagérée, voyez Super Mario Bros. Wonder comme un remède contre la morosité qui ne cesse de frapper à nos portes au contact de l’actualité. Il est une immense course vers l’émerveillement permanent, rendu possible par un habillage d’orfèvre. Chaque niveau transpire de vie, fruit d’un gros travail sur les animations (les personnages sont vraiment mignons), d’une myriade de détails, de bruitages savoureux (les plantes qui parlent) ou encore de couleurs chatoyantes. Il est toujours un peu facile d’être riche quand on s’autorise tout. Mais Nintendo conserve une petite part de maîtrise qui rend la proposition digeste. En bref, on ne risque jamais l’overdose.

Super Mario Bros. Wonder // Source : Nintendo
Visuellement, Super Mario Bros. Wonder ose beaucoup // Source : Nintendo

Derrière toute cette surenchère assumée qui en met plein les yeux, Super Mario Bros. Wonder dissimule une structure comme on en a déjà vue mille. Mais ce n’est pas bien grave. Parfois, il faut simplement accepter d’enfiler ses charentaises douillettes et d’apprécier ce confort rassurant. Vous avez déjà joué à un jeu Mario en 2D dans votre vie ? Alors vous savez déjà à quoi vous attendre. Rien ne sert de réinventer la roue quand votre bolide a déjà un moteur bien huilé. Tout juste Nintendo se permet-il quelques libertés en autorisant les joueuses et les joueurs à faire les niveaux dans un ordre décousu (un nombre d’étoiles renseigne sur leur difficulté). Une opportunité pour mieux doser le challenge, quand on ne se sent pas capable d’accomplir des prouesses. Ils sont accessibles depuis une carte sur laquelle on se déplace librement, en prime truffée de quelques secrets savoureux (il y en a aussi au sein des niveaux).

On aime Mario Éléphant

Malgré des ressorts routiniers, Super Mario Bros. Wonder trouve des moyens de bousculer nos vieux réflexes. La transformation Éléphant, qui n’est pas uniquement réservée à Mario, en est le parfait exemple. Il ne s’agit pas d’un simple costume donné une fois de temps en temps (on le récupère dès le premier niveau), mais d’un moyen de confier toujours plus de pouvoirs aux personnages. Ils seront alors capables de distribuer des coups de trompe ou encore de répandre de l’eau s’il y en a à proximité. On notera au passage que l’Éléphant permet à Nintendo de s’en donner à cœur joie sur les animations : le pachyderme aura du mal à rentrer son gros séant dans un tuyau tandis que deux éléphants rebondiront l’un sur l’autre en cas de session coopérative. C’est rigolo d’avoir pensé à ça. À côté, les deux autres pouvoirs inédits — la fleur à bulles et le champignon foreuse — marquent beaucoup moins les esprits.

Super Mario Bros. Wonder // Source : Nintendo
Un festival de couleurs, à partager à plusieurs // Source : Nintendo

En revanche, c’est beaucoup moins rigolo de constater que Nintendo n’a fait aucun effort sur le casting. Certes, on pourra abandonner le costume de Mario pour celui de Peach ou de Daisy (qui ne sont pas en détresse !). Mais il n’y a strictement aucune différence dans le gameplay des différentes options, alors que des titres bien plus vieux différenciaient les héros (normalement, Luigi est censé sauter plus haut). Seuls Yoshi et Carottin se distinguent des autres, seulement à des fins d’accessibilité (ils sont insensibles aux dégâts). Ils permettent à Super Mario Bros. Wonder d’être une œuvre 100 % familiale, où les plus jeunes s’amusent autant que les plus grands. On peut y jouer à quatre, au besoin.

Le verdict

On peut affirmer que Nintendo s’est lâché avec Super Mario Bros. Wonder. Cette exclusivité Switch offre un nouveau terrain de jeu au plombier moustachu et à ses amis, ce qui permet de transgresser les règles d’une illustre saga. Le jeu donne souvent l’impression de partir dans tous les sens. Mais il conserve cette maîtrise difficile à égaler. Couplée à une générosité débordante, elle aboutit à une expérience très amusante, à apprécier éventuellement à plusieurs.

Bien sûr, Super Mario Bros. Wonder reste un jeu vidéo en 2D comme on en a vu tant, les (vraies) innovations étant réservées aux productions en 3D. Sauf que l’ingéniosité de Nintendo parvient encore à bousculer suffisamment nos habitudes pour donner ce petit coup de lustre qui fait du bien. Enfin, Mario assume enfin son addiction aux drogues dures, ce qui n’en fera plus un exemple pour la jeunesse. Thug life.

Prix et disponibilité de Super Mario Wonder

Le nouveau Super Mario Bros. Wonder est disponible à partir du 20 octobre, au tarif officiel de 59,99 euros.

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