Elon Musk est persuadé que le nombre de faux comptes sur Twitter est bien plus élevé que ce que la plateforme affirme. Qu’à cela ne tienne : le réseau social vient de décider, d’après plusieurs médias anglo-saxons qui s’en font l’écho le 8 juin 2022, de transmettre au milliardaire l’intégralité des tweets publiés sur sa plateforme. Cela correspond environ à 500 millions de tweets par jour.
Derrière cette décision se cache pourtant un problème qui saute aux yeux : ce flux de messages ne risque pas d’aider réellement Elon Musk et ses équipes à calculer le taux de faux comptes. En réalité, le problème est plus profond et dépend de méthodes de comptabilisation qui sont différentes.
Twitter utilise à la fois une technique algorithmique et humaine afin de déterminer qu’il y aurait, selon lui, 5 % seulement de comptes qui sont faux (c’est-à-dire qui ne sont pas tenus pas des humains) sur son service. Musk, de son côté, ne veut pas y croire et maintient que Twitter mentirait sur ce taux.
Pourquoi Elon Musk s’attache-t-il tant au nombre de faux comptes sur Twitter ?
Pour comprendre pourquoi cet élément est devenu crucial dans l’actualité du réseau social et du milliardaire, il faut revenir quelques semaines en arrière. Elon Musk a fait une offre de rachat de Twitter en avril pour 44 milliards de dollars, provoquant, outre la surprise, une certaine crainte d’interventionnisme sur une plateforme capable de faire et défaire l’ordre du jour politico-médiatique. De surcroit, le patron de Tesla vante une vision bien à lui de la « liberté d’expression » : il est convaincu que la voix des conservateurs serait censurée sur Twitter, alors même que les données du réseau social ont prouvé que la droite y était plus amplifiée que la gauche.
Cependant, alors qu’Elon Musk multipliait les déclarations provocatrices ces derniers mois, fier de sa capacité à acquérir seul l’une des plus grandes plateformes au monde, la bourse a connu des chambardements. La guerre en Ukraine, la raréfaction des matières premières et l’augmentation du coût de l’énergie ont provoqué une chute des cours, entrainant avec eux la valorisation de Tesla. Or, la fortune de Musk repose en partie sur la valeur de la firme qui fabrique des voitures électriques. D’ailleurs, le fabricant pourrait se séparer de 10 % de sa masse salariale à cause de ce contexte tendu : Musk dit avoir un « super mauvais pressentiment » sur l’avenir économique proche de sa compagnie.
C’est ainsi que l’entrepreneur fait planer, depuis la mi-mai, le doute sur le rachat final de Twitter. Selon lui, le réseau social pourrait gagner plus d’argent s’il faisait vraiment la chasse aux faux comptes, ce qui permettrait de montrer des publicités à plus de « vrais » humains. Or, si le taux de faux comptes est en réalité beaucoup plus bas que ce qu’il imagine (les fameux 5 % selon Twitter), alors une partie de son plan de sauvetage ne pourrait être mis en place.
De quelles données va disposer Musk ?
Il tente ainsi d’utiliser le manque d’informations sur les faux comptes comme une excuse pour justifier l’abandon de sa démarche (il faudrait qu’il puisse prouver, légalement, que Twitter l’a induit en erreur volontairement), ou bien tenter de faire baisser la valeur du réseau social pour le racheter à moindre coût.
Si Twitter donne bien à Musk accès à tous les tweets publiés sur la plateforme ainsi que les données liées (quel compte tweete et depuis quel appareil), alors le milliardaire disposerait de toutes les informations existantes pour tenter de calculer lui-même le taux de faux comptes sur la plateforme. Cependant, comme le souligne le Washington Post, certains dirigeants de Twitter se montrent sceptiques sur la pertinence de ces data, que la plateforme revend déjà à des dizaines d’entreprises depuis des années, pour déterminer exactement combien de vrais utilisateurs sont présents sur le service.
De son côté, « Twitter continuera de coopérer en partageant des informations avec M. Musk pour réaliser la transaction, conformément aux termes de l’accord de fusion », a indiqué l’entreprise dans un communiqué le 6 juin. « Nous sommes persuadés que cet accord est dans le meilleur intérêt de tous les actionnaires. Nous avons l’intention de conclure la transaction et d’appliquer l’accord de fusion au prix et aux conditions convenus.»
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