Le Google Pixel 3 débarque enfin en France. Cet « iPhone de Google » n’a qu’une idée en tête : sublimer vos clichés. Suffisant pour en faire le fer-de-lance d’une génération ?

Trois générations. C’est ce qu’il aura fallu à Google pour gratifier la France de ses Pixel. Les smartphones qui ont fait rêver nos confrères américains pour leurs performances en photographie ont boudé l’Hexagone pour des raisons que Google explique uniquement par le marché. « Il fallait qu’on trouve des arrangements avec les opérateurs et les marchands français… on voulait faire cela bien », nous confie un responsable du produit, venu tout spécialement de Mountain View. Qu’il y ait d’autres raisons liées à l’approvisionnement, la maîtrise des chaînes et de la R&D (rappel : Google est plus ou moins propriétaire de la division smartphone de HTC), nous ne le saurons jamais vraiment.

Mais aujourd’hui, cela a moins d’importance : les Pixel 3 et Pixel 3 XL sont là. Nous avons pu tester le smartphone, dans sa taille réduite et en Pas rose (c’est sa couleur) en conditions réelles pendant une bonne semaine. Est-il à la hauteur de sa réputation ? Verdict.

Pixel 3 XL et Pixel 3 // Source : Numerama

Pixel 3 XL et Pixel 3

Source : Numerama

Design et prise en main

Et le Pixel 3 XL alors ? 

Difficile de conseiller le grand-frère du Pixel 3, qui reprend tous ses points forts, mais avec quelques points faibles. L’encoche à la Apple est vraiment mal intégrée, le masque logiciel est mal fait (il baisse la barre de notification…) et l’autonomie n’est pas meilleure. Le tout, dans un format égal avec l’iPhone XS Max, ce qui est plutôt gros. 

La première impression n’est pas toujours la bonne, mais pourtant, Google confirme qu’il sait bien recruter en matière de designer. En quelques années, la ligne Google, très loin de ce que propose Apple, a su s’imposer par une maîtrise des matériaux et des formes. Ivy Ross, vice-présidente design produit chez Google et cheffe d’orchestre de la division hardware a su donner du style à Google. Et quand on voit les premiers Chromecast, il y avait fort à faire pour trouver une cohérence.

Le Pixel 3 est un exemple de design industriel réussi. Il ne souhaite pas en faire trop, nous épargnant tous les gadgets des constructeurs chinois, mais présente des finitions minutieuses et un design épuré dans un corps qui a sa griffe.

Le dos, entièrement en verre, a reçu un double traitement mat et brillant qui répond par une problématique de style à une problématique utilisateur (éviter les traces de doigt, qui ne prennent pas sur la partie matte). Bref, du design bien fait qui saura ravir amatrices et amateurs de produits qu’on aime manipuler. Le petit format du Pixel 3 est d’ailleurs excellent, la prise en main nous ravit, l’écran de 5,5 pouces dans un smartphone qui pèse 148 grammes nous fait relativiser les 177 grammes de l’iPhone XS et une batterie suffisamment robuste pour une journée complète d’autonomie.

Au dos, le Pixel arbore un unique capteur de 12 mpx (nous y reviendrons) et le capteur d’empreinte digitale. Il est très bien placé et, un comble, nous a fait prendre un réflexe trop rapidement : nous nous sommes pris à tenter de déverrouiller un iPhone XS avec le doigt. À l’avant, Google a choisi de positionner deux capteurs qui permettent de faire (notamment) des selfies de groupe. Encore une fois, un choix technique qui répond à une véritable problématique : a-t-on besoin de 2, 3, 4, 5 capteurs à l’arrière ? Google dit non, et prétend assurer la performance grâce au logiciel. En revanche, à l’avant, l’ère selfie justifie deux focales. Le grand-angle correspond à un besoin réel.

Sur les côtés, on retrouve des boutons et ports très traditionnels sur ce segment : carte nano-SIM dans un tiroir, volume, bouton on/off et port USB-C. Pas de jack, pas de double SIM. Ce dernier point est un poil dommage, d’autant qu’Apple s’y est mis cette année en proposant un duo SIM / eSIM. Côté accessoires en revanche, Google sait y faire : on trouve en vrac un adaptateur USB-C vers USB-A, un adaptateur USB-C vers jack, des écouteurs de plutôt bonne qualité, un chargeur charge rapide et un câble pour connecter tout ça.

No notch phone, no fee phone // Source : Numerama

No notch phone

Source : Numerama

Enfin, ajoutons que Google a bien entendu mis du NFC sur son smartphone, même si Android Pay n’arrive qu’à tâtons, et que le Pixel 3 est IP 68. Cela signifie qu’il est « totalement protégé contre les poussières » et qu’il a été certifié submersible au-delà d’un mètre de profondeur.

Android pur, work in progress

Nous avons beaucoup discuté de l’usage d’Android dans sa version pur avec nos confrères de FrAndroid, spécialistes francophones du sujet. Et il faut reconnaître d’emblée les choses : Android dans sa version pure a ses qualités de ses défauts. C’est un système d’exploitation qui tourne à une vitesse ahurissante, qui réagit au quart de tour et qui a su se renouveler année après année, à mesure que le marché du smartphone s’est développé. En revanche, et cela pourrait être une stratégie de Google (qui a, contrairement à Apple, des dizaines de partenaires matériel), Android pur manque des petites attentions qui font qu’on peut tant aimer utiliser iOS.

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Android pur

Dans sa version 9, le système d’exploitation de Google propose évidemment la totalité des actions de base d’un système d’exploitation mobile moderne. On peut utiliser la suite Google dans les meilleures conditions, parfaitement intégrée au système et à ses modules de partage. On adore aussi la manière dont Google a intégré son Assistant un peu partout dans le système, que ce soit pour une recherche sur une page, une sélection d’actualités ou de fonctions sur l’écran de gauche… Et bien entendu, directement déclenché quand on presse le smartphone dans la main. Il prévoit nos trajets, nous informe de la batterie restante, regarde la météo à notre place, nous suggère des actions liées à l’Agenda : tout ce qu’un assistant « intelligent » doit faire en 2018.

C’est bien simple : tout, chez Google, tourne autour de l’offre logicielle maison, qui a souvent besoin d’une connexion à Internet pour montrer tout son potentiel. Assistant en est un exemple, Lens, la fonction de reconnaissance des objets par la caméra en est un autre. On apprécie d’autant plus que le système sait s’organiser sans avoir trop besoin des applications sur les écrans : les notifications, très bien pensées, permettent de voir en un clin d’œil ce qui a besoin de notre attention. Elles sont paramétrables à souhait et donnent à l’usage d’Android une fluidité bienvenue. À l’image d’un Spotlight d’Apple, la barre de recherche Google qu’on peut afficher en widget est particulièrement efficace et agréable à utiliser, permettant une recherche sur Google, quelques opérations et calculs et une recherche dans les apps.

Dès lors, avec un système aussi fluide et aussi bien rangé, on ne peut que regretter les quelques incohérences qui pointent le bout de leur nez au quotidien. Trouver les paramètres d’une application est un parcours du combattant. Exemple tout simple avec l’application qui gère le Stand de recharge : si on recherche son nom dans les réglages, on va trouver l’application, mais rien pour la configurer. Il faudra poser le smartphone sur le stand, le verrouiller et toucher l’écran une fois pour voir un petit cadenas apparaître en haut à droite et changer les réglages. La centralisation d’iOS nous manque.

Même remarque côté messagerie. Sur un iPhone, c’est bien simple : Messages permet d’envoyer des iMessage, des SMS et des MMS, le tout de manière chiffré quand c’est possible, avec une logique d’extensions qui permet d’ajouter des tas de fonctionnalités et en toute transparence pour l’utilisateur… qui peut d’ailleurs l’utiliser sur tous ses appareils iOS ou macOS. Sur Android, les utilisateurs paient le prix des errances de Google qui n’a jamais su imposer une messagerie. Android Messages est un gestionnaire de SMS qui peut se retrouver sur un navigateur web… et pas grand-chose de plus.

Barre de recherche

Barre de recherche

Dès lors, on en vient à passer d’une app à l’autre : Signal pour les conversations chiffrées, Android Messages pour les SMS, Facebook Messenger pour la vidéo, WhatsApp pour les conversations de groupe… pénible, pénible. En parlant de converser, n’évoquons même pas la gestion du son à plusieurs niveaux qui fait qu’un smartphone en mode silencieux continuera à faire du bruit si le paramètre multimédia n’a pas été touché.

Ces petits défauts qui, mine de rien, changent beaucoup de chose au quotidien ne sont pas non plus nombreux  : on reconnaît à Google un gros progrès depuis les premières versions de l’OS, notamment en termes d’harmonisation de l’interface. Contrairement aux versions proposées par les constructeurs qui manquent presque toutes de cohérence ou d’élégance, Android en version pur est un système qui a du goût. Les polices sont bien choisies, les icônes ont un style unique et tout est pensé pour que la suite Google remplisse bien des tâches. Par exemple, c’est le gestionnaire de mot de passe de Chrome qui va renseigner les champs des applications Android. Parfait pour qui souhaiterait passer d’iOS à Android en somme.

Adieu, démarcheur d'opérateur

Adieu, démarcheur d’opérateur

Alors oui, on comprend Google : politiquement, il doit proposer une souche saine pour Android et laisser ses partenaires construire leur différence. Sauf que la différence touche parfois des éléments au cœur de l’expérience utilisateur. Et quand les constructeurs s’en chargent, ce n’est pas souvent réussi. On se retrouve donc avec la satisfaction d’un OS fascinant, rapide, polyvalent et élégant et la frustration d’avoir entre les mains quelque chose de volontairement coupé.

Une dualité sentimentale qui s’oublie en quelques secondes quand on laisse le Pixel 3 s’exprimer sur son sujet : la photo.

PUBG Mobile

PUBG Mobile

La photo : le grand point fort

N’y allons pas par quatre chemins : la presse américaine ne s’est pas emballée sur deux générations de Pixel pour rien. On pourrait même aller plus loin et dire que le smartphone de Google est un appareil photo avec des fonctionnalités smartphone. Et ce qu’il accomplit est une preuve de la domination de Mountain View sur le logiciel, le machine learning et le traitement d’image automatisé. Parce que sur le papier le Google Pixel n’est pas suréquipé : au dos, on trouve un capteur classique de 12 mpx. À l’avant, on trouve deux capteurs de 8 mpx, un classique et un grand-angle.

Tout le travail des ingénieurs de Mountain View se fait sur le logiciel. Les améliorations apportées aux photos ne se voient pas directement à l’écran, mais sont appliquées en post-prod automatique dans Google Photos, qui sait reconnaître des clichés pris au Pixel. Tout se fait en un clin d’œil et les techniques déployées sont impressionnantes.

Des zooms logiciels incomparable

Par exemple, pour faire un zoom numérique, Google ne va pas simplement recadrer une image : l’objectif va bouger en permanence autour du sujet, en s’appuyant sur les mouvements naturels de l’humain qui porte le smartphone ou en créant lui-même un mouvement, et prendre autant de photos qu’il faut pour reconstituer une image nette et précise. Cela donne des zooms logiciels incomparables avec ce qu’on trouve chez la concurrence.

Cette technique permet aussi à Google de créer de la profondeur de champ sans avoir 2 niveaux de zoom à disposition : le capteur va faire la mise au point au premier plan et en arrière-plan, avec autant de plans entre les deux, et va interpréter ces données pour comprendre la distance qui sépare les objets afin de les détourer. Tout peut d’ailleurs être fait a posteriori : Google garde chaque épreuve de ses opérations. On se retrouve avec un mode portrait logiciel qu’on a du mal à tromper — Louise Audry, notre JRI, blonde bouclée, est la seule qui a perdu le Pixel sur un fond clair.  Cette technique permet au Pixel de détourer aussi bien des visages — plusieurs par cliché — que des objets ou des animaux.

À droite le Pixel a très mal détouré les cheveux... // Source : Numerama

À droite le Pixel a très mal détouré les cheveux...

Source : Numerama
... alors que l'iPhone XS a choisi de ne pas traiter cette complexité, arrivant à un cliché bien meilleur // Source : Numerama

... alors que l'iPhone XS a choisi de ne pas traiter cette complexité, arrivant à un cliché bien meilleur

Source : Numerama

En clair, le Pixel 3 fait ce que tous les constructeurs Android prétendent faire depuis 2 ans : un traitement logiciel par intelligence artificielle élégant. Mais là où l’industrie se trompe en essayant de flatter l’œil avec des artifices, beautify et autres effets kitsch à souhait, Google n’a qu’un mètre étalon : les clichés réussis. Et si le goût est une affaire personnelle, la technique peut s’apprendre… et donc se transmettre à une machine.

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Le verdict

Le Google Pixel 3 est un excellent smartphone qui n’est pas exempt de défaut — tous ou presque ont été cités dans ce test. Mais même avec tous ces soucis, la notation en emoji choisie sur Numerama ne peut que lui attribuer un grand sourire de joie : le smartphone répond en effet bien au-dessus des exigences du moment avec une excellence qu’on retrouve peu chez la concurrence. 

Les capacités en photo de cet ordinateur de poche nous font oublier toutes les imperfections d’Android, le manque de soin apporté à certaines applications tierces sur la plateforme et les défauts liés à la politique commerciale de Google. Au fond, le Pixel 3 est un smartphone de plaisir : on n’imagine pas l’utiliser comme un outil de travail, mais c’est un compagnon du quotidien qui saura répondre présent en toute situation. Avec élégance, perfectionnisme et justesse. 

 

Source : Numerama

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