2020 est l’année du top départ pour le déploiement de la 5G pour la France. Alors que la procédure d’attribution des fréquences arrive à son terme, où en sont les opérateurs ?

Y a-t-il des smartphones 5G vendus en France ?

Oui. Chez SFR, qui a été le premier à en ajouter dans sa boutique, trois modèles sont proposés depuis le 16 octobre 2019 : le Samsung Galaxy Note 10+ 5G, le Huawei Mate 20 X 5G et le Xiaomi Mi Mix 3 5G. Toutefois, les acheter aujourd’hui ne vous permettra pas d’accéder immédiatement à la nouvelle norme de téléphonie, car le réseau 5G de SFR n’est pas encore ouvert.

Du côté d’Orange, des smartphones sont aussi proposés avec la cinquième généraiton de téléphone mobile, comme les Samsung Galaxy S10 5G,  Galaxy S20 5G, Galaxy S20+ 5G, Galaxy S20 Ultra 5G, Galaxy S10 5G. Bouygues Telecom et Free Mobile ont suivi aussi le mouvement. Diverses références de mobiles compatibles avec la 5G figurent dans leur boutique, comme Oppo, Xiaomi ou Huawei.

En dehors des boutiques des opérateurs, il est bien sûr possible d’acquérir ces modèles (ou bien de passer une précommande) auprès d’autres commerçants, puisque ces références existent aussi sur les sites de la Fnac, Amazon, Auchan ou encore Boulanger, pour n’en citer qu’une poignée. Seulement là encore, il faut bien avoir à l’esprit qu’il n’existe aucun réseau commercial 5G ouvert dans l’Hexagone.

Le réseau 5G est-il disponible en France ?

Il n’existe aujourd’hui aucun réseau commercial 5G ouvert en France, pour la simple et bonne raison que la procédure d’attribution des fréquences 5G n’est pas encore achevée. Orange, SFR Bouygues Télécom et Free Mobile ont certes récupéré tous les blocs de fréquences mis en jeu, et savent leur place sur la bande du spectre électromagnétique, mais il y a encore une étape à franchir avant de pouvoir allumer vraiment les premiers réseaux commerciaux en 5G.

Cette ultime étape qui reste à franchir doit l’être vers la mi-novembre 2020, ce qui laisse la toute fin de l’année aux opérateurs pour se lancer officiellement. Il s’agira de fournir à Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free Mobile les autorisations d’utilisation et les faire publier au Journal officiel. Le régulateur des télécoms (Arcep) a dit que les opérateurs pourront allumer leur réseau 5G dès le 18 novembre.

Il était souhaité au départ que l’ultra haut débit mobile soit proposé dans cinq à dix villes en métropole, dès cette année, mais cet objectif n’est plus envisagé. L’épidémie de coronavirus a rendu un tel objectif intenable, sans parler de la réticence de maires, mais les opérateurs devraient tenter de couvrir quelques métropoles. Des embryons de réseaux devraient voir le jour en décembre, mais leur essor n’aura lieu qu’après 2021.

À quoi sert un smartphone 5G ?

Aujourd’hui, à faire tout ce que l’on peut faire avec un smartphone, mais en plus à accéder à un réseau téléphonique de cinquième génération. Sauf qu’aujourd’hui, en date d’octobre 2020, il n’y a aucun réseau opérationnel en France. Si vous avez déjà un smartphone 5G, vous pouvez donc envoyer et recevoir des appels téléphoniques, composer des messages, surfer sur le net en 3G et 4G, et ainsi de suite, sauf profiter de la 5G.

Cette situation ne durera évidemment pas car le top départ de la 5G en France est prévu fin 2020.

Pour le mobinaute, la nouvelle norme de téléphonie mobile se traduira principalement par une hausse de la capacité de téléchargement, promise comme spectaculaire, même si au début l’écart avec la 4G pourrait ne pas être si spectaculaire que cela. À terme toutefois, les débits en 5G seront jusqu’à 10 fois plus élevés que ceux de la 4G, avec des pointes à 20 Gbit/s, là où la 4G voit son plafond théorique être limité à 150 Mbit/s.

D’ailleurs, la 5G est parfois qualifiée de fibre optique « sans fil ».

Outre des performances supérieures pour récupérer très rapidement des données, la 5G a d’autres atouts dans sa manche. La latence (c’est-à-dire le délai de transmission entre l’émetteur et le récepteur) sera divisée par dix, pour être de l’ordre de la milliseconde. La 5G doit fournir des liaisons plus fiables et stables et supporter un vaste nombre d’appareils connectés en simultané dans une même zone.

Quand pourra-t-on utiliser la 5G sur un smartphone 5G ?

C’est la question cruciale et il n’est pas possible de donner une réponse générale pour la simple et bonne raison que le déploiement ne se fera pas d’un coup. Orange, SFR, Free Mobile et Bouygues Telecom savent depuis le début du mois d’octobre la quantité de fréquences à laquelle ils ont accès (90 MHz pour Orange, 80 MHz pour SFR et 70 MHz pour Bouygues Telecom et Free Mobile).

Mais il y a encore deux autres étapes avant de lancer vraiment dans la 5G. D’abord, il faut organiser une enchère de positionnement pour placer les opérateurs dans la bande de fréquences, entre 3,4 et 3,8 GHz, car il y a en tout onze blocs de 10 MHz et quatre blocs de 50 MHz à positionner (pour un total de 310 MHz). Ensuite, il faut délivrer les autorisations d’utilisation des fréquences et les publier au Journal officiel.

À cause de l’épidémie de coronavirus, qui a repoussé de plusieurs mois l’attribution des fréquences 5G, c’est en 2021 que les déploiements surviendront vraiment. Les obligations pour 2020 (à savoir deux villes couvertes par opérateur avant la fin de l’année)  ont été abandonnées. Cependant, il faut s’attendre à ce que les opérateurs communiquent sur des embryons de réseau opérationnels dès décembre.

En 2022, chaque opérateur devra avoir déployé 3 000 sites 5G. Deux ans plus tard, ce nombre devra passer à 8 000. À chaque fois, un quart de ces installations devra se trouver en zone peu dense pour limiter la fracture numérique entre les territoires. En 2025, ce nombre doit passer à 10 500 sites. Enfin, les opérateurs auront cinq ans de plus pour aboutir à un réseau 100 % en 5G.

Cela voudra dire qu’à ce moment-là les grands centres urbains et les principaux axes de transport (autoroutes, lignes de train, routes nationales et départementales) bénéficieront de l’ultra haut débit mobile. En 2025, il est prévu que deux tiers de la population accèdent à la 5G. Pour s’assurer que la trajectoire est tenue, deux points d’étape intermédiaires sont prévus, en 2023 et 2028.

Xiaomi Mi Mix 3 5G

Le Xiaomi Mi Mix 3 5G.

Source : Xiaomi

Quels forfaits 5G ?

C’est vraisemblablement en décembre 2020 que les réseaux commerciaux 5G seront allumés en France. Néanmoins, certains opérateurs n’ont pas attendu cette échéance pour commencer à dévoiler leurs cartes. Bouygues Télécom a dégainé le premier cet été, suivi cet automne par Orange. SFR pour l’instant garde son jeu secret. Quant à Free Mobile, il révélera ses forfaits en fin d’année.

La présentation par Bouygues Télécom et Orange de « forfaits 4G compatibles 5G » donne une première idée du prix et du contenu des abonnements dans ce domaine, notamment en ce qui concerne l’enveloppe de données mobiles (60 à 120 Go par mois pour le premier, 70 Go à illimité pour le second). Sans surprise, les tarifs sont un cran au-dessus de ce que l’on voit d’ordinaire pour de la 4G.

Le principal critère de choix entre tel ou tel opérateur portera vraisemblablement, outre les critères habituels du prix du forfait et de la couverture mobile, sur l’enveloppe de données, puisque le débit est l’un des points forts de la 5G. Les opérateurs vont donc devoir mettre à disposition des  dizaines, voire des centaines de Go (ou même de l’illimité) pour favoriser de nouveaux usages très consommateurs de données, sans risquer d’atteindre trop vite le plafond mensuel de data.

Forfaits Orange 5G

L’offre 5G d’Orange. // Source : Frandroid

 

En effet, tout le reste est déjà fourni en illimité (notamment les appels téléphoniques, les SMS, les MMS, en France), et les opérateurs offrent en général une qualité de service déjà élevée.

Il convient de garder en tête que ces grilles tarifaires ne sont certainement pas définitives. D’abord, parce que deux des quatre opérateurs n’ont pas encore abattu leur jeu dans ce domaine. Ensuite, parce que la concurrence dans le secteur des télécoms est telle qu’elle pourrait contraindre chaque état-major à revoir ses plans — cela, même si des opérateurs aimeraient proposer des abonnements plus coûteux.

En la matière, un acteur comme Free Mobile pourrait tout à fait avoir envie d’appliquer une politique tarifaire très agressive, à l’image de ce qui avait été fait en 2012 avec l’arrivée de l’opérateur dans le marché de la 3G et de la 4G, ou même une décennie avant dans le fixe avec son fameux abonnement triple play à moins de 30 euros par mois. Pour éviter l’exode d’abonnés, les concurrents seraient alors obligés de s’aligner.

Dans l’équation, les opérateurs doivent également tenir compte du prix des enchères : ils ont collectivement engagé 2,8 milliards d’euros pour obtenir des fréquences 5G. La bonne nouvelle, néanmoins, est que cette somme peut être payée dans le temps, sur quinze ans pour un premier montant et quatre ans pour le second. Ces quinze ans correspondent à la durée de validité des licences 5G.

Source : Numerama

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