Le deuxième visiteur interstellaire connu de l’humanité s’apprête à passer au point de sa trajectoire le plus proche du Soleil, le 8 décembre 2019. Pourquoi s’agit-il d’un événement astronomique notable ? Réponse en 6 étapes.

La comète interstellaire Borisov s’apprête à passer au point de sa trajectoire le plus proche du Soleil ce dimanche 8 décembre 2019. La visite de l’objet est un événement astronomique important : c’est la première fois qu’une comète interstellaire pourra être observée par les scientifiques au moment de son périhélie.

Quand Borisov va-t-elle s’approcher du Soleil exactement ? Pourquoi la comète passionne-t-elle autant les scientifiques ? Peut-on espérer assister au spectacle ? Voici tout ce qu’il faut savoir sur le visiteur interstellaire.

Quand la comète va-t-elle s’approcher du Soleil ?

La comète interstellaire Borisov va passer au plus près du Soleil ce dimanche 8 décembre 2019, aux alentours de 14h30, heure de Paris (13h20 UTC). Elle se trouvera alors à une distance de 300 millions de kilomètres du Soleil, selon la Nasa. Cela représente 2 unités astronomiques, soit 2 fois la distance entre la Terre et le Soleil.

Borisov sera alors à son périhélie, c’est-à-dire au point de sa trajectoire qui l’amène le plus près du Soleil. Une simulation, créée par l’astronome amateur Tony Dunn, permet d’imaginer le passage de la comète dans le ciel tandis qu’elle approche de son périhélie.

Si vous voulez savoir en temps réel où se trouve la comète interstellaire Borisov, il existe une simulation qui montre sa position dans le système solaire. Elle a aussi été réalisée par Tony Dunn.

Pourra-t-on la voir dans le ciel ?

L’approche de la comète interstellaire Borisov pose la question de son observation. Peut-on espérer voir le visiteur dans le ciel le 8 décembre ? C’est malheureusement peu probable. « Elle passe derrière le Soleil et s’en approche de plus en plus. Au plus proche de la Terre, elle sera noyée dans les lueurs du crépuscule », expliquait à la rédaction de Numerama Eric Chariot, président de la Société Astronomique de Bourgogne, en septembre dernier.

Même les télescopes amateurs risquent de ne pas suffire pour voir la comète interstellaire. Seuls des instruments performants permettront d’immortaliser le passage de Borisov.

Est-ce le premier visiteur interstellaire ?

Borisov n’est pas le premier visiteur interstellaire identifié par l’humanité. La comète succède à Oumuamua, qui avait été détecté en octobre 2017. Ce curieux objet a passionné la communauté scientifique : deux ans après sa découverte, son origine fait encore l’objet d’un vif débat. Des astrophysiciens ont même envisagé qu’il pouvait s’agir d’une sonde-extraterrestre. Oumuamua reste à ce jour un objet inclassable.

Pour Borisov, les choses n’ont pas été si compliquées. Les premières données sur l’objet ont rapidement permis de le décrire comme une comète, dotée d’une queue poussiéreuse. Les caractéristiques de la comète montrent que Borisov n’est pas si différente que cela des comètes que nous connaissons dans le système solaire. Elle est presque banale, mais ce n’est pas une mauvaise nouvelle : cela pourrait suggérer que les systèmes qui nous entourent ont peut-être une organisation similaire à la nôtre.

Les trajectoires comparées d'Oumuamua et de Borisov dans le système solaire. // Source : Wikimedia/CC/Tony873004

Les trajectoires comparées d'Oumuamua et de Borisov dans le système solaire.

Source : Wikimedia/CC/Tony873004

À quoi ressemble la comète Borisov ?

Le télescope spatial Hubble a réussi à immortaliser une image relativement nette du visiteur interstellaire en octobre dernier. Cette photo montrait le nuage de poussière qui entoure la comète, dont le noyau est trop petit pour être perçu par le télescope. Le noyau solide de Borisov ne mesure pas plus d’1,6 kilomètre de largeur.

Une autre photographie, obtenue en novembre par une équipe d’astronomes de l’université de Yale, montre que cette traînée lumineuse est impressionnante. Elle s’étend sur 161 000 kilomètres. C’est bien plus que la taille de la Terre, dont le rayon mesure 6 371 kilomètres. La présence de cette queue poussiéreuse est expliquée par le fait que Borisov libère des gaz et des poussières en s’approchant du Soleil.

D’où vient la comète Borisov ?

L’origine interstellaire de la comète Borisov a été officiellement confirmée le 24 septembre 2019. Auparavant désigné sous le nom « C/2019 Q4 Borisov », l’objet est devenu « 2I/Borisov ». Cela signifie que l’objet vient de l’extérieur de notre système solaire. Mais d’où exactement ?

La question a passionné une équipe de scientifiques. Selon eux, le visiteur pourrait venir d’un système nommé Kruger 60. Il s’agit d’une étoile binaire, logée dans la constellation de Céphée, à 13,15 années-lumière de la Terre. Borisov est passée lentement près de cette étoile binaire il y a un million d’années. L’hypothèse reste en suspens et l’origine de l’objet n’a pas été identifiée avec certitude.

La comète pourrait-elle se désintégrer en s’approchant du Soleil ?

La possibilité que la comète Borisov puisse se désintégrer lors de son approche vers le Soleil a été évoquée. Ce risque existe-t-il vraiment ? « Comme pour toutes les comètes, il y a un risque de désintégration à l’approche du Soleil, nous répond Eric Chariot. Mais il existe surtout pour les comètes qui ont déjà fait beaucoup de passages près d’une étoile. Là, c’est la première fois que cette comète passe près du Soleil et on ne sait rien du nombre de passages qu’elle aurait effectués près de son étoile initiale. »

Selon le spécialiste, il faut considérer cette hypothèse avec prudence, d’autant plus que l’on ne sait mesurer qu’approximativement la taille de son noyau : « Les éléments dont on dispose sont trop disparates aujourd’hui pour conclure à sa disparition. C’est une possibilité, mais il me semble que c’est loin d’être la plus probable. »

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