Que retiendront les astronomes de 2019 ? L’année qui se termine a apporté son lot de découvertes, de premières fois, d’événements spectaculaires et de remises en question pour les scientifiques et les amateurs d’astronomie qui ont levé les yeux vers le ciel. Forme de l’univers, de la Voie lactée, deuxième visiteur interstellaire, première image d’un trou noir, éclipses solaires ou lunaires… Numerama résume, mois après mois, les faits astronomiques marquants de l’année.
2019 a commencé très fort pour la Nasa : quelques heures après le début de l’année, l’agence a réussi le survol d’Ultima Thulé. Ce curieux objet en forme de bonhomme de neige est devenu le plus lointain objet exploré par l’humanité. Ultima Thulé est situé dans la ceinture de Kuiper, une zone du système solaire en forme d’anneau composée de petits corps. L’objet contient certainement des traces de la naissance du système solaire. Depuis, Ultima Thulé a été renommé en Arrokoth car son ancien surnom faisait l’objet d’une polémique.
La seule éclipse lunaire totale de l’année a eu lieu dans la nuit du 20 au 21 janvier. Peu avant le lever du jour, le Soleil, la Terre et la Lune se sont alignés. Lors de cet événement, la Lune a pris une coloration rougeâtre. Cette caractéristique lui vaut parfois le surnom de « lune de sang », qui n’a pourtant aucun sens sur le plan scientifique. Dans les faits, ce phénomène est lié au fait que la Lune renvoie à la Terre la lumière du Soleil, auparavant diffusée par notre atmosphère.
Vous aviez toujours imaginé la Voie lactée comme un disque d’étoiles parfaitement plat ? En réalité, il est tordu. Le 4 février, des astronomes ont annoncé leur découverte : notre galaxie est incurvée et que ses extrémités forment une sorte de « S ». Cette torsion surprenante est expliquée par la gravité : son attraction est de plus en plus faible aux extrémités de la Voie lactée. De quoi bouleverser notre vision de « l’archéologie du disque galactique ».
Scott S. Sheppard devait présenter en détail la découverte de FarOut, la planète naine connue la plus éloignée de nous. Une météo peu clémente a retardé sa conférence d’un jour, au 21 février, lui laissant le temps de découvrir un nouvel astre encore plus lointain : FarFarOut. Il se trouve à 20 milliards de kilomètres du Soleil. L’objet le plus proche de FarFarOut que l’on connait bien est Pluton.
Le télescope spatial Hubble a photographié un étonnant astéroïde, suivi par deux trainées de poussières, a annoncé la Nasa le 28 mars. Le nom de cet objet est Gault. La plus longue de ses deux queues s’étend sur 800 000 kilomètres et mesure 4 800 kilomètres de large environ. Selon la Nasa, Gault est pris dans un processus de rotation tellement rapide qu’il rejette des matériaux. Ce serait la preuve que l’astéroïde serait en train de se désintégrer.
Si l’on demandait à des astronomes de ne retenir qu’une date en 2019, beaucoup choisiraient sans doute le 10 avril : ce jour-là, la première photographie d’un trou noir a été dévoilée. M87*, le trou noir supermassif situé au centre de la galaxie Messier 87, a été immortalisé grâce à un impressionnant réseau de télescopes terrestres, l’Event Horizon Telescope. L’anneau de feu qui se détache sur fond noir est un événement historique : aucun trou noir n’avait été observé directement jusqu’alors.
L’univers s’étendrait plus vite que prévu. Des astrophysiciens l’ont affirmé le 24 avril. Leurs calculs ont montré que l’univers grandit plus rapidement par comparaison avec sa trajectoire qui a suivi le Big Bang. Cet événement, survenu il y a plus de 13 milliards d’années, est considéré comme l’origine de l’univers que nous connaissons.
Une photographie détaillée de l’univers a été prise par Hubble. Ce champ profond, présenté le 2 mai, regroupe 265 000 galaxies. Il a fallu 16 années pour que le télescope spatial récupère ces données, réunies en un unique cliché. Pour la Nasa, cette image est un « livre d’histoire » pour l’étude des galaxies. Grâce à cette mosaïque du ciel, il devient possible de dresser le portrait de l’univers tel qu’il était il y a 13,3 milliards d’années, soit 500 millions d’années après le Big Bang.
En juin, la pleine lune a offert un beau spectacle aux observateurs du ciel. Une première conjonction s’est produite avec Jupiter le soir du 16 juin. Une deuxième rencontre, avec la planète Saturne cette fois-ci, a eu lieu dans la nuit du 18 au 19 juin.
Une éclipse totale de Soleil s’est produite le 2 juillet 2019. Toute la planète n’a pas eu la chance d’assister à cet événement astronomique fascinant : seule une partie de l’Amérique du Sud a pu assister au spectacle. La France métropolitaine n’a pas pu voir cette occultation du Soleil par la Lune, mais plusieurs photos ont été publiées pour faire vivre au monde entier l’éclipse, comme celles de l’Observatoire européen austral (ESO).
La France a pu assister à une éclipse lunaire, partielle cette fois-ci, le soir du 16 juillet. Le Soleil, la Terre et la Lune se sont alignés dans cet ordre (mais pas parfaitement, puisque l’éclipse était partielle). Ce n’est pas un hasard si l’événement s’est produit une quinzaine de jours après l’éclipse solaire. Comme nous l’avait expliqué Florent Deleflie, astronome à l’Observatoire de Paris, le phénomène est fréquent : « Pendant l’éclipse solaire, le Soleil, la Lune et la Terre étaient alignés dans cet ordre. Depuis, la Lune a eu le temps de faire un demi-tour autour de la Terre. »
Un astronome ukrainien, Gennady Borisov, a repéré une comète le 30 août. L’objet, qui a été nommé en son honneur, a tout de suite retenu l’attention des astronomes. Après sa découverte, sa nature a été confirmée : la comète Borisov est bien le deuxième objet connu à provenir de l’extérieur du système solaire, après l’énigmatique Oumuamua. Il a été identifié avant son approche de notre système, ce qui offre une formidable opportunité de l’étudier en détail.
En 2018, de nouvelles lunes ont été découvertes autour de Jupiter, portant à 79 le nombre de ses satellites. 5 de ces lunes ont enfin reçu un nom officiel le 26 août 2019. Les internautes avaient été sollicités pour choisir ces noms, qui devaient faire référence à des personnages de la mythologie romaine ou grecque, liés à Jupiter. Leurs noms sont Eiréné, Philophosyne, Euphémé, Pandia et Ersa.
De la vapeur d’eau a été détectée dans l’atmosphère de l’exoplanète K2-18 b, située à 110 années-lumière de notre Terre. La Nasa l’a fièrement annoncé dans un communiqué le 11 septembre : pour la première fois, des scientifiques ont repéré cette vapeur d’eau sur une planète située dans la zone habitable de son étoile. Cependant, cette planète est en réalité plus proche d’une petite Neptune que d’une grosse Terre. Aucun signe de vie n’a été détecté, comme on a pu l’entendre.
Grande nouvelle pour l’astéroïde Hygiea : il pourrait bien détrôner Cérès en devenant la plus petite planète naine du système solaire. De nouvelles observations, présentées le 28 octobre, ont permis d’observer l’objet en détails. On savait déjà que l’objet remplissait trois conditions pour être décrit comme une planète naine : il orbite autour du Soleil, il n’est pas une Lune et il n’a pas nettoyé les environs de son orbite. Il manquait encore un paramètre à satisfaire : sa forme sphérique.
Se serait-on complètement trompé sur la forme de l’univers ? L’univers serait fermé sur lui-même au lieu d’être « plat ». Des scientifiques l’ont affirmé dans une étude surprenante publiée le 4 novembre : il faudrait se représenter notre univers comme une sphère. S’ils disent vrai, ce serait un bouleversement important. Tous les chercheurs ne sont pas d’accord avec les conclusions de cette nouvelle étude, et ses auteurs eux-mêmes reconnaissent qu’il faudra de nouvelles mesures pour confirmer cette théorie.
Mercure est passée devant le disque solaire le lundi 11 novembre 2019. La plus petite planète du système solaire s’est interposée entre la Terre et le Soleil. La France a pu partiellement assister à cet événement astronomique. On utilise le terme de transit pour décrire le passage d’un objet devant un autre, vu d’un troisième. Sur les photos capturées par les instruments, Mercure ressemble à un petit point noir se déplaçant devant le disque de notre étoile.
La comète interstellaire Borisov est passée au point de sa trajectoire le plus proche du Soleil le 8 décembre 2019. La visite de l’objet est un événement astronomique important : c’est la première fois qu’une comète interstellaire a pu être observée par les scientifiques au moment de son périhélie, c’est-à-dire au point de sa trajectoire qui l’a amené le plus près du Soleil.
Nos certitudes sur l’univers ont encore été chamboulées cette année. Les découvertes et observations que les astronomes ont pu réaliser ouvrent la voie à d’autres questions et d’autres recherches. Continuez de regarder le ciel en 2020 : cela ne devrait pas s’arrêter !
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