C’est le dilemme de nombreux automobilistes : l’envie de passer à l’électrique pour le confort et l’écologie, freinée par la pourtant désuète « angoisse de la panne ». Si les hybrides rechargeables (PHEV) permettent de rouler en 100 % électrique, ils finissent souvent par rouler uniquement à l’essence une fois la petite batterie vidée, perdant tout l’agrément apporté par les électrons.
C’est ici qu’intervient l’EREV, pour « véhicule électrique à prolongateur d’autonomie ». Une solution technique semblable l’hybride traditionnel, qui promet de vous libérer des contraintes, mais qui est loin d’être sans défaut.
Qu’est-ce qu’une voiture EREV ?
Pour comprendre l’EREV, il faut repenser le fonctionnement d’une hybride classique. Dans cette dernière, le moteur thermique et le moteur électrique travaillent de concert pour faire tourner les roues (hors manœuvres à basse vitesse). Si vous appuyez fort sur l’accélérateur, le moteur essence s’allume et propulse la voiture.
Dans un EREV, la logique est radicalement différente : seul le moteur électrique est relié aux roues. Le moteur thermique, lui, n’a aucun lien mécanique avec celles-ci. Il est relégué au rôle de simple générateur. En résumé, vous conduisez une voiture électrique qui transporte sa propre centrale électrique miniature.

Une batterie embarquée plus petite
L’EREV se distingue aussi des voitures 100 % électriques par la taille de sa batterie. C’est une question de philosophie :
- Voiture 100 % électrique (BEV) : cherche à maximiser la taille de la batterie pour offrir la meilleure autonomie possible. Dépendant du gabarit, la capacité varie entre à peine 30 kWh pour une citadine à plus de 100 kWh pour des gros SUV. Il est ainsi possible d’atteindre les 800 km d’autonomie WLTP.
- Voiture électrique à prolongateur d’autonomie (EREV) : suit une logique du « juste nécessaire » et se contente d’une petite batterie (rarement au-dessus de 50 kWh). L’objectif est de pouvoir couvrir 100 à 200 km en 100% électrique pour tous les trajets du quotidien (travail, courses), sans transporter inutilement des centaines de kg de batteries supplémentaires pour les longs trajets, qui seront gérés par le prolongateur.

Comment marche un EREV ?
Le fonctionnement se divise généralement en deux phases :
- Le mode purement électrique : tant que la batterie est chargée, le véhicule fonctionne comme n’importe quelle voiture électrique. Zéro émission à l’échappement, silence total.
- Le mode prolongateur : lorsque la batterie atteint un seuil critique (par exemple 20 %), le petit moteur thermique se réveille. Il tourne à un régime optimal et constant pour produire de l’électricité qui recharge la batterie en roulant, laquelle alimente le ou les moteur(s) électrique(s).
REEV, EREV, REx : la guerre des acronymes
Selon les marques ou les régions, les électriques à prolongateur d’autonomie peuvent être baptisées différemment. Mais que ce soit EREV (Extended-Range Electric Vehicle), REEV (Range-Extended Electric Vehicle) ou REx (Range Extender), tous ces termes désignent exactement la même chose.
- EREV/REEV : ces sigles sont interchangeables selon les constructeurs, le terme EREV restant le plus populaire.
- REx : ce terme désigne techniquement le prolongateur lui-même, mais il est souvent utilisé par extension pour parler du véhicule (comme la célèbre BMW i3 REx).
Peu importe l’étiquette collée sur le coffre, le principe mécanique reste identique : un groupe motopropulseur 100 % électrique assisté par un générateur.
EREV vs Hybride rechargeable (PHEV) et 100% électrique (BEV) : quelles différences ?
C’est la différence fondamentale avec un hybride rechargeable (PHEV) classique : dans un PHEV, une fois la batterie vide, le moteur thermique prend le relais pour propulser la voiture. Dans un EREV, le moteur thermique ne sert jamais à faire avancer le véhicule directement. Il ne fait que recharger la batterie pendant que vous roulez.
Les avantages et inconvénients de la technologie EREV
Cette architecture présente des atouts indéniables, mais également des limites physiques.
Avantages
- Une conduite électrique : puisque c’est toujours le moteur électrique qui tracte, vous bénéficiez en permanence du couple instantané et de la fluidité de l’électrique, même quand le moteur essence tourne.
- L’autonomie : si la batterie est vide, un plein d’essence suffit pour continuer sa route. Les constructeurs annoncent souvent plus de 1 000 km d’autonomie au total.
- Efficacité thermique : le moteur essence n’ayant pas à subir les accélérations et freinages du trafic, il peut tourner à son régime de meilleur rendement (point fixe), réduisant la consommation par rapport à un moteur thermique classique.
Inconvénients
- Le poids mort : au quotidien, si vous faites moins de 50 km, vous transportez inutilement un moteur thermique, un réservoir, un système d’échappement… Cela alourdit le véhicule et nuit à l’efficience pure.
- La complexité : il faut entretenir le moteur thermique comme les autres (vidange, changement de bougies, filtre à huile…).
- Le coût : les EREV n’ont pas de malus CO2 en France, mais sont pénalisés par le malus au poids pouvant atteindre plusieurs milliers d’euros.
- La consommation sur autoroute : une fois la batterie vide, sur autoroute, le moteur thermique doit travailler dur pour fournir l’énergie en temps réel, ce qui peut entraîner une consommation de carburant supérieure.
Quelles marques vendent des EREV en Europe ?
Si la technologie est très populaire en Chine (avec des marques comme Li Auto, Aito ou même Xpeng), elle reste une niche en Europe, bien que certains acteurs tentent de s’y mettre.
Mazda : le retour du rotatif
Mazda vend le SUV urbain MX-30 R-EV depuis 2023. Sa particularité réside dans son moteur générateur qui utilise l’architecture rotative, emblématique de la marque.

Nissan : l’approche « e-Power »
Avec la technologie « e-Power » de ses Qashqai et X-Trail, Nissan propose ce qui s’apparente à des EREV. Toutefois, ils se rapprochent plutôt des hybrides. Les deux SUV fonctionnent exactement comme des EREV, mais ils n’ont pas de prise de recharge externe. De fait, la très petite batterie de 2,1 kWh est continuellement alimentée par le moteur essence.

LEVC : le taxi londonien
Si vous êtes allé à Londres récemment, vous avez vu un EREV fabriqué en Europe. Il s’agit du célèbre taxi noir (LEVC TX). Ce dernier utilise un moteur essence d’origine Volvo comme générateur.

Leapmotor (Stellantis)
La marque chinoise du groupe Stellantis commercialise le SUV C10 en version EREV, en plus de sa version 100 % électrique.

Les disparus célèbres
Impossible de ne pas citer la BMW i3 REx (Range Extender) ou l’Opel Ampera (cousine de la Chevrolet Volt), pionnières de cette technologie en Europe il y a dix ans. Elles ont disparu face à l’amélioration rapide des voitures 100 % électriques et au maillage de plus en plus développé des bornes de recharge.

Les voitures EREV sont-elles intéressantes ?
L’EREV est-il une technologie de transition ou d’avenir ? En Europe, la Commission européenne qui poussait vers le 100 % électrique à l’horizon 2035 se ravise et devrait finalement inclure les hybrides rechargeables ainsi que ces modèles embarquant un moteur essence en guise de générateurs. De quoi en faire une belle alternative ?
Hormis leur autonomie gargantuesque pour rassurer les anxieux et plaire aux gros rouleurs obnubilés par le réservoir rempli de diesel, les voitures EREV ne présentent pas un grand intérêt. Cette motorisation est une double peine puisque cette technologie combine la nécessité de faire le plein au besoin de brancher sa voiture (sauf e-Power de Nissan).
De plus, même s’il est sollicité différemment, le moteur thermique n’est pas exempt d’un entretien régulier et complet, ce qui augmente donc le coût d’usage. On n’oubliera pas non plus le bruit de son fonctionnement et ses vibrations qui sont deux paramètres absents sur une voiture 100 % électrique.
D’autant plus qu’avec les progrès des voitures purement électriques, l’intérêt est vraiment discutable. BMW propose l’iX3 avec plus de 800 km d’autonomie WLTP, tandis que les SUV de Xpeng se rechargent en à peine 12 minutes. Par ailleurs, les longs trajets ne sont plus une tannée en France avec le nombre de bornes disponibles sur les autoroutes. Surtout, les pauses sont fortement recommandées !
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