Emboitant le pas à Tesla, plusieurs constructeurs se sont lancés sur le segment des voitures électriques haut de gamme. Sauf que la demande n’est pas vraiment au rendez-vous, y compris chez les constructeurs traditionnels.

Tesla a lancé sa conquête mondiale en 2012 avec la Model S à plus de 100 000 €, suivi quelques années plus tard par le Model X. Face au succès de la marque, d’autres projets ont vu le jour sur le même créneau, espérant même détrôner Tesla. Depuis quelques années, il apparait régulièrement des modèles dépassant les 200 000 € — souvent de constructeurs méconnus comme Faraday Future ou Lucid Motors — qui ne trouvent finalement pas, ou très peu preneurs.

Le marché du luxe ne connaît normalement pas la crise, mais la voiture électrique peine encore à séduire cette clientèle particulièrement exigeante. Selon le site Jalopnik, même Mercedes avec son EQS se retrouve à avoir du mal à se débarrasser de son stock américain, un marché pourtant porteur.

3 mois en moyenne pour vendre les Mercedes EQS   

La grande berline de luxe EQS et sa déclinaison EQS SUV sont les modèles les plus chers de la gamme électrique de Mercedes. La berline est proposée en France à partir de 135 000 €, tarif auquel des équipements et options viennent forcément alourdir la facture finale. La déclinaison SUV s’affiche même à plus de 150 000 €.

Ces deux modèles sont la vitrine technologique de la marque. Si les premiers retours chiffrés à l’international semblent plutôt laisser penser que la demande est là, les revendeurs américains se plaignent de la surabondance de stock de ces modèles excessivement chers. Selon Automotive News, les revendeurs américains mettent en moyenne 82 jours pour écouler les modèles électriques qu’ils reçoivent alors qu’ils n’ont rien commandé : « Les voitures électriques arrivent, que vous les ayez demandés ou non », a déclaré l’un de ces revendeurs. À titre de comparaison, les concurrents BMW et Audi sont sur des délais de vente deux fois plus courts en moyenne. 

La banquette arrière du Mercedes EQS SUV  // Source : Mercedes
La banquette arrière du Mercedes EQS SUV // Source : Mercedes

Pour le concessionnaire, cela s’explique par le positionnement des véhicules : « Le prix est trop élevé – en particulier dans le haut de la gamme EQ. La Classe S (thermique) a conservé une bonne fidélité parce qu’elle est ambitieuse. Une EQS n’est, par contre, pas quelque chose que la plupart des gens aspirent à posséder. »

Les dirigeants de Mercedes reconnaissent qu’il y a eu une surabondance de modèles EQS au détriment des crossovers plus abordables tel que l’EQB ou encore l’EQE. Ils ont indiqué des corrections pour l’année prochaine. Ils rejettent la faute des faibles ventes sur la gamme de produits disponibles et des problèmes d’approvisionnement. Tout ceci répond pourtant à la stratégie de Mercedes de vouloir vendre moins, mais plus cher. Est-ce que le constructeur allemand va devoir rétropédaler, pour revenir sur des objectifs plus réalistes ?

Lucid produit sa berline, mais ne les livre toujours pas beaucoup  

La Lucid Air est, sur le papier, l’une des concurrentes les plus sérieuses à la Tesla Model S. La voiture électrique offre de très bonnes performances et des équipements un cran au-dessus des finitions proposées par Tesla. Des tarifs un peu supérieurs à ceux de Tesla n’auraient pas dû, théoriquement, poser de véritable problème à la marque pour se faire une place sur ce marché.

Lucid Air // Source : Lucid
Lucid Air // Source : Lucid

Sauf qu’entre la théorie et la réalité du marché, il y a une différence de taille. Depuis plusieurs mois, Lucid produit des voitures, mais les livraisons aux clients restent toujours bien inférieures à la production. La marque commence à accumuler un stock considérable malgré des baisses de prix.

Depuis le début de l’année, Lucid a produit 6 037 berlines électriques, mais n’en a livré que 4 267. Ces 1 770 Lucid Air de 2023 viennent s’ajouter aux modèles en stock de l’année précédente, ce qui porterait le stock de la marque à plus de 4 400 voitures, selon Insidevs. Une situation qui devient de plus en plus inconfortable pour la nouvelle marque américaine.

Faraday Future veut produire un modèle atypique encore plus cher

En 2017, ce « Tesla Killer » devait surpasser la Model S de Tesla avec son modèle. Après des années noires pour passer du prototype au modèle de série et avec de nombreuses complications financières, la startup produit enfin ses premiers modèles. Avec un prix deux fois supérieur à ceux de la Model S (entre 235 000 et 300 000 euros hors taxe), Faraday Future espère quand même convaincre les acheteurs de jouer les cobayes de luxe.

Faraday Future FF91 en test // Source : Faraday Future
Faraday Future FF91 en test // Source : Faraday Future

La FF 91 n’a toujours pas vraiment l’air aboutie selon les premiers tests réalisés par Electrek. La marque continue pourtant de croire qu’elle va réussir, là où d’autres projets se cassent les dents avec des produits plus terre à terre.

Difficile de croire que le projet pourra aboutir à autre chose qu’un flop. Et on peut se demander si le revival de DeLorean ne s’oriente pas dans la même direction. Ces modèles de voitures électriques s’adressent à une niche un peu trop restreinte de clients, qui ne sont pas encore pressés de passer à l’électrique.

Les projets de voitures électriques se font et se défont au gré des difficultés financières. Pour ne rien manquer de l’actualité croustillante de la voiture électrique, abonnez-vous à notre newsletter gratuite et hebdomadaire Watt Else

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