Il y a 10 millions d’années, c’était le Miocène sur Terre, une période durant laquelle les premiers hominidés, de grands singes, se répandaient à travers l’Europe et l’Afrique. De lointains ancêtres de l’humanité qui ont peut-être été témoins d’une explosion exceptionnelle dans le ciel : une supernova.
C’est la piste suivie par une équipe de scientifiques, dont l’étude est parue dans la revue Astronomy & Astrophysics en septembre. Les travaux des chercheurs soulignent une anomalie trouvée au fond de l’océan Pacifique et qui pourrait être le résultat de l’explosion d’une étoile remontant à des temps antédiluviens.
Du béryllium venu des étoiles ?
L’indice qui leur a permis de remonter le fil et d’étayer leur étude est un métal : le béryllium. Découvert au 18e siècle dans des béryls et des émeraudes, cet élément toxique sert dans l’industrie, le domaine nucléaire et même des télescopes comme James Webb. Mais ce qui est remarquable, c’est qu’il possède différents isotopes : ce même élément existe avec différentes masses atomiques, et plusieurs quantités possibles de neutrons et de protons.
En particulier, les chercheurs ont identifié ici du béryllium 10 possédant 4 protons et 6 neutrons. Un élément présent lors de la formation du Système solaire et dont on retrouve parfois des traces dans les météorites. Il est produit lorsque des rayons cosmiques venus de l’extérieur de notre Système solaire frappent l’atmosphère terrestre.

De fait, il est courant d’en trouver sur Terre. On s’en sert d’ailleurs souvent pour dater des éléments, car il reste radioactif extrêmement longtemps. Il suffit donc de mesurer son niveau de «détérioration» pour savoir à quelle époque il a été créé. Ici, les chercheurs en ont trouvé une quantité bien plus importante que d’habitude sur la croûte océanique au centre et au nord de l’océan Pacifique. Après analyse, ils ont pu déterminer que cela provenait d’émissions datant d’il y a 10 millions d’années.
Pourquoi ces dépôts ? Pour les chercheurs, cela pourrait provenir d’une supernova qui aurait dégagé des rayons cosmiques avec une très grande intensité, mais sur une courte période. Cela étant, d’autres explications étaient possibles, comme des courants océaniques plus ou moins chargés en béryllium 10 qui auraient fini dans cette zone.
Des doutes astronomiques, mais des explications terrestres
Alors, pour vérifier leur théorie, les chercheurs ont reconstitué les orbites des étoiles aux alentours sur ces 20 derniers millions d’années. Cela implique 2 725 amas stellaires à une centaine de parsecs, une unité de distance qui correspond ici à 326 années-lumière autour de la Terre. Cela, dans l’espoir de savoir si l’un de ces astres aurait été susceptible de se changer en supernova à la même période.
Dans ce scénario, il faut une étoile massive située dans les environs de la Terre et dont l’âge correspondrait à une possible « mort ». C’est plausible car, selon les auteurs, il y aurait 68 % de probablité pour qu’un évènement dece type se soit produit dans les 100 parsecs autour de la Terre. Ici, ils ont identifié 19 amas stellaires au sein desquels une supernova est susceptible de se produire, notamment dans les environs de la nébuleuse d’Orion, une zone très active, connue pour créer une grande quantité d’étoiles.

Ces éléments permettent bien de montrer qu’une explication astrophysique est vraisemblable pour expliquer ce surplus de béryllium 10. Pour autant, ce n’est pas une preuve ultime. Pour écarter les explications plus « terrestres », il faudrait davantage de relevés sur d’autres zones de la croûte océanique.
Si une supernova a bien marqué la Terre de son empreinte, elle a dû le faire un peu partout sur le globe, et des traces similaires devraient exister autre part.
En revanche, si cette zone précise du Pacifique est bien la seule à présenter ces anomalies, il faudra chercher d’autres théories n’impliquant pas la mort d’une étoile lointaine.
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