La planète Mars, notre deuxième plus proche voisine, attire notre curiosité autant qu’elle attire l’intérêt des scientifiques. Elle aurait peut-être abrité la vie, autrefois, avant la disparition de son atmosphère et de ses cours d’eau il y a des milliards d’années. Elle regorge d’énigmes et son exploration apporte sans cesse de nouvelles questions. De temps en temps, on obtient aussi des réponses. Numerama retrace pour vous toutes les avancées importantes de son exploration scientifique lors de cette année 2019.
L’année a démarré avec une bonne nouvelle pour l’exploration martienne. Le sismomètre français, embarqué à bord du rover InSight, a pu être déployé avec succès ! L’instrument, appelé SEIS (Seismic Experiment for Interior Structure) a pour rôle de sonder les entrailles de la planète rouge. Ce déploiement est décisif pour certaines découvertes dans les mois qui suivront.
La tragédie succède à la bonne nouvelle. Après 15 ans à explorer la surface martienne, le rover Opportunity s’est définitivement éteint en février 2019. On avait perdu tout signal en juin 2018, une tempête de poussière ayant probablement eu raison du vaillant robot. Sa mission était de nous en apprendre davantage sur les roches et les sols de la planète rouge. Le but de son enquête ? Découvrir comment l’eau a disparu de la surface martienne. Sur ce point, le rover a dépassé toutes les attentes, le succès fut au rendez-vous et le il est resté actif bien plus longtemps que prévu.
Les internautes, attristés, ont dit au revoir à Opportunity en publiant de nombreux messages en son hommage. Les plus créatifs ont même réalisé des dessins à nous en briser le cœur ! Le rover, quant à lui, nous a fait parvenir un dernier panorama grandiose avant de mourir… Opportunity aura définitivement marqué l’exploration de Mars !
Cette année, les avancées martiennes ont aussi été sociopolitiques. L’administrateur de la Nasa Jim Bridenstine a déclaré en mars 2019, lors d’une interview, que les prochaines personnes à marcher sur la Lune, ainsi que sur Mars, seront « probablement » des femmes. Jim Bridenstine précisera d’ailleurs quelques semaines plus tard que des astronautes iront (tout aussi « probablement ») sur la planète rouge d’ici 2033.
En avril, l’agence spatiale américaine nous a plongé plus que jamais dans l’atmosphère de notre voisine, en diffusant les sons d’un séisme martien. Ils ont été enregistrés par le fameux sismomètre français du rover InSight. C’est la première fois qu’un son provenant des entrailles de Mars nous parvenait.
Au-delà de la fascination que ça peut exercer sur nous, l’intérêt scientifique est très faible : l’événement est trop petit pour révéler quoi que ce soit sur la structure de la planète. Cela dit, si on fait un bond temporaire un peu plus loin dans l’année, en octobre, la Nasa a diffusé toute une panoplie d’autres sons de Mars. Ce sont les plus nets jamais enregistrés. On y entend des séismes, mais aussi le vent martien.
En mai, c’est une image des plus poétiques qui nous est parvenue : un lever et un coucher de soleil sur la planète rouge ! Sans surprise, l’astre est évidemment bien plus petit que depuis la Terre. Sur une première photo, on peut voir une photographie « brute » de ce qui est un lever de soleil.
Sur une seconde image, il s’agit d’un coucher de soleil et les scientifiques ont corrigé les couleurs, dont résulte une atmosphère un peu bleutée : cette version est la plus proche de ce que vous pourriez voir de vos propres yeux si vous étiez réellement installés sur Mars. De quoi faire travailler nos imaginaires…
En juin, la Nasa a révélé une découverte cruciale pour la recherche de vie sur Mars. Le rover Curiosity a détecté du méthane. Or, sur Terre, le méthane peut provenir d’une vie microbienne. Mais le méthane peut aussi être créé par des interactions entre les roches et l’eau. Le rover n’a malheureusement aucun moyen pour connaître la source de cette émission. Les interprétations des données par les scientifiques ne suffisent pas encore à apporter une réponse stricte.
La conquête de la Lune et celle de Mars sont plus liées que jamais depuis le lancement du programme Artémis. L’ambition première est d’installer une station spatiale lunaire, le « Lunar Gateway ». Elle servira de plateforme pour renvoyer des astronautes sur la Lune, alors que plus aucun humain n’a foulé son sol depuis trois décennies.
Ce programme vise encore plus loin. Le Gateway doit aussi faire office de portail vers les profondeurs du système solaire, la planète rouge en priorité. Pour cette raison, le logo d’Artémis révélé en juillet contient un petit easter egg : la ligne de trajectoire est rouge et semble se prolonger derrière la Lune… pour symboliser, vous le devinez, la conquête de Mars.
Cette ambition martienne s’est confirmée en octobre. Cette fois-ci, la Nasa a révélé les nouvelles combinaisons spatiales des astronautes. La Lune était évidemment au centre de la présentation, mais l’agence spatiale a rappelé qu’elles ne sont pas destinées qu’à la Lune. Les astronautes qui fouleront pour la première fois notre planète voisine porteront probablement ces combinaisons.
Octobre est aussi le mois d’une avancée que les scientifiques espéraient impatiemment : la sonde InSight (qui aura décidément marqué 2019) a enfin réussi à creuser dans le sol martien. Malheureusement, elle n’a creusé qu’un petit trou d’une profondeur de deux centimètres. L’objectif est qu’elle le fasse sur cinq mètres.
D’ailleurs, les péripéties d’InSight ne s’arrêtent pas là : à peine quelques jours plus tard, la sonde thermique est en partie ressortie du trou qu’elle avait creusé. Cette difficulté incessante provient de ce que les scientifiques ont décrit comme des « propriétés inattendues du sol martien ».
Comme si détecter du méthane quelques mois plus tôt ne suffisait pas, une découverte annoncée en novembre 2019 ajoute encore plus de mystère à l’énigme d’une vie potentielle sur Mars. Dans le cratère de Gale, que le robot Curiosity explore,les niveaux d’oxygène montent et descendent de manière très étrange. On n’y trouve, pour l’instant, aucune explication chimique qui soit logique. Mais les scientifiques y ont repéré une corrélation avec les pics de méthane… Peut-être faudra-t-il attendre 2020, si ce n’est plus loin encore, pour comprendre ce phénomène.
Pour terminer l’année, la Nasa nous a offert un joli spectacle martien : des gigantesques tempêtes générant des grandes « tours » de poussière dont les particules recouvrent une bonne partie de la planète. C’est durant une telle tempête que le contact avait été perdu avec Opportunity.
Après une année 2019 déjà très riche, 2020 sera peut-être encore plus déterminante pour l’exploration martienne : le lancement du nouveau rover Mars 2020 est programmé pour juillet prochain ! D’ailleurs, le cratère qu’il va visiter est probablement bien plus prometteur que prévu. Numerama suivra cette aventure avec attention.
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