Le Samsung Galaxy S10+ fête gentiment les 10 ans d’une gamme de smartphones avec un modèle réussi, mais sans surprise.

Il y a bientôt deux ans, Apple célébrait les 10 ans de son iPhone avec un téléphone qui donnera le ton de toute une génération. L’anniversaire accoucha d’un smartphone où hardware et software se mélangeaient dans le meilleur des mondes. En 2019, c’est au tour de Samsung d’en faire autant avec ses produits Galaxy S, gamme phare et porte-étendard du Coréen.

Combien ça coûte ?

Le Samsung Galaxy S10+ s’affiche à 1009 euros à son lancement aux côtés du Samsung Galaxy S10 (annoncé à 909 euros) et du Samsung Galaxy S10e (annoncé à 759 euros).

Mais à côté du Galaxy Fold, il est bien difficile de voir dans ce Galaxy S10+ un format qui définira le marché : son évidente réussite tranche avec son manque d’audace, quand les concurrents venus de Chine tentent tous les gadgets possibles tout en baissant radicalement la note. À la générosité débordante et maladroite de ses concurrents, Samsung répond avec un produit taillé dans l’excellence plutôt que la révolution. En quelque sorte, la firme coréenne souffle ses bougies sans prendre de risque.

Le plus beau téléphone Android

Il apparaît difficile de prendre à défaut le design du Galaxy S10+, qui matérialise la maîtrise de Samsung dans ce domaine. Élégant et revendiquant des finitions sans faille, le téléphone masque ses bords carrés avec une silhouette arrondie. Le dos en verre d’une douceur bienvenue symbolise la modernité, même s’il accroche les traces et les rayures et peine à maîtriser la chauffe. Sur ce point, on conseillera l’acquisition d’une coque de protection ainsi que le choix du coloris blanc, dont les reflets turquoise attirent le regard et subissent moins les défauts. Galaxy S oblige, l’écran déborde sur les bords.

Difficile de prendre à défaut le design du Galaxy S10+

Samsung a toujours refusé la disgracieuse encoche popularisée par Apple, comme pour ne pas céder à un mouvement amorcé par l’ennemi. Pour aboutir à un écran le plus bord à bord possible, les ingénieurs ont trouvé une parade : le trou dans l’écran. Dans le cas du Galaxy S10+, il prend la forme d’un ovale en raison d’un capteur avant qui voit double. Si l’idée paraît discutable, l’intégration est loin d’être aussi terrible qu’on aurait pu le croire.

À vrai dire, Samsung a eu la bonne idée de le fondre au milieu des indicateurs situés sur le haut de l’écran. Le trou décale tout vers la gauche et rompt un peu l’harmonie habituelle. Au moins rogne-t-il beaucoup moins l’écran qu’une encoche. Notons qu’il est possible de masquer le trou de manière logicielle, ce qui fait apparaître une immense bande noire sur le haut de l’écran.

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Sur la tranche gauche en aluminium, on trouve toujours la trace du Bouton Bixby, objet de toutes les frustrations ergonomiques. Par chance, on peut désormais le transformer en raccourci physique vers une application (un clic ou deux clics).

Un écran sublime

Oublions que nous sommes en présence d’un joli téléphone pour nous concentrer sur l’essentiel : son écran. Sur ce point, le Galasy S10+ ne déçoit pas. Sa dalle AMOLED de 6,4 pouces est prodigieuse. Et nous pesons nos mots. Entre ses noirs d’encre et ses couleurs au rendu magnifique, le téléphone a de sacrés arguments à faire valoir au moment de diffuser des contenus vidéo — même en les visionnant à l’extérieur. Veillez néanmoins à le régler dans sa résolution maximale (tant pis pour la batterie) pour profiter d’un affichage plus fin. On conseillera aussi de rester en Naturel pour la reproduction des couleurs, sauf si vous préférez les tons criards.

Sa dalle AMOLED de 6,4 pouces est prodigieuse

Le Galasy S10+ est compatible avec le HDR10+, format que veut imposer Samsung face au Dolby Vision sur le marché des téléviseurs. De toute évidence, ce n’est pas sur une petite taille d’écran que l’on se rendra compte de ses bienfaits. On y voit plutôt un buzzword pour prouver aux utilisateurs que le HDR10+ existe — et possède un vrai avenir (sachant que Netflix a choisi le Dolby Vision).

Paradoxalement, côté son, le S10+ s’affirme d’obédience Dolby Atmos, format audio que connaissent bien les férus de home cinéma. On se demande encore pourquoi les constructeurs de téléphones tentent de nous faire avaler cette pilule, le Dolby Atmos nécessitant des enceintes de bonne facture pour s’exprimer, ce qui n’existera jamais sur un smartphone. Mais le S10+ n’a pas besoin de ce sigle marketing pour convaincre sur son rendu sonore d’excellente facture — associant puissance et équilibre.

Sur l’écran, on regrette simplement qu’il soit parfois rogné et décalé à cause de ce fameux trou que l’on apprend à apprécier, sinon accepter. Par exemple, en regardant Netflix, vous remarquerez une bande noire plus large à gauche qu’à droite. Ladite bande noire apparaît aussi quand vous naviguez sur une page web en format paysage. Selon les applications, vous pouvez forcer un zoom, avec tout ce que cela implique en termes de perte d’image, en fonction du ratio de la source.

Cachez ce capteur que je ne saurais voir

Avec le Galaxy S10+, Samsung en termine — enfin — avec un capteur d’empreintes digitales physique logé au dos de l’appareil. Pour le meilleur, mais aussi pour le pire. Le meilleur, car le dos ne souffre plus de ce petit carré mal placé. Le pire puisque le remplaçant, intégré à l’écran et fonctionnant à ultrason, est tout sauf transparent. Réservé à une zone bien précise, il n’est ni fiable ni rapide. Parfois, il réclame plusieurs essais avant de daigner déverrouiller le téléphone.

On aurait aimé que le Galaxy S10+ ait son Face ID

À l’arrivée, on s’en remettra plutôt au mot de passe ou à la reconnaissance faciale en 2D. Si on ne lui confiera pas nos mots de passe en raison de son manque de sécurité (assumé par Samsung), elle a au moins le mérite de déverrouiller rapidement le S10+. Veillez tout de même à ne choisir qu’une seule méthode au risque de vous emmêler les pinceaux (exemple : croire que votre empreinte digitale n’est pas reconnue alors que votre visage a déjà déverrouillé le téléphone). On aurait aimé que le Galaxy S10+ ait son Face ID, technologie qui règle aujourd’hui tous les problèmes (sauf celui de l’encoche) et semble être la voie à suivre côté haut de gamme.

Conservateur, Samsung croit toujours au port jack, qu’il loge aux côtés du port USB-C dédié à la recharge. Au moins offre-t-il le choix, même si cela peut passer pour une posture, vu que Samsung accompagne sa gamme avec des écouteurs sans fil (les Galaxy Buds). Comme le Huawei Mate 20 Pro avant lui, le Galaxy S10+ se dote de la recharge sans-fil inversée permettant de remplir la batterie d’un autre appareil compatible avec la technologie à induction (elle fonctionne même avec un iPhone). Attention tout de même : la recharge inversée draine la batterie à vitesse grand v et de l’énergie est perdue dans la conversion à cause des limites de la charge à induction (70 % de la batterie du GS 10+ (soit 2 870 mAh grosso modo) utilisés pour remplir 40 % de la batterie d’un iPhone X (soit 1 086 mAh grosso modo)).

L’autonomie du Galaxy S10+ permet de tenir une journée pleine avec un usage intensif, potentiellement beaucoup plus avec une utilisation normale. Pour preuve, il nous restait encore 10 % de batterie après 8 heures de Netflix sans mode économique enclenché. Un sacré gage de performance sur ce critère très important.

Les progrès de l’interface

Livré avec Android Pie, le Galaxy S10+ entend surtout convaincre avec la surcouche made in Samsung, baptisée One UI. Et force est de reconnaître que la firme coréenne a fait de gros efforts pour rendre l’expérience très agréable. Une fois que l’on a passé quelques longues minutes dans les menus pour personnaliser l’interface et les interactions selon ses préférences (surtout si vous venez d’iOS, plus rigide mais ô combien plus évident), le S10+ se révèle à son meilleur. Bien sûr, One UI profite de la puissance embarquée dans les entrailles du téléphone pour être d’une fluidité agréable, même avec plusieurs applications en arrière-plan (attention à la chauffe).

De gros efforts pour rendre l’expérience très agréable

Pour en revenir à la personnalisation, il y a vraiment de quoi faire pour les motivés : mode sombre (on l’adore autant que celui de macOS), disposition de l’écran d’accueil (notamment la structure de la grille), volet latéral de raccourcis, filtre de lumière bleue, écran de verrouillage… Il y a tellement d’options que l’on voit mal comment le GS10 ne pourrait pas convaincre quiconque se penche dans l’interface quelques heures.

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Il n’y a finalement que dans les petits détails que One UI peut pêcher. Par exemple, pourquoi une page d’accueil ne se supprime pas automatiquement quand on a retiré toutes les applications qu’elle affichait ? Et comme toujours avec Samsung, il faudra aussi faire le tri dans les logiciels en doublon préinstallés, avec un lot d’applications supprimées des écrans d’accueil qui restent installées sur le système.

Et Bixby ? L’assistant vocal peine encore à convaincre. Surtout quand il doit cohabiter avec Google Assistant, beaucoup plus performant dans tout ce que peuvent accomplir ces logiciels contextuels. Au moins Bixby prête-t-il son nom à des routines qui permettent de déclencher automatiquement des actions sous certaines conditions. Ainsi, il est tout à fait envisageable de configurer le S10+ pour qu’il passe en mode avion quand on lance Netflix — tranquillité assurée.

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Le Pixel 3 règne encore

La photo est l’un des terrains de jeu les plus importants des constructeurs de smartphone depuis des années maintenant. Et si, à chaque fois, un nouveau smartphone semble parvenir à faire remonter le score DxO, il est plus rare qu’en pratique, le secteur soit bouleversé.

Qu’importe la multiplication des capteurs à l’arrière et à l’avant, les filtres et l’intelligence artificielle si à la mode, la recette du bon outil photographique tient à d’autres paramètres, qui relèvent tout autant de la maîtrise des couleurs, de la stabilisation que de l’adaptation aux goûts régionaux en matière de clichés — on pense aux options beauté qui font fureur en Asie mais déplaisent beaucoup aux Européens.

En pratique, l’appareil photo du Galaxy S10+ est d’excellente facture et la multiplicité de ses capteurs lui permet de gagner en polyvalence : le grand-angle principal de 12 mégapixels (26 mm, f/1.5 ou f/2.4, 1,4 µm) s’associe à un zoom x2 de 12 mégapixels (52 mm, f/2.4, 1 µm) et un ultra grand-angle de 16 mégapixels (12 mm, f/2.2, 1 µm). Et si ces formats permettent de limiter le traitement logiciel, difficile de dire que le GS10 détrône le roi des photophones, nommé Pixel 3. Nos confrères de FrAndroid le confirment : la photo est excellente, les modes sont bienvenus, mais il manque ce petit quelque chose qui fait que le Pixel 3 parvient toujours à faire une photo qui nous plaît. Dans toutes les conditions.

Cette partie du test étant fondamentale, nous avons décidé de faire un plus grand comparatif des photophones qui sera disponible dès la semaine prochaine.

Le verdict

Samsung n’a certainement pas manqué d’idées pour fêter les 10 ans de sa gamme Galaxy S. Le Galaxy S10+ est un excellent smartphone, qui devrait terminer sur le podium du segment Android en 2019. Mais il n’est pas LE smartphone anniversaire qui redéfinira le segment sur la durée. 

Si Samsung a soigné sa copie d’un point de vue logiciel, avec un One UI agréable et performant, le S10+ fait aussi un presque sans faute côté hardware. Presque parce qu’il reste des détails agaçants, comme ce capteur d’empreintes digitales sous l’écran qui aurait mérité des mois d’attention en plus — quand, pour ses 10 ans, l’iPhone s’était offert Face ID. Reste que sur le marché du smartphone Android, la barre est placée très haut : la réponse de Huawei est attendue au tournant.

Source : Numerama

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