Le segment des voitures électriques sportives se développe plutôt doucement. On le voit surtout avec l’essor de ce qu’on appelle les bombinettes, les citadines transformées en boule de nerfs : Alpine A290, Mini John Cooper Works E, Peugeot E-208 GTi… Et au rayon des « vraies » sportives — celles avec une cavalerie bien plus généreuse et des qualités dynamiques encore plus affûtées — l’offre est aussi fournie (Porsche Taycan Turbo, Audi RS e-tron GT, BMW i4 M60, Hyundai Ioniq 5 N…).
Toutefois, ces modèles ne courent pas vraiment les rues. Pourquoi ? Parce que pour encore de très nombreux amateurs d’automobile, sportivité et électricité sont un mariage tout simplement impossible. Pourtant, les modèles cités plus haut ne manquent pas de sensations. Au même niveau chez Tesla, on retrouve la Model 3 Performance. J’ai pu prendre le volant de cette berline survoltée pendant quelques jours, qui a de quoi tordre le cou aux puristes du thermique ! Verdict.
Design extérieur de la Tesla Model 3 Performance : subtil mais efficace
De loin, la Tesla Model 3 Performance ressemble aux versions civilisées de la berline américaine. Mais au fur et à mesure que l’on approche de la bête, quelques éléments esthétiques sont là pour nous rappeler qu’il ne s’agit pas d’un modèle comme les autres. Le châssis a été rabaissé de 10 mm ce qui lui donne tout de suite une allure plus sportive, surtout avec ces belles jantes « Warp » de 20 pouces.

À l’avant, le bouclier est plus agressif et gagne une lame pour davantage d’appui aérodynamique, tandis que l’arrière reçoit un diffuseur plus proéminent ainsi qu’un spoiler en fibre de carbone, toujours dans un but aérodynamique. Enfin, pour bien se distinguer des autres versions, la Model 3 Performance affiche fièrement son blason sur la malle de coffre. Dans sa robe grise « Quicksilver » facturée 2 000 € (quand même), je trouve mon modèle d’essai vraiment séduisant.
Hormis la hauteur (- 1 cm), les dimensions restent donc identiques avec 4,72 m en longueur et 1,93 m en largeur.

Design intérieur de la Tesla Model 3 Performance : un petit manque de caractère
Habitacle et finition
À bord, on retrouve sans surprise le même habitacle très épuré que les autres versions de la Model 3 et du nouveau Model Y où trône simplement un grand écran tactile de 15,4 pouces. Cela à du bon de le répéter, Tesla a vraiment progressé en qualité de finition. Les matériaux sont bien assemblés et paraissent même à certains endroits plus nobles que chez certaines marques premium. Nous avons droit pour notre essai à l’éclatante sellerie blanche, qui pour un maniaque comme moi pourrait donner des sueurs froides à la longue. Heureusement, ce similicuir se nettoie facilement.

Revers de la médaille de cet intérieur des plus rationnels, cela manque de caractère à l’intérieur. Après tout, c’est la philosophie Tesla. Je trouve que le simple insert en carbone parcourant la planche de bord n’est pas suffisant pour se sentir vraiment à bord d’une voiture sportive. Une console centrale et un volant un peu plus spécifique n’aurait pas été de refus.
Confort et espace à bord
L’autre élément distinctif de l’habitacle de la Model 3 Performance sont les sièges sports joliment dessinés. En plus d’offrir le maintien que l’on attend d’une sportive qui secoue, on trouve également le confort d’une berline. Certains vous enveloppent encore davantage, mais Tesla propose un juste milieu qui s’inscrit parfaitement dans la polyvalence voulue du modèle.

Les sièges sont toujours ventilés et chauffants à l’avant et chauffants uniquement à l’arrière. Malgré le tempérament sportif de l’auto, les passagers arrière peuvent voyager confortablement. Comme sur les autres modèles, on retrouve de nombreux rangements à bord et un coffre de 682 litres.
Info-divertissement et aides à la conduite de la Tesla Model 3 Performance : un petit truc en plus
Vous commencez à bien connaître le système d’info-divertissement de Tesla. Le constructeur américain a forgé sa réputation notamment grâce à une partie logicielle très léchée et aboutie. Tout répond au doigt et à l’œil, comme d’habitude, et le planificateur d’itinéraire est excellent. Spécifique à la Model 3 Performance, on remarque dans les réglages la présence du nouveau mode Piste.
Comportement en virage, contrôle de la stabilité, endurance de la mécanique, freinage régénératif, il est possible de régler aux petits oignons la sportive selon ses préférences de conduite. Vous pouvez ainsi programmer différents styles grâce aux profils afin de changer à la volée ses réglages. C’est assez intuitif.

Tesla est également réputé pour ses aides à la conduite regroupées dans ce qui est appelé l’Autopilot. Mon modèle d’essai ne possédait pas la version « améliorée » (option à 3 800 €) permettant entre autres le parking automatique. On se contentera donc du combo régulateur de vitesse adaptatif et maintien de cap. Un clic sur le volant : régulateur, deux clics : le guidage s’ajoute. Très plaisant sur autoroute, le guidage est précis et ne donne pas d’effet rebond comme on peut expérimenter parfois. En revanche, devoir réactiver le guidage après chaque dépassement (oui, il se coupe à chaque fois) est assez frustrant. Pour supprimer ce désagrément, il faut basculer sur le niveau supérieur de l’Autopilot, qui inclut les changements de voie automatique.
Au volant de la Tesla Model 3 Performance : attention au décollage
Trèves de bavardages, place à la conduite. Pour apprivoiser la bête, je commence par le « simple » mode Sport et laisse la réponse à l’accélérateur sur la position par défaut. La Model 3 Performance fait déjà preuve d’une bonne vivacité, mais trop curieux pour résister, je change ni une ni deux pour le réglage « Inouïe » de l’accélération. J’écrase la pédale de droite et me retrouve collé au fond du siège par la délivrance instantané des 460 ch. Pas de doute, la berline sportive ne met bien qu’à peine plus de trois secondes pour passer de 0 à 100 km/h (3,1 s pour être précis).

Contrairement aux autres voitures électriques simplement rapides en ligne droite, la Tesla Model 3 Performance n’a pas peur des virages, elle en raffole. Son châssis spécialement rigidifié permet d’enchaîner les courbes en virant totalement à plat, tandis que la suspension parfaitement calibrée ne donne pas de rebonds indésirables.
Le train avant profite d’une double triangulation, un élément dont même certaines sportives thermiques sont dénuées. Résultat, les pneus sont plaqués à la route, offrant une tenue de route absolument redoutable. Qui aurait cru qu’une berline de 1 860 kg pouvait tenir un rythme aussi soutenu ? Après tout, c’est seulement 5 kg de plus qu’une BMW M3 — sa concurrente (thermique) directe — et pourtant elle est tout aussi rapide dans les virages…et même plus en ligne droite.

Le museau de la berline s’inscrit avec précision, aidée par une direction ferme assez communicative alors que le train arrière suit sans trop sourciller. En mode Piste, les qualités dynamiques sont décuplées. L’ESP désactivé nous garnit de quelques glissades en sortie de virage après avoir vu débarquer la cavalerie, mais sans devenir incontrôlable.
La modulation du couple entre les roues se fait efficacement et la 3 Perf’ repart comme une balle une fois ces dernières droites. Côté freinage, la Tesla dispose d’un bon feeling à la pédale, mais pourrait être davantage mordant. Malgré les plaquettes de frein spécifiques, l’endurance n’est pas son point fort. Heureusement, le freinage régénératif limite la chauffe prématurée. L’avantage de l’électrique.

Et rouler de manière « normale », ça donne quoi ? Eh bien, c’est agréable. On navigue au sein d’un habitacle bien insonorisé, les aspérités de la route sont effacées correctement et les obstacles ne martyrisent pas vos vertèbres. La force de cette Model 3 Performance est irrévocablement sa polyvalence.
Autonomie et consommation de la Tesla Model 3 Performance : consommation d’une sportive
Forcément, ce n’est pas parce qu’une sportive est électrique qu’elle est magique. Comme ses homologues thermiques, la Tesla Model 3 Performance peut rapidement glouglouter ses électrons. En conduite sportive, la consommation s’est envolée au-delà de 30 kWh/100 km, voire 40 kWh/100 km avec de nombreuses accélérations appuyées (il fallait bien tester ça).

La soif est bien moindre à un rythme normal sur routes secondaires où j’ai pu relever une moyenne de 16,3 kWh/100 km. Sur autoroute, ce chiffre grimpe aux environs des 19,2 kWh/100 km, promettant une autonomie supérieure à 400 km sur voies rapides. Après plus de 1 100 km au volant de la berline sportive, la consommation s’est établie à 19,8 kWh/100 km en mélangeant donc conduite urbaine, extra-urbaine et dynamique. En sachant que la capacité de la batterie est de 78 kWh, l’autonomie réelle serait autour des 400 km selon vos habitudes. À titre indicatif, Tesla annonce une autonomie de 528 km selon le cycle WLTP.

Concernant la recharge, Tesla est désormais derrière la concurrence. Branché à un Superchargeur de la marque, comptez 30 minutes pour passer de 15 à 80 %, soit une dizaine de minutes de plus qu’une Hyundai Ioniq 5 N par exemple.
Prix et concurrence de la Tesla Model 3 Performance : le rapport prix/performance imbattable
Niveau prix, la Tesla Model 3 Performance est disponible à partir de 57 490 €. Avec sa peinture argentée et son intérieur blanc, notre modèle d’essai grimpe à 60 680 €. Vous trouvez ça cher ? La Hyundai Ioniq 5 N (électrique) coûte tout de même 20 000 € de plus (78 000 €), tandis qu’une BMW M3 (thermique) est vendue 122 100 €, plus du double ! Un tarif salé auquel il faut ensuite ajouter le malus… de 70 000 €. Oui, vous pouvez donc acheter TROIS Model 3 Performance pour le prix d’une M3.
Le verdict

Tesla Model 3 Performance (2024)
Voir la ficheOn a aimé
- Accélération foudroyante
- Châssis et suspension affûtés
- Tenue de route redoutable
- Mode Piste pertinent et intuitif
- Polyvalence imbattable
On a moins aimé
- Manque un peu de sportivité à l’intérieur
- Endurance du freinage
- Vitesse de recharge
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