Bob Iger est un des patrons les plus respectés de la planète. Vétéran de la chaîne de télévision ABC, rachetée par The Walt Disney Company en 1996, Bob Iger a pris les commandes du géant du divertissement en 2005 et l’a transformé en cet ogre surpuissant présent sur tous les secteurs. Les parcs d’attractions, Marvel, Star Wars, le rachat de 20th Century Fox, les prémices de Disney+… On dit souvent de Bob Iger qu’il est à Disney ce que Steve Jobs était à Apple (les deux hommes étaient d’ailleurs proches). Depuis 2011, Bob Iger tente désespérément de prendre sa retraite… en vain. Jugé irremplaçable, le conseil d’administration de Disney n’a cessé de le convaincre de rester. C’est finalement en février 2020 que Bob Iger a réussi à partir, en nommant lui-même son successeur, Bob Chapek.
Après deux ans et demi à la tête de Disney, Bob Chapek, l’ancien patron des parcs, est limogé par le conseil d’administration de l’entreprise. L’homme, à qui l’on reproche d’avoir causé « des dégâts irréversibles » sur l’image de Disney, a pris la porte en quelques heures le 20 novembre 2022. Pour le remplacer, The Walt Disney Company mise sur Bob Iger, de retour en héros dans un nouveau mandat de 2 ans.
Pourquoi Bob Chapek est-il viré ?
Même si le Covid a fait du mal à Disney (l’entreprise a raté toutes ses dernières estimations financières), personne n’aurait pu imaginer que la situation de Bob Chapek chez Disney était si critique. Aux commandes pendant le lancement de Disney+, l’ex-nouveau patron de l’entreprise semblait plutôt bien avoir réussi cette transition.
En réalité, Disney lui reproche plusieurs cafouillages, comme le lancement de films à la fois au cinéma et sur Disney+ (Black Widow par exemple, repoussé plusieurs fois). L’entreprise en veut aussi au dirigeant pour son ton, qui semblait trop enjoué lors du dernier appel avec les investisseurs… alors que The Walt Disney Company annonçait de mauvais résultats (Chapek s’est dit heureux pour le lancement de la saison d’Halloween à Disneyland, avant de se faire reprendre). Bob Chapek est aussi considéré comme responsable de l’augmentation des prix dans les parcs, qui a provoqué la colère des détenteurs d’un pass annuel, ou d’un scandale politique (« Don’t say gay ») durant lequel Disney avait été accusé par Ron DeSantis, l’un des favoris pour la présidentielle de 2024, d’être « trop woke ».
Selon le New York Times, Bob Iger s’est souvent dit « dévasté » par la gestion de son successeur, qui détruirait l’âme de Disney. Le journal indique que Bob Iger a été rappelé jeudi par le conseil d’administration de l’entreprise, pour une prise de fonction dès dimanche. Destituer l’homme qu’il a lui-même choisi ne semble pas avoir été difficile.
Quels changements pour Disney ?
Que va-t-il se passer avec le retour de Bob Iger ? En premier lieu, on peut s’attendre à un gros remaniement de la direction. Il a souvent été reproché à Bob Chapek d’avoir nommé à la tête de Disney+ des gens qui ne s’y connaissent pas en streaming, ce qui devrait changer avec Bob Iger, qui avait lui-même initié la transition vers Disney+. On peut d’ailleurs imaginer que le streaming sera au cœur de sa stratégie, alors que le groupe Warner Bros . Discovery, lui, pense plutôt qu’il faut miser sur le cinéma et la télévision.
Toutefois, il est peu probable que Disney hésite à nouveau entre une sortie cinéma et Disney+. Bob Iger devrait sans doute trancher définitivement sur cette question.
« C’est avec un incroyable sentiment de gratitude et d’humilité — et, je dois l’admettre, un peu de stupéfaction — que je vous écris ce soir pour vous annoncer mon retour à la Walt Disney Company en tant que directeur général », a écrit Bob Iger, dans son premier mail aux employés de Disney.
Pour le reste, il est peu probable que Disney change du jour au lendemain. Puisque les reproches faits à Bob Chapek sont surtout économiques, on peut imaginer que le conseil d’administration de Bob Iger n’attende qu’une chose de lui : faire beaucoup d’argent. À 71 ans, Bob Iger devra ensuite trouver son successeur, cette fois-ci sans se tromper.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Abonnez-vous à Numerama sur Google News pour ne manquer aucune info !