Le jeu vidéo Stray mise sur un chat mignon pour convaincre. C’est un grand oui pour ce héros d’un autre genre. Mais cet argument cache un manque d’ambition sur l’aventure en elle-même.

Stray a tout pour plaire. Du moins, il a surtout argument massue pour celles et ceux qui adorent les félins (et on est beaucoup trop nombreux dans ce cas-là). Son héros est un petit chat roux tout mignon, perdu dans une ville à l’ambiance cyberpunk. Ce jeu vidéo original rend donc hommage à une star d’internet — les chats sont effectivement partout. De YouTube à TikTok, en passant par les réseaux où on rit aux éclats en partageant des mèmes, cet animal aux oreilles pointues rend gaga. Et Stray offre ici l’opportunité d’en incarner un !

Peut-on être parfaitement objectif quand on nous demande de jouer un chat dans un jeu vidéo alors que le temps s’arrête dès qu’on entend miaou ? C’est le défi posé par ce test réalisé sur la PlayStation 5 de Sony. En toute franchise, je me suis beaucoup ébahi — et ma copine avec — devant Stray. Mais je dois aussi admettre que l’aventure en elle-même est loin d’être inoubliable, la faute à un manque cruel d’ambition dans les puzzles posés par l’environnement.

Stray // Source : Capture PS5
Un chat très actif, n’est-ce pas ? // Source : Capture PS5

Un grand oui pour le chat

Disponibilité

Stray est disponible à compter du 19 juillet sur PC, PS4 et PS5. Il est par ailleurs offert aux abonnés PlayStation Extra et Premium.

De la première à la dernière seconde, on sent que le studio — français — BlueTwelve Studio est passionné par son sujet : le chat. Le chat de Stray est ultra craquant (il y a une touche pour le faire miauler !). Le chat de Stray ressemble vraiment à un chat. Le chat de Stray ronronne dans la manette dans certaines situations. Le chat de Stray peut se frotter aux jambes de certains personnages. Le chat de Stray ne manquera jamais de faire ses griffes sur un joli mobilier — comme le ferait votre animal de compagnie que vous adorez détester. Le chat de Stray peut même piquer un petit roupillon si un endroit douillet se présente à lui. Vous n’êtes toujours pas convaincu ? le chat de Stray peut taper certains objets avec le bout de sa patte, ce qui provoquera chez vous les onomatopées de circonstance (on vous aide : mohhhhhh).

Le chat de Stray est ultra craquant

Stray pourrait presque vous faire aimer les chats si vous êtes plutôt team chiens (on ne vous jugera pas). Car il y a de quoi nourrir beaucoup d’empathie pour cette boule de poils. Elle vivait sa meilleure vie de chat avec ses copains jusqu’au moment où elle a été séparée de son groupe, se retrouvant seule dans une ville déshumanisée tout droit sortie du film Blade Runner où rôdent d’étranges créatures. Craintif de nature, mais quand même plus téméraire que la moyenne, le félin doit maintenant trouver un moyen de retourner à l’extérieur, alors qu’un blackout semble avoir enfermé des robots amicaux. Prenant son courage à deux mains quatre pattes, le héros de fortune doit aider les autochtones pour trouver un moyen de retrouver les siens.

Quand on ne perd pas son temps à faire des trucs de chat (oui, ça ne sert à rien de faire ses griffes sur un tapis ou de faire tomber des pots de peinture), on se balade avec agilité dans des décors un peu flippants. Entre les nombreux points en hauteur, les petites entrées par lesquelles se faufiler ou encore les obstacles pour humains qui n’en sont pas pour des chats, on prend beaucoup de plaisir à arpenter la ville. D’autant que les développeurs ont multiplié les secrets bien cachés pour pousser à explorer. On n’aura même pas à se soucier des sauts, automatiquement exécutés sur les rebords prévus à cet effet. Ce gameplay simplifié au maximum est un excellent point pour éviter la frustration et garantir l’agilité du chat — qui peut enchaîner les mouvements hyper rapidement sans craindre la chute.

Stray // Source : Capture PS5
Le roi de l’infiltration // Source : Capture PS5

Un petit oui pour l’aventure de Stray

Si agile soit-il, le chat est tout petit dans une ville dont l’architecture n’est pas pensée pour lui. Cette contrainte est une aubaine pour imaginer quelques puzzles à résoudre, demandant d’enchaîner quelques actions dans un ordre précis pour avancer (exemple : chercher un code, pour qu’un compagnon robot puisse le rentrer). On aurait toutefois aimé que ces passages soient plus nombreux. D’une manière générale, Stray ne pose aucune difficulté particulière. Même quand il faut réfléchir ou passer en mode infiltration pour échapper à des ennemis, le challenge est loin d’être insurmontable. Seules les quelques courses-poursuites pourront vous agacer — et tuer le chat (😿).

Stray // Source : Capture PS5
Rergardez-moi cette bouille… // Source : Capture PS5

Le plaisir tient finalement dans l’exploration, qui nécessite un bon sens de l’observation et une adaptation constante aux limites d’être un chat. En ligne droite, l’expérience se termine très vite (moins de 5 heures, en ce qui me concerne). Et à moins de vouloir tout ramasser et fouiller les moindres recoins, vous n’aurez pas envie d’y retourner. Sauf, éventuellement, pour montrer les petites péripéties du chat à vos amis (ça changera des vidéos sur YouTube ou Instagram).

Stray // Source : Capture PS5
Un exemple de bug, qui donne des frères siamois, ou des frères chamois // Source : Capture PS5

Stray a un autre défaut qui saute aux yeux : ses finitions. Il a plus le pelage d’un matou de gouttière que d’un Maine Coon brossé deux fois par jour. Il reste beau (sur PlayStation 5), mais doit composer avec un moteur physique aléatoire. Parfois, les pattes du chat s’enfoncent dans le sol, signe que certaines collisions sont mal gérées par les développeurs. De temps en temps, les interactions produisent des effets étranges. Il n’y a rien de profondément rédhibitoire, simplement une immersion qui peut en pâtir. Surtout quand, par exemple, marcher sur de la peinture laissera des traces de pattes derrière soi… D’un côté, les petits détails sont là. De l’autre, la réalité peut s’avérer cruelle. Pour un premier jeu, BlueTwelve Studio s’en sort quand même plutôt bien.

Le verdict

Comme on pouvait s’y attendre, Stray doit beaucoup à son héros atypique. Incarner un chat mignon est un argument en soi, d’autant que les développeurs, de vrais passionnés, ont imaginé plein d’interactions aussi craquantes qu’inutiles pour rendre l’expérience crédible. Déambuler à quatre pattes dans une ville cyberpunk est suffisamment grisant pour qu’on ait envie de lancer Stray. Surtout si on est fan des félins.
Néanmoins, force est de reconnaître que BlueTwelve Studio a manqué d’un soupçon d’ambitions dans les puzzles, qui mériteraient d’être plus nombreux, et dans les finitions (il y a beaucoup de bugs de collision pour un jeu qui sort en 2022). Stray est donc rattrapé par la hype et ses quelques défauts de jeunesse, qu’on saura lui pardonner parce qu’on aime un peu trop les chats. Tout comme vous pardonnez à votre chat qui a sans doute annihilé votre canapé Ikea sitôt son installation dans votre salon.


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