Si Mario Kart Live: Home Circuit est convaincant, c’est parce qu’il reste avant tout un Mario Kart. La surcouche de réalité augmentée n’est pas qu’un simple faire-valoir et sert une expérience ludique globalement séduisante.

Nintendo est du genre espiègle. Ces derniers mois, la firme nippone s’est creusé la tête pour offrir aux gens des nouvelles manières de s’amuser. À la tête d’un empire de licences plus juteuses et appréciées les unes que les autres, elle a de quoi piocher pour faire rêver. Avec Mario Kart Live: Home Circuit, son nouveau jeu-jouet, Nintendo prend le pari suivant : réinventer une franchise phare qui fait du surplace depuis des années grâce à une technologie qui peine encore à décoller. Cette technologie, c’est la réalité augmentée.

Dès la première bande-annonce, Nintendo a su capter l’attention. Il faut dire que Mario Kart Live: Home Circuit permet de réaliser un rêve de gosse, consistant à vivre des courses dans la vraie vie en avalant ses propres pistes. Pour ce faire, l’expérience associe une voiture téléguidée 2.0 — à contrôler par l’intermédiaire d’une Switch –, des constructions en carton (coucou le Labo) et de la réalité augmentée matérialisée par une caméra installée sur le kart. Comme toujours avec Nintendo, le concept est ingénieux. Mais, on l’a vu avec les Lego Super Mario, une bonne idée sur le papier n’accouche pas toujours de nombreuses heures de plaisir sur la ligne d’arrivée.

Le kart de Mario Kart Live: Home Circuit // Source : Nintendo

Le kart de Mario Kart Live: Home Circuit

Source : Nintendo

Nintendo sait soigner ses marques

Mario Kart Live: Home Circuit est bien évidemment un produit Nintendo pur et dur, dans le sens où il est très soigné. Si on émet quelques doutes sur la solidité à long terme des quatre portes indispensables pour créer les circuits (elles sont en carton), le kart en lui-même est un joli jouet. Il est à la fois mignon, grâce à la bouille de Mario (ou de Luigi), et bien fini. Les mauvaises langues diront qu’il fait penser à un cadeau tout droit sorti d’un Happy Meal, mais ce sont les couleurs pétantes qui donnent cette impression. Nintendo n’est pas du genre à commercialiser des produits qui terniraient l’image de ses marques phares. On soulignera par ailleurs les petits détails qui font la différence : quand le kart recule, une lumière rouge s’allume à l’arrière — presque comme sur une vraie voiture.

Nintendo n’a pas voulu d’une expérience Mario Kart au rabais

Plus important, le kart roule très, très bien et assure côté maniabilité. On prend très vite ses marques et on maîtrise sa direction très nerveuse en deux temps, trois mouvements. On retrouve le caractère accessible des Mario Kart, avec une entrée douce en 50cc, puis cette marge de progression réelle à partir du moment où on augmente la vitesse (spoiler : le 200cc est de la partie). Pour renforcer l’immersion, le kart adapte son allure au mode choisi : il sera lent en 50cc et plus rapide en 200cc. On sent que Nintendo n’a pas voulu d’une expérience Mario Kart au rabais : on retrouve les démarrages fulgurants (en appuyant sur l’accélérateur au bon moment) et les dérapages à maîtriser pour obtenir un boost. Concernant l’autonomie, le kart peut tenir une après-midi sans souci. Il se recharge par l’intermédiaire d’un port USB-C dissimulé sous une trappe.

Les portes de Mario Kart Live: Home Circuit // Source : Maxime Claudel pour Numerama

Les portes de Mario Kart Live: Home Circuit

Source : Maxime Claudel pour Numerama

Dans la boîte, on trouve quatre portes à déplier puis à disposer chez soi pour créer son circuit. L’outil est simple : on pose lesdites portes aux endroits voulus et on les relie manuellement à l’aide du kart recouvert virtuellement de peinture. Les tracés sont libres : on peut tout à la fois opter pour des longues lignes droites, des virages serrés, des épingles ou encore des croisements. Mario Kart Live: Home Circuit ajoute une dose de personnalisation, articulée autour d’éléments à ajouter après. Ils peuvent être physiques et liés à la pièce dans laquelle vous jouez (exemples : une chaise, des décorations), ou virtuels (exemple : des conditions climatiques). C’est d’abord ici que la réalité augmentée intervient, en ajoutant des effets visuels, des malus ou des bonus en temps réel.

Autrement dit, Nintendo a compris comment se servir intelligemment de la technologie, en juxtaposant avec pertinence ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas.

Le port USB-C du kart de Mario Kart Live: Home Circuit // Source : Nintendo

Le port USB-C du kart de Mario Kart Live: Home Circuit

Source : Nintendo

Un Mario Kart presque comme les autres

Mario Kart Live versus les chats

Astuce : si vous avez un chat, vous risquez de passer des heures à faire rouler le kart devant lui, simplement pour observer ses réactions. Un vrai jeu dans le jeu.

Les aficionados de Mario Kart retrouveront vite leurs marques. Une fois un circuit façonné, qu’il soit simple ou complexe, vous pourrez participer à plusieurs Coupes réunissant trois courses habillant votre création. Chaque épreuve réunit cinq participants et on peut vite empocher les trophées pour débloquer tous les éléments de personnalisation. Il y a même une progression basée sur les pièces que l’on ramasse en roulant. Elles permettent d’obtenir des tenues (virtuelles), des klaxons et des skins pour le kart. Chacune des Coupes dispose de quatre modes de difficulté (50cc, 100cc, 150cc et 200cc) et d’un mode inversé (qui rend littéralement fou à l’écran).

Une fois que vous aurez fait le tour des championnats, vous pourrez toujours prolonger le plaisir avec des courses chronométrées ou libres. Pour le multijoueur (jusqu’à quatre), en revanche, il faudra que chacun de vos amis ait son propre kart et sa propre Switch. On vous laisse calculer le montant de la facture, sachant que Mario Kart Live: Home Circuit coûte 100 euros pour… un kart.

Il n’y a guère que la caméra qui bousculera les as du volant, habitués à une vue plus éloignée. Sinon, les power-ups — champignons, bananes, carapaces — sont là, y compris le pire tueur d’amitiés que le monde n’ait jamais connu, la carapace bleue. Mario Kart Live: Home Circuit se permet même quelques nouveautés, dans le sillage des portes pouvant cacher un piège quand on les franchit. Avec un peu de chance, Nintendo recyclera cette idée dans un futur Mario Kart plus normal.

La lumière rouge du kart de Mario Kart Live: Home Circuit // Source : Nintendo

La lumière rouge du kart de Mario Kart Live: Home Circuit

Source : Nintendo

Des limites à la créativité

Qualité de le caméra

N’espérez pas une qualité d’image irréprochable de la caméra installée sur le kart. La définition reste basse, le rendu est parfois pixelisé, et le dispositif n’aime pas trop les environnements sombres.

S’il est possible de laisser libre cours à son imagination avec Mario Kart Live: Home Circuit, la réalité peut vite freiner certaines ardeurs. Techniquement, la Switch et le kart communiquent en Wi-Fi, ce qui impose des restrictions en matière d’espace. On ne pourra pas étendre ses circuits, au risque de connaître des interruptions du signal. Il faut aussi veiller à ce que les obstacles — physiques — ne soient pas nombreux (les murs notamment). Celles et ceux qui s’attendaient déjà à créer le plus grand circuit du monde dans leur salon de 100 mètres carrés devront se raviser (ou suivre leur kart pendant qu’ils roulent…).

La réalité augmentée a aussi ses limites. Les adversaires en piste ne sont pas soumis aux mêmes règles physiques que le kart que vous pilotez. Conséquence ? Ils s’apparentent plus à des fantômes qui survolent le circuit sans aucune crainte. On perd un peu l’essence de Mario Kart, ces joutes consistant à foncer les uns sur les autres pour s’éjecter du circuit ou rebondir en vue de mieux prendre un virage serré. On perd ce côté autotamponneuse, cette peur de tout perdre en se faisant cartonner au bout d’une ligne droite que l’on pensait paisible. La réalité augmentée n’est pas une technologie qui permet à des objets virtuels et réels d’interagir physiquement — et Mario Kart Live: Home Circuit est là pour le rappeler.

Enfin, Mario Kart Live: Home Circuit demande aux utilisateurs de jouer le jeu, c’est-à-dire de ne pas tricher en terminant toutes les Coupes sur un seul et unique circuit ultra simple dans sa conception (lire : un ovale). Nintendo ne vous pénalisera pas si vous optez pour la facilité, mais une forme d’autodiscipline est nécessaire pour ne pas gâcher le potentiel du jeu-jouet.


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