Pour Elon Musk, le futur de l’automobile, c’est la voiture autonome. Comme ça, il pourra tweeter sans risque au volant. Mais à vouloir précipiter le changement, dit-il vraiment toute la vérité à ses investisseurs ?       

Elon Musk en est convaincu : la révolution du transport viendra quand on pourra texter tranquillement pendant tout le trajet sans mettre sa sécurité en jeu. C’est ainsi qu’il a présenté le futur Cybercab et ses perspectives de marché aux investisseurs, lors de la présentation des résultats financiers de Tesla du 22 octobre 2025. Les utilisateurs des transports en commun du monde entier doivent doucement rigoler en découvrant l’argument du patron de Tesla.

Au-delà de cette déclaration déroutante qui doit gonfler la production de véhicules, Elon Musk a quand même apporté plusieurs précisions sur le futur Cybercab, mais aussi sur l’évolution du service de Robotaxis de la marque. En revanche, malgré les sollicitations à répondre sur certains points de tension, Elon Musk a pris soin d’éviter les sujets délicats.

Le Cybercab pour 2026 : est-ce réaliste ?

Lors de cette conférence téléphonique, Elon Musk a donné un calendrier : le Cybercab entrerait en production au deuxième trimestre 2026. Il faut néanmoins garder en tête que les annonces d’Elon Musk en la matière sont tout sauf fiables, les délais donnés étant souvent irréalistes pour le reste des équipes impliquées.

Tesla Cybercab circule à Austin // Source : @AdanGuajardo
Tesla Cybercab circulant à Austin. // Source : @AdanGuajardo

Le patron de Tesla rappelle qu’il s’agit d’un « véhicule optimisé pour l’autonomie totale ». L’absence de volant et de pédale est d’ailleurs vue comme une manière de minimiser les coûts au-delà de ce que l’on imagine : « Si vous avez des volants et des pédales et que vous concevez une voiture qui pourrait être utilisée pour des accélérations très rapides et des virages serrés, comme les voitures de haute performance, vous allez concevoir une voiture différente de celle qui est optimisée pour une conduite confortable, mais qui ne s’attend pas à dépasser 130 ou 145 km/h. »

Mais, c’est surtout une autre de ses remarques lors de cette prise de parole qui interpelle : « Le détail qui tue, c’est de savoir si l’on peut envoyer des SMS en voiture. » L’idée est simple, presque provocatrice : transformer un travers de notre époque (le besoin compulsif de regarder son téléphone au volant) en promesse marketing pour rouler en toute sécurité. Elon Musk est sûr de son coup : « Si vous dites à quelqu’un que la voiture est maintenant si bonne que vous pouvez être sur votre téléphone et envoyer des textos tout le temps pendant que vous êtes dans la voiture. Tous ceux qui peuvent l’acheter, l’achèteront pour ça. » Il oublie certainement de dire qu’il faut que le véhicule soit abordable, ou que son usage le soit, pour que les clients se précipitent. Elon Musk a déjà maintes fois promis des véhicules plus accessibles, sans vraiment tenir sa promesse (comme pour les délais).

Elon Musk ne cache pas non plus sa foi absolue dans son système : il affirme être « 100 % confiant » dans la capacité de Tesla à proposer une conduite non supervisée plus sûre qu’un humain grâce à la version 14 de son logiciel FSD. Un discours rabâché depuis 2016, mais qui n’arrive pas encore à convaincre tout le monde, y compris chez les investisseurs.

Robotaxis : bientôt la fin des accompagnateurs et davantage de villes couvertes

Avant que le Cybercab ne déferle sur les États-Unis, Tesla doit déjà faire ses preuves avec ses Model Y robotaxis. Sur le terrain, Tesla revendique des progrès tangibles. Ses Robotaxis circulent déjà à Austin (Texas), sur une zone élargie par rapport au lancement, et dans la baie de San Francisco (Californie). Ashok Elluswamy, responsable du programme Autopilot, annonce que la flotte a parcouru plus de 400 000 km. En Californie, où la réglementation reste stricte, le cap du million de kilomètres vient d’être franchi. Il précise : « La flotte de robotaxis fonctionne très bien. Les clients sont très satisfaits et aucun problème notable n’a été constaté. »

Elon Musk affirme que les accompagnateurs de sécurité – présents sur le siège passager – pourront être se retirer d’ici à la fin 2025, pour une partie de la couverture de la ville d’Austin, le reste de la ville suivant dans les mois suivants. Il précise : « Nous sommes évidemment très prudents quant à ce déploiement, car un seul accident fera évidemment la une des journaux du monde entier. Il est donc préférable d’adopter une approche prudente, presque paranoïaque. » Il faut reconnaître qu’en dehors de quelques couacs au lancement, il n’y a pas eu de problèmes majeurs.

Le Tesla Model Y en version Robotaxi au Texas // Source : Adan Guajardo via X
Le Tesla Model Y en version Robotaxi au Texas. // Source : Adan Guajardo via X

La situation est en revanche bien différente en Californie, mais Elon Musk semble avoir choisi d’éviter le sujet. Dans cet État, les Tesla robotaxis ne sont pas considérées comme des taxis autonomes, au même titre que les Waymo, mais comme un service de VTC. Tous les véhicules circulent avec une personne derrière le volant, même si c’est la conduite FSD qui fait tout le travail. Avec un tel statut, impossible pour Tesla d’envisager de retirer son agent de sécurité des véhicules. La réponse d’Elon Musk frôle quand même l’annonce trompeuse.

Interrogé sur l’extension du service dans le reste du pays, Elon Musk a répondu : « Nous prévoyons également d’utiliser Tesla Robotaxi dans huit à dix métropoles d’ici la fin de l’année, je crois. » L’annonce reste un peu floue, mais mentionne que le service serait opérationnel au Nevada, en Floride et en Arizona dans les deux prochains mois. Une ambition à la hauteur du personnage, mais toujours dépendante des régulateurs locaux — et de la réalité technique.

Tesla reste encore loin d’une flotte commerciale rentable couvrant la moitié des États-Unis, comme l’avait clamé Elon Musk quelques mois auparavant. Le service Robotaxi n’apparaît d’ailleurs qu’à la marge dans les résultats financiers, sous les mêmes lignes que les activités de recharge payante et de véhicules d’occasion. Néanmoins, il s’inscrit dans une logique de test grandeur nature : multiplier les kilomètres pour nourrir son IA, perfectionner son FSD et, à terme, basculer vers un modèle de transport sans intervention humaine. Si ses promesses se réalisent, le Cybercab pourrait symboliser cette bascule vers le transport autonome. Sinon, il rejoindra la longue liste des concepts « presque prêts » qu’Elon Musk promet chaque année pour l’an prochain.

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