C’est un nouveau point de tension entre SpaceX et le Wall Street Journal, plus d’un an après un premier accrochage autour de Starlink. Le dimanche 21 décembre 2025, le célèbre journal américain a lâché une nouvelle bombe médiatique à l’encontre de l’entreprise spécialisée dans le vol spatial et l’astronautique. Et cette fois, c’est le Starship qui a été ciblé.
Dans un article titré « l’explosion de SpaceX qui a mis les vols aériens en danger », le WSJ revient spécifiquement sur cette journée du 16 janvier 2025, date à laquelle la spectaculaire capture du booster Super Heavy par la tour Mechazilla a pu avoir lieu. Sauf que la seconde partie du vol, avec le Starship, a failli tourner au drame pour l’aviation civile.
Une enquête du WSJ vivement dénoncée par SpaceX
C’est en tout cas ce que développe le quotidien économique, en s’appuyant sur des documents de la Federal Aviation Administration (FAA), l’instance qui fait autorité sur les activités se déroulant dans l’espace aérien américain. Dans son enquête, le WSJ décrit des pilotes de ligne contraints de traverser une zone d’incertitude et de danger potentiel, en raison du champ de débris provoqué par la désintégration du Starship.
Une version des faits que l’entreprise d’Elon Musk a immédiatement décrite comme « trompeuse » et « incomplète » sur X, et provenant « de détracteurs aux motivations inavouées. »

Selon l’article paru dimanche 21 décembre, l’explosion de l’étage supérieur du Starship (le Ship) au-dessus des Caraïbes a provoqué une situation de crise dans le ciel, avec des contrôleurs aériens se dépêchant d’éloigner les avions, des risques de collision entre au moins deux aéronefs trop proches l’un de l’autre et des pilotes déclarant une situation d’urgence.
Le journal rapporte notamment que trois avions, dont un vol JetBlue et un vol Iberia, se sont retrouvés piégés par l’apparition soudaine d’un champ de débris, alors que les zones d’exclusion aérienne n’auraient été activées que quatre minutes après la perte de données de la fusée. Et un échange radio entre un contrôleur aérien et le pilote de JetBlue est éloquent :
« Si vous voulez aller à San Juan, ce sera à vos propres risques et périls. »
Dans ces conditions, et face au risque de panne sèche, deux avions (l’un d’Iberia, l’autre un jet privé) auraient déclaré une « urgence carburant » pour traverser la zone malgré tout, faute de pouvoir la contourner en sécurité, avec assez de marge. Des éléments qui apparaissent dans les documents de l’administration fédérale américaine de l’aviation civile.
Une « pluie d’étoiles filantes » qui n’était pas du tout prévu
À l’origine de cette panique apparue dans le ciel aérien des États-Unis, il faut revenir au 16 janvier 2025. C’est en effet à cette date que SpaceX a fait son septième vol d’essai du Starship, avec l’espoir de réussir un vol parfait. Si le lancement s’est bien passé, et si le premier étage a pu revenir à bon port, l’étage supérieur, lui, s’est désintégré sans crier gare — un RUD dans le jargon de SpaceX, pour Rapid Unscheduled Disassembly.
À l’époque, l’incident avait presque un côté poétique. Des vidéos circulaient montrant une sorte de pluie d’étoiles filantes visible depuis le hublot d’un avion Delta (le vol DL1984). Ce qui ressemblait alors à un spectacle fascinant filmé par un passager corrobore la thèse du WSJ : des avions de ligne étaient bien aux premières loges de la désintégration d’une fusée géante.
Un mois plus tard, en février 2025, SpaceX confirmait l’origine technique du pépin : des vibrations trop importantes (une « réponse harmonique ») avaient entraîné une fuite de carburant, puis un incendie et la perte du véhicule. L’entreprise avait même publié une vidéo épique pour clore le chapitre avant le vol suivant.

SpaceX contre-attaque sur X
Sans surprise, SpaceX a rapidement pris la parole sur X pour apporter une contradiction. Le jour de la publication de l’article, l’entreprise d’Elon Musk a rejeté en bloc l’enquête du WSJ, accusant les journalistes d’être, en somme, téléguidés par des tiers voulant lui nuire. Et même dans le cas contraire, les journalistes n’ont simplement rien compris.
« Cela témoigne d’une incompréhension totale des outils performants utilisés par les responsables de la sécurité pour gérer l’espace aérien, outils qui sont bien définis, fondés sur des données scientifiques et qui se sont avérés très efficaces pour protéger la sécurité publique », lit-on dans le tweet.
Dans les grandes lignes, la défense de SpaceX tient en deux points :
- Aucun avion n’a été mis en danger : l’entreprise assure que les débris sont restés dans des zones déterminées avec l’US Space Force et la FAA.
- Une gestion en temps réel de l’aviation a eu lieu : selon SpaceX, même si des aéronefs étaient relativement proches de la zone, ils ont été redirigés sans délai autour du danger.
« Dans tous les cas, les fausses informations de ce genre, fondées sur des conjectures et des analyses non scientifiques provenant de sources anonymes, desservent le public. Pour chaque vol d’essai de Starship, la sécurité publique a toujours été la priorité absolue de SpaceX. »
Une zone de danger qui a dû être étendue
Si SpaceX conteste vivement l’enquête du WSJ, le fait est que la FAA, elle, a dû intervenir plus fermement. Une mobilisation qui montre que l’incident de janvier, suivi d’un autre similaire en mars, a laissé des traces profondes. Dès mai, la zone de danger autour du Starship s’était considérablement étendue sous l’impulsion du régulateur.
Pour éviter d’autres incidents du même acabit, la FAA a fixé des restrictions additionnelles pour le 9e vol :
- Doublement de la zone de risque : La zone de danger est passée de 885 à 1 600 milles marins (près de 3 000 km), englobant une large partie des Bahamas et du détroit de Floride.
- Interdiction des heures de pointe : SpaceX a été contraint de caler ses tirs en dehors des pics de trafic aérien pour minimiser les perturbations.
Ces dispositions de sécurité, prises six mois avant l’enquête du Wall Street Journal, démontrent que la cohabitation entre SpaceX et l’aviation civile était déjà devenue un sujet délicat en coulisses. Une cohabitation entre avions et fusées qui appelle de plus en plus à une gestion fine, tant le new space américain grossit rapidement.
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