Même si cela fait déjà plus de 10 ans que la mobilité électrique est arrivée et qu’elle ne cesse de s’améliorer, elle reste encore largement méconnue par certains automobilistes. Et c’est d’autant plus gênant quand des personnalités fortement médiatisées colportent un discours daté, faux ou tout simplement de pure mauvaise foi.
Pour leur émission Survoltés du 12 novembre, nos confrères de Frandroid ont organisé un débat sur l’interdiction des ventes de voitures thermiques en 2035. Autour de la table, on retrouvait notamment Pierre Chasseray, délégué général de l’association 40 millions d’automobilistes pour défendre les intérêts du thermique.
Évidemment, il était donc question de transition vers le 100 % électrique et cet invité nous a totalement scié pendant le direct avec ses propos sur la recharge des voitures électriques.
Non, ce n’est pas une montagne de recharger sa voiture électrique ailleurs qu’en ville
L’un des premiers arguments souvent avancés en défaveur de la voiture électrique est celui de l’impossibilité pour tous de se recharger, notamment en campagne. Durant l’émission, Pierre Chasseray a pris plusieurs exemples pour illustrer cette idée reçue.
« La grande ville, j’ai compris, Paris, Lyon, Marseille, ok j’ai pigé, je suis pas débile ! Mais à Saint-Ulphace [223 habitants], comment tu fais, dans la Sarthe ? T’as une baraque, y a pas de prise. Leclerc c’est à 15 bornes, tu fais quoi ? Donc on te propose quoi comme solution ? Eh ben on continue à acheter un véhicule thermique. C’est aussi bête que ça ! »
Non, ce qui est aussi bête, c’est de soutenir qu’être en maison — loin des grands centres-ville — est une épreuve pour la recharge, alors qu’il s’agit sans doute de la meilleure situation possible pour posséder une voiture électrique puisque vous pouvez faire le plein chez vous. Pierre Chasseray a peut-être oublié que la « solution » était d’installer une borne de recharge chez soi. Cela coûte à partir de 500 € pour les plus simples et les moins puissantes et jusqu’à 2 000 € pour les plus connectées et avec une installation plus lourde en triphasé.

D’ailleurs, il est bon de rappeler qu’il existe un crédit d’impôt pour ces installations et que leur rentabilité est assurée en moins de 2 ans (même pas la durée moyenne d’une LOA/LLD). Les prises renforcées sont également une bonne solution pour recharger chez soi et ne coûtent qu’entre 150 € et 300 €. Elles peuvent même être installées soi-même.
« T’habites dans un petit bled, tu n’as pas de prises »
Le délégué général de 40 millions d’automobilistes ne s’est pas arrêté en si bon chemin et a poursuivi sur le terrain des habitants en campagne en affirmant haut et fort : « T’habites dans un petit bled, tu n’as pas de prises. » Dans les cas où vous habiteriez dans un petit village et que vous n’avez pas la possibilité de vous brancher chez vous ou que votre copropriété refuse catégoriquement l’installation d’une borne (malgré le droit à la prise), les bornes de recharges publiques sont là pour vous.
En septembre 2025, l’Avere-France a recensé au total près de 180 000 bornes de recharge dans l’Hexagone. Oui, il subsiste dans certains recoins de la France des villages sans bornes, mais ce n’est qu’une question de volonté des locaux. Cet été, je me suis rendu dans le fin fond du (magnifique) Cantal avec la nouvelle Smart #5, dans un village au pied des montagnes. Nombre d’habitants à l’année : 116.

Et devinez quoi ? Depuis plusieurs années maintenant, les gérants de l’épicerie ont installé une borne avec deux points de recharge 22 kW devant leur commerce. En plus de profiter de revenus sur leurs utilisations, ils attirent les électromobilistes à consommer dans leur épicerie ou à se poser sur la terrasse de l’un des deux restaurants pendant la recharge. Bref, cela participe à la vie du village. On peut aussi se brancher lorsque l’on fait ses courses chez Carrefour, Lidl ou Leclerc par exemple. Les tarifs y sont souvent très attractifs.

Pierre Chasseray a souligné que le « discours d’experts est totalement déconnecté de la réalité de vie, du quotidien de la France des régions. » Il a surtout montré que la désinformation et la méconnaissance du sujet étaient toujours bien ancrées chez les automobilistes, refusant de s’ouvrir à une nouvelle manière de se déplacer.
Numerama a aussi parlé de la recharge dans sa dernière newsletter Watt Else. Pour profiter d’un éditorial chaque semaine, abonnez-vous, c’est gratuit !
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