Les objectifs de Mark Zuckerberg sont clairs : Threads est pensé pour accueillir à terme un milliard de membres. « Cela prendra du temps, mais je pense qu’il devrait y avoir une application de conversations publiques avec plus d’un milliard de personnes. Twitter a eu l’occasion de le faire, mais n’a pas réussi. Espérons que nous y parviendrons », a-t-il écrit le 6 juillet.
Threads est le Twitter façon Meta, la maison mère de Facebook et Instagram. Il a été lancé au début du mois, clairement pour profiter des déboires du vrai Twitter, dont le pilotage par Elon Musk n’a été qu’une longue suite de décisions chaotiques. De toute évidence, la curiosité du public est là : la plateforme a d’ores et déjà attiré plus de 30 millions d’internautes.
« 10 millions d’inscriptions en sept heures », relevait déjà quelques heures plus tôt Mark Zuckerberg sur son profil Threads, dans un effort de démontrer l’engouement du public. De fait, Threads a déjà réalisé 3 % de son objectif. Cela étant, c’était sans doute le pourcentage le plus facile à obtenir : les technophiles se sont précipités sur l’outil pour en découvrir les spécificités.
À la conquête des autres internautes
Maintenant, il va falloir aller chercher les autres internautes, les monsieurs et madames tout-le-monde, ceux qui hésitent à sauter le pas ou qui n’ont pas encore entendu parler de la plateforme. Parce que même si le franchissement de la barre des 30 millions d’inscrits n’est absolument pas négligeable, on est loin de la surface d’un Facebook (plus de 3 millards) ou d’un Instagram (plus de 2 milliards).
D’aucuns feront peut-être remarquer que Twitter ou Facebook ont mis beaucoup plus de temps, à leur époque, pour atteindre le seuil des 10 millions. En 2011, The Next Web rapportait qu’il avait fallu 780 jours au premier pour franchir ce cap, et 852 jours au second. Une comparaison toutefois injuste, car le rapport aux réseaux sociaux et les pratiques mobiles d’alors étaient différentes.
Ce n’est en outre pas du tout un gage de pérennité et de succès : The Next Web avait observé à l’époque la bonne performance de Google+, qui avait lui aussi atteint assez rapidement la marche des 10 millions, en seize jours. La plateforme, pourtant soutenue par Google, a complètement disparu en 2023 : elle n’a jamais réussi à trouver la bonne recette contre Facebook.
En fait, ces 30 millions d’inscrits sur Threads pourraient être lus comme le minimum syndical que pouvait atteindre une entreprise aussi puissante que Meta : après tout, l’outil est fortement adossé à Instagram, un site communautaire bien installé dans le paysage numérique et jouissant d’un parc de membres immense. Qu’il y ait 0,5 % d’Instagram sur Threads est le moins que l’on puisse attendre.
Si l’engouement est là et si les débuts sont prometteurs, il s’agit maintenant d’aller transformer l’essai.
Est-ce que Threads peut renverser Twitter de son trône sur le marché du micro-blogging ? Peut-il atteindre le milliard de membres ? La personnalité d’Elon Musk, très clivante, pourrait être un fort moteur pour pousser les internautes à l’exode — on l’a vu avec Mastodon. Les pépins techniques de Twitter pourraient être une autre motivation au départ.
L’ouverture à l’Europe est une autre clé de la réussite de Threads. Le réseau social n’est pas accessible sur le Vieux Continent, du fait de règles plus strictes en matière de gestion des données personnelles (toutefois, il y a une méthode pour télécharger et installer quand même Threads sur son mobile). Le réservoir potentiel est vaste, avec des dizaines de millions de membres à la clé.
Facebook et Instagram comme tremplins
Il faudra néanmoins que Threads aille plus loin que le rejet d’une partie du public pour Elon Musk. Depuis la sortie de la plateforme, les internautes ont par exemple listé plusieurs options et fonctionnalités qui brident l’intérêt pour Threads. Il n’y a pas, par exemple, de client web ou de fil chronologique avec ses abonnements. Un outil d’import de ses contacts Twitter serait aussi un plus.
Des améliorations sont aussi attendues pour mieux intégrer certains contenus dans l’interface, à commencer par la vidéo. Les quelques faiblesses relevées sont peut-être en partie liées à une sortie quelque peu précipitée de Threads. Celle-ci était attendue plus tard, mais la direction de Meta a de toute évidence estimé qu’il fallait profiter des errements de Twitter pour capitaliser dessus.
À terme, on peut s’attendre à ce que Meta exploite au maximum ses plateformes déjà bien ancrées dans le quotidien numérique des internautes pour les orienter vers Threads. Se priver de leur force de frappe serait incompréhensible, à dire vrai. On l’a vu avec le rapprochement des messageries Instagram et Messenger. L’intégration de Threads au reste de l’écosystème apparaît de fait inévitable. Y compris pour le pire.
(mise à jour avec le nouveau seuil annoncé par Mark Zuckerberg)
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